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ES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS

DÉRIVÉS DE L'ARABE

R. D o z y

de Charles III d'Espagne, correspondant de> lliistiiut de Fr;. l-Académie d'histoire de Madrid, associé étranger de la soc. a.iat. de Paris, professeur d'histoire fe l'Université de Leyde, etc.

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SECONDE ÉDITION

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LEYDL, J. BRÎLL

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1869.

GLOSSAIRE

DES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS

DÉRIVÉS DE L'ARABE

GLOSSAIRE

DES MOTS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS

DÉRIVÉS DE L'ARABE

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R. D O Z Y

Commandeur de l'ordre de Charles III d'Espagne, correspondanl de l'Institut de France et de

l'Académie d'histoire de Madrid, associé étranger de la soc. asiat. de Paris, professeur

d'histoire k l'Université de Leyde, etc.

ET

LE Dr. W. Hf ENGELMANN

SECONDE ÉDITION

lEVUE ET TRÈS-COrVSIOÉRABLEMENT AV6MEIVTÉE

YDE, E. J. BRILL

Imprlmt-iir df l'Universilo

186 9.

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P R Ë F A C E

LA SECONDE ÉDITION.

La première édition de ce Glossaire , publiée par M. Engelmami seul en 1861 , a été accueillie par le public lettré, non-seulement avec cette indulgence à la- quelle le jeune auteur avait des droits incontestables, mais avec une grande faveur. Un linguiste très-distingué , M. Mahn i , a déclaré que c'était un tra- vail excellent; un savant orientaliste, M. Gosche^, en a parlé dans les termes les plus honorables, et deux juges dont la haute compétence ne sera contestée par personne, M. Miiller (de Munich) et M. Defrémery, lui ont consacré des articles étendus , le premier dans le Bulletin des séances de l'Académie de Munich 3, le second dans le Journal asiatique*. Selon M. Defrémery, c'est le premier exemple d'un recueil critique de mots arabes adoptés par une ou plu- sieurs langues européennes , les essais du même genre qui avaient été tentés auparavant laissant beaucoup à désirer. Il trouve que M. Engelmann est un homme versé dans l'étude critique des langues, nullement disposé à se laisser égarer par de fausses lueurs , et ce qui lui semble particulièrement digne d'élo- ges, c'est cette partie de l'introduction qui traite des altérations que l'écriture

1) Etymologitche Untersuchungen auf dem Gebiete der romanischen Sprachen^ p. 143.

2) Dans le supplément au XX'' volume du Journal de la société asiatique de TAlIe- inagne, Wissenscha/tlicher Jahreshericht ûher die tnorgenldndischen Studien ^ 1859 bis 1861, p. 248.

3) Sitzungsberichte der honigl. bayer. Akademie der Wissenscha/ten , année 1861, t. II, p. 95—115.

4) Année 1862, t. I , p. 82 90.

VI

ou la prononciation ont introduites dans les mots arabes adoptés par les Espa- gnols et les Portugais. De son côté M. Miiller s'exprime en ces termes; «L'au- teur s'est placé au seul point de vue véritable, celui de l'étude comparée des langues , qui est un produit des temps modernes , qui interroge l'histoire , et qui s'applique avant tout à établir des lois certaines. Il possède une connais- sance étendue de la langue arabe, surtout de celle des époques plus rappro- chées de nous, et plus particulièrement encore de lïdiome que parlaient les Maures de la péninsule ibérique , de sorte que ses résultats , pris en gros , ne pourront être qu'approuvés parles connaisseurs.»

Ce qui prouve d'ailleurs que cet ouvrage a été fort goûté du public, c'est qu'en peu d'années une nouvelle édition en est devenue nécessaire. Malheureusement M. Engelmann n'était pas à même de la donner. Etant entré au service de la société biblique néerlandaise vers l'époque il publia son glossaire, il a étudier le sanscrit et les langues de l'Archipel indien, après quoi il a été en- voyé par cette société à Java afin d'y composer une grammaire et un diction- naire de la langue sonde. Ces nouvelles études l'ont arraché à celle de l'arabe , et comme il était persuadé qu'une nouvelle édition de son Glossaire ne devait pas être une simple réimpression de la première, augmentée seulement des remarques présentées par MM. Defrémery et Miiller , il répondit à l'éditeur , M. Brill, qui lui avait écrit à ce sujet, qu'il lui était impossible d'accéder à sa proposition , d'abord parce qu'il était devenu trop étranger à ce genre d'études , ensuite parce qu'à Bandong, il se trouvait et il se trouve encore, il manquait des livres nécessaires pour remplir convenablement sa tâche. Alors M. Brill s'adressa à moi pour me demander si je voulais me charger de cette seconde édition. Je n'hésitai pas à y consentir, pourvu toutefois que M, En- gelmann agréât ce dessein, car quoique j'eusse été tout^à-fait étranger à la première édition de l'ouvrage de mon ancien disciple, je l'avais étudié avec soin et j'avais annoté pendant plusieurs années mon exemplaire interfolié. L'appro- bation de M. Engelmann ne se fit pas attendre, et il me donna carte blanche en m'autorisant à introduire dans son livre tous les changements et toutes les additions que je jugerais convenables.

La tâche que j'avais acceptée était cependant bien plus lourde que je ne l'avais soupçonné , et les notes que j'avais écrites ne suffisaient nullement pour l'ac- complir. Le Glossaire était incomplet, je le savais, mais j'ignorais à quel de- gré il Tétait; c'est pendant le cours de mon travail que ce défaut m'est apparu

vil

dans toute sa gravité. Il est moins sensible dans la lettre A , parce que l'ori- gine arabe des mots qui commencent par elle , surtout si la première syllabe est l'article arabe al, est aisément reconnaissable ; aussi n'ai-je pas même eu besoin d'augmenter de moitié le nombre des articles de l'A*. Mais le reste était à peine ébauché, et dans cette partie j'ai ajouter 325 articles aux 171 qu'elle contenait. Même avec ces additions très-considérables , je n'ose pas affirmer que cette édition soit complète. J'ai fait ce que j'ai pu: pour l'espagnol , j'ai parcouru d'un bout à l'autre un dictionnaire ancien , celui de Victor , et un dic- tionnaire moderne, celui de Nunez de Taboada; de même, pour le portugais, le glossaire de S^». Rosa et le dictionnaire de Vieyra; en outre mes lectures m'ont fourni un assez grand nombre de mots qui appartiennent en propre à l'ancien espagnol , à la basse latinité de la péninsule ibérique et aux dialectes (M. Engelmann avait aussi admis tous ceux qu'il connaissait et ce sont précisé- ment ceux-là qu'on a le plus besoin de trouver dans un ouvrage de cette natu- re); enfin M. Simonet, professeur d'arabe à Grenade, a eu la bonté de m'indi- quer quelques termes qui sont encore en usage en Andalousie , mais qui man- quent dans les dictionnaires , et M. Lafuente y Alcântara m'a communiqué une liste de termes de charpenterie qui se trouvent dans la Carpinteria de lo hlanco y tratado de Aîarifes , par Diego Lopez Arenas , ouvrage dont il a paru deux éditions (Séville , 1633 et 1727) , mais qui est devenu extrêmement rare Ma- drid on n'en connaît que deux exemplaires) et que M. Mariategui fait réimpri- mer en ce moment. Je n'ai donc rien négligé pour rendre cette édition aussi complète que possible, et cependant je crains de ne pas y avoir réussi. Lire des dictionnaires depuis le commencement jusqu'à la fin et tâcher de se rendre compte de l'origine de tous les mots, est un travail extrêmement pénible et rebutant. Quelques termes vous échappent, malgré l'attention que vous y met- tez. J'espère toutefois que ceux que j'aurais admettre seront peu nombreux'^.

1) H. Engelmann a 427 articles sous l'A; les miens sont au nombre de 234.

2) Je dois prier le lecteur de consulter l'index chaque fois qu'il cherche un mot dans cet ouvrage et qu'il ne le trouve pas. Comme beaucoup de mots espagnols et portugais existent »ous plusieurs formes différentes , j'ai ordinairement réuni toutes ces formes dans un seul article, et c'est l'index qui est destiné à remplacer les renvois, dont j'ai été très-sobre. Celte remar(|ue me paraît d'autant plus nécessaire , que M. Millier a ((uelquefois reproché à M. Engelmann d'avoir omis ua mol qnc ce dernier avait donné sous une autre lonnc.

VIII

Il y en a aussi que j'ai omis à dessein; ce sont ceux qui n'ont jamais eu droit de cité: ceux qui appartiennent exclusivement au dialecte espagnol corrompu et mêlé d'arabe dont se servaient les Mauresques, et qui ont été rassemblés par M. de Gayangos*; ceux qui ne se trouvent que chez des voyageurs en Orient, dans des traductions d'ouvrages arabes, etc.

Si les articles nouveaux, presque le double de ceux de la première édition, sont nombreux, les additions que j'ai faites aux anciens articles le sont bien plus encore. Elles servent soit à confirmer les étymologies proposées par mon de- vancier, soit à compléter ses renseignements, soit enfin à réfuter ses opinions. Par suite de ces additions de différente nature , la seconde édition d'un opuscule qui, dans la première, n'avait que 137 pages, est devenue un gros volume qui en a presque 400 beaucoup plus compactes. C'est donc moi qui suis responsa- ble de plus de trois quarts de ce livre , et afin de distinguer ma propriété de celle de M. Engelmann, j'ai ajouté un astérisque à mes additions; quand j'ai inter- calé ces dernières dans le texte même de M. Engelmann, j'ai pris soin de les mettre entre des crocliets accompagnés de l'astérisque. Les personnes qui com- pareront la seconde édition avec la première , verront que j'ai changé tacitement plusieurs choses qui n'étaient pas d'une grande importance. Je n'ai pas à m'en excuser, M. Engelmann m' ayant laissé toute latitude à cet égard. Il en est de même pour ce qui concerne certaines suppressions et additions; Je crains même de n'être pas allé assez loin quant aux premières , M. Engelmann ayant voulu que je supprimasse toutes les étymologies qui me paraîtraient absolument man- quées. Je l'aurais fait s'il s'était agi d'un ouvrage manuscrit; mais j'avais affaire à un livre imprimé et par conséquent à des étymologies connues du public et ayant parfois une apparence de vérité. Je croyais mieux faire de les réfuter que de les supprimer. J'ai donc usé avec réserve de la liberté que j'avais.

Quant aux termes auxquels on avait attribué à tort une origine arabe et que M. Engelmann avait admis seulement pour réfuter les étymologies accréditées, je les ai réunis dans un appendice et j'y ai joint ceux que MM. Engelmann, Miiller et Defrémery ont considérés mal à propos comme arabes.

Pour faciliter les recherches, je dois avertir que, dans l'ordre des articles,

l) Dans le Memor. hist. esp. , t. V, p. 427 et suiv. Pour être conséquent à ce principe, j'ai supprimer les articles avidaque et gùadoch qui se trouvaient dans la première édi- tion de ce livre.

je suis resté fidèle à l'orthographe moderne. Ainsi j'ai écrit constamment c de- vant e et i, et s devant a, o, u, môme quand il s'agissait de termes qui ne se trouvent que chez des auteurs anciens, lesquels écrivaient z devant e et i , et ç devant a, o , u. Seulement j'ai adopté une orthographe plus ancienne pour ce qui concerne le y espagnol, car je l'ai rendu par x il représente le chîn arabe.

J'ose espérer que ce livre sera de quelque utilité pour les travaux lexico- graphiques. On y trouvera plusieurs termes espagnols et bas-latins qui ne sont pas dans les dictionnaires; mais il pourra servir surtout à compléter les lexi- ques arabes , car la plupart des mots qui ont passé dans l'espagnol et le portu- gais y manquent. C'est justement ce qui constitue la difficulté, mais aussi l'attrait et l'importance de ces études étymologiques.

R. DOZY.

PREFACE

LA PREMIÈRE EDITION.

■Quelque considérables que soient les progrès que l'étymologie des langues romanes a faits dans ces derniers temps, il est cependant incontestable que, pour ce qui concerne la dérivation des mots espagnols, il reste encore beau- coup de problèmes à résoudre. Outre les mots d'origine latine, qui offrent de nombreuses difficultés , il y a dans cette langue des mots empruntés au basque et à l'arabe. Quant aux premiers , nous ne sommes guère plus avancés qu'on ne l'était du temps de Larramendi, et il serait à désirer qu'un philologue pro- fondément versé dans cette langue si peu accessible, nous éclaircît sur l'in- fluence qu'elle a exercée sur l'espagnol. Les mots arabes, au contraire, ont été plusieurs fois l'objet de travaux plus ou moins étendus. Malheureusement ce sont des écrits sans méthode, et leurs auteurs n'ont étudié ni le dialecte vulgaire ni les auteurs arabes de l'Espagne, ce qui revient à dire qu'ils ont négligé les sources principales ils auraient puiser.

Occupé depuis quelque temps à préparer une nouvelle édition du Vocdbulista ar-avigo de Pedro de Alcala*, j'ai cru ne pas faire un travail inutile si je pro-

1) * Cet excellent livre est devenu très-rare et très-cher; hors d'Espagne on n'en trouve presque pas d'exemplaires complets, même dans de grandes bibliothèques publiques; en outre il est d'un usage difficile, d'abord parce qu'il a l'espagnol avant l'arabe, ensuite parce que les mots arabes y sont écrits , non pas avec les caractères propres à cette lan- gue, mais en caractères gothiques, de sorte qu'on a souvent bien de la peine ù en fixer

XI

fitais des matériaux que j'ai rassemblés pour composer un nouveau glossaire des mots espagnols dérivés de l'arabe , et j'ai pensé qu'un tel glossaire pourrait servir d'appendice au dictionnaire étymologique de M. Diez.

Avant tout je me suis efforcé de mettre en système les changements qu'on a fait subir aux mots arabes pour les adapter à la prononciation espagnole , chose absolument nécessaire et sans laquelle l'étymologie, au lieu d'être une science sérieuse, n'est qu'un jeu puéril. Puis j'ai pris pour règle de ne pro- poser aucune étymologie sans avoir démontré que le mot arabe dont il s'agissait était employé dans la même acception que son dérivé espagnol. Quand cela était impossible, j'ai cherché à constater le sens primitif du mot, et à indiquer les causes qui lui ont fait donner une signification différente. Pour ce qui concerne les termes techniques, j'ai eu recours à des livres arabes, tant im- primés que manuscrits, qui traitent de l'astronomie, de la botanique, etc.; seulement, comme je ne connais aucun auteur arabe qui ait écrit sur l'archi- tecture, l'étymologie et quelquefois même la signification de plusieurs termes qui se rapportent à cet art, me sont restées obscures.

Parfois j'ai donné une place à des mots sur l'origine desquels je n'avais pas une opinion bien arrêtée, mais que je présumais être arabes. Je l'ai fait parce que je voulais appeler sur eux l'attention d'autres orientalistes. Quant aux mots qu'on avait à tort dérivés de l'arabe , leur nombre étant trop grand pour les traiter tous, il me fallait faire un choix. Je me suis donc borné à réfuter

la véritable orthographe. Pour toutes ces raisons j'avais engagé M. Engelmann à le ré- imprimer (projet qu'autrefois j'avais formé moi-même) » et je lui avais conseillé de placer l'arabe, en caractères arabes, avant l'espagnol, de ranger les mots selon l'ordre de leurs racines, et de justifier ses transcriptions, s'il en était besoin, par des passages tirés des auteurs arabes-espagnols. Â l'époque il allait partir pour Java , il avait jusqu'à un certain point achevé ce travail; mais par un excès de modestie et parce que plusieurs termes lui étaient restés obscurs, il le condamna à l'oubli. Alors j'ai cru devoir repren- dre moi-même cette tâche. J'en avais fait, il y a bien longtemps, environ la troisième partie, et je l'ai terminée il y a trois ans ; mais au lieu de me borner ù donner une nouvelle édition d'Alcala , je crois mieux faire de publier toutes mes notes Icxicographi- ques, qui formeront un supplément aux dictionnaires arabes et qui concerneront principa- lement le dialecte de l'Espagne et celui du Nord de l'Afrique. Je ne puis pas encore préciser l'époque ce travail verra le jour, car il me reste plusieurs livres à dépouil- ler; mais j'y consacre tout le temps que j'ai à ma disposition.

XII

les étymologies accréditées, et j'ai laissé de côté celles qui ne méritent pas d'être prises au sérieux.

Peut-être quelques mots arabes ont échappé à mon attention. C'était presque inévitable , quoique j'aie parcouru tout le Dictionnaire espagnol et que je me sois rendu compte de l'étymologie de tous les mots dont l'origine latine n'était pas évidente.

W. H. EN6ELIIIANN.

INTRODUCTION,

Le long séjour des Arabes dans la péninsule ibérique a exercé une grande influence sur les mœurs, les coutumes, et même sur le langage des naturels. Les centaines de mots arabes qu'on trouve dans l'espa- gnol sont autant de traces de la conquête, traces ineffaçables et qui subsistent encore à présent que les derniers débris des Mauresques ont depuis longtemps repassé le détroit de Gibraltar. L'étude de ces mots offre un intérêt particulier. Si nous n'avions aucun autre document pour l'histoire de l'Espagne arabe, ils nous mettraient en état de nous former quelque idée sur les rapports qui existaient entre les deux peu- ples. Les noms des impôts, les alcahalas et les garramas , les almoxa- rifes qui les percevaient, les alcaldes et les alguaciles qui exerçaient la juridiction ou la police, les noms des poids et des mesures, les almo- tacenes qui en avaient la surintendance tout cela montre assez claire- ment, lequel des deux était la race dominante. D'un autre côté, le grand nombre de termes de botanique, de chimie, d'astronomie, d'arts et métiers, que les Espagnols ont empruntés aux Arabes, prouvent in- contestablement que la civilisation de ces derniers était plus avancée. Il en est toujours ainsi: les conquérants imposent leur langue aux peu- ples vaincus quand ils sont plus civilisés qu'eux, tandis que, lorsqu'ils le sont moins, ils adoptent celle de la race soumise. Les Espagnols romanisés ont fait oublier aux Golbs, leurs maîtres, le langage de leurs aïeux. Les Romains, au contraire, ont propagé le latin dans tous les pays barbares pénétraient leurs légions. De même qu'eux, les Ara- bes avaient la supériorité, non-seulement sur les champs de bataille, mais encore dans les arts et les sciences. C'est pour celte raison que

leur idiome a laissé des traces dans l'espagnol, tandis que le nombre des mots espagnols qui ont passé dans Tarabe est presque nul *.

Toutefois il ne faut pas exagérer Tinfluence de l'arabe sur l'espagnol. Ni la grammaire , ni la prononciation ne s'en sont ressenties. Le génie de ces deux langues était trop dilférent pour que l'une exerçât sur l'au- tre une action tendant à la modifier. Il faut donc considérer comme de vaines imaginations «l'intonation arabe» et «les teintes mauresques» de l'espagnol, dont quelques-uns ont parlé. Le vocabulaire seul a été enrichi de mots arabes. Sauf quelques rares exceptions , ce sont tous des termes concrets, que les Espagnols ont reçus avec les choses qu'ils désignaient. De ces substantifs se sont formés des verbes, et de ces verbes de nouveaux substantifs, mais tout cela s'est fait suivant les règles de la langue espagnole. C'est donc bien à tort qu'on a voulu quelquefois dériver des verbes espagnols directement de l'arabe *.

1) * Cette assertion doit être modifiée: le nombre de termes espagnols qui ont passé dans Tarabe et que j*ai notés, n'est guère moins considérable que celui des mots espa- gnols, dérivés de l'arabe, que contenait la première édition de ce Glossaire. Il est vrai qu'on n'en trouve pas beaucoup chez les historiens et les voyageurs arabes-espagnols; mais ils sont assez fréquents chez les botanistes. En effet, il était fort naturel que les Arabes d'Espagne adoptassent, pour désigner des plantes qui ne viennent pas en Orient, les noms par lesquels les Espagnols les indiquaient. La même observation s'applique aux noms de quelques animaux. Puis, au fur et à mesure que les Espagnols recouvraient le terrain perdu et faisaient des progrès dans la civilisation, leurs termes s'introduisaient de plus en plus dans l'aiabe, et parmi les Mauresques de Grenade, qui vivaient sous la domination chrétienne, ils étaient nombreux, comme on peut le voir, p. e. , dans Pedro de Alcala. Ils le sont encore aujourd'hui dans le dialecte du Maroc et dans celui de Tunis, par suite de l'émigration forcée des Mauresques. «Les chapeliers de Tunis,» dit M. de Flaux [La régence de Tunis, p. 45), «sont presque tous descendants des Maures d'Andalousie; leurs outils portent encore des noms espagnols.» Peut-être même quelques- uns de ces mots ont-ils passé dans l'arabe à une époque assez reculée. La circonstance qu'on ne les trouve pas chez les auteurs arabes ne prouve pas qu'ils n'étaient pas en usage chez le peuple arabe, car en général ces auteurs aimaient trop la pureté de lan- gage pour ne pas répudier des termes étrangers. Cependant ils se trouvent même chei eux plus souvent qu'on ne le pense ordinairement; mais les éditeurs et les traducteurs ne les ont pas toujours reconnus.

2) * La règle établie en cet endroit par M. E. me semble excellente; seulement je crois qu'elle souffre un très-petit nombre d'exceptions. A mon avis acicalar, ahorrar \épar-

A mesure que les descendanls des Gotlis, reprenant possession de l'héritage de leurs ancélres, refoulaient les Arabes, leur langue se dé- gageait des alluvions étrangères, de sorte qu'en comparaison des an- ciennes chroniques et des chartes Ton rencontre à chaque pas des mots arabes, le castillan moderne n'en contient qu'un petit nombre.

Les premiers essais pour éclaircir cette partie des origines de la lan- gue espagnole ont été lenlés par des religieux qui étaient interprèles du tribunal de l'inquisition à Grenade pour la langue arabe. L'un d'eux, le P. Francisco Lopez Tamarid, de Grenade, a composé un Die- cionario de los vocablos que tomô de los Arabes la lengua Espahola *. Un autre, le P. Francisco de Guadix, a écrit un livre sur le même sujet ^.

Je ne connais les ouvrages de ces deux auteurs que par les extrait* qu'en donne Cobarruvias dans son Tesoro de la lengua Castellana (Ma- drid, 1611). A en juger par ces extraits, les révérends Pères savaient parfaitement l'arabe vulgaire, mais voilà tout. Ils ne se sont pas rendu compte des changements que le génie de la langue espagnole a fait subir aux mots arabes, et l'idée ne leur est pas venue de les exposer d'une manière syslémalique. De des conjectures hasardées au lieu d'éty- mologies.

En outre Cobarruvias a consulté Diego de Urrea , interprèle du roi Philippe IIL Cet éminent connaisseur de la langue arabe mérile ajuste titre la confiance que lui a accordée le lexicographe espagnol ^. 11 donne quelquefois des renseignements précieux sur des mots arabes

t;ner), ali/ar[?) et tamar viennent directement de verbes arabes. Les Mauresques , quand ils écrivaient eu espagnol, formaient assez souvent des verbes de «etto manière : mesar

ou rnessar de ij*s>« , adhelar de v«jl\x , adissar de iy*0, etc.

1) Voyez >'ic. Antonio, Bill. JJisp.y l, 334 éd. de Rome.

2) Ibid.f I, 329. [* !Sic. Antonio avoue qu'il ne connaît pas le titre de cet ouvrajje].

3) «Yo doy mucho credito â Urrea, porque sabc la lengua majistralmente. » Tesoro y liil. 29 v^.

qu'on chercherait en vain dans les dictionnaires. Malheureusement i! a parfois cédé à la tentation de donner des explications plutôt ingénieuses que vraies. Dans la suite j'aurai souvent l'occasion de citer ou de ré- futer ses étymologies.

Au commencement de ce siècle, Martinez Marina a donné, dans le IV^ volume des Memorias de la real Academia de la hisloria, un Catà- logo de algunas voces Castellanas, puramente aràbigas, ô derivadas de la lengiia griega , y de las idiomas orientales, pero introducidas en Espaha par las Arabes. Ce travail laisse beaucoup à désirer sous divers égards. On y trouve des centaines de mots dont l'origine romane saute aux yeux*, et qui pis est, les mots prétendus arabes, dont Marina les dérive, ne le sont nullement ^ Pour cette raison il y a plus de mille articles à biffer de son glossaire. Néanmoins on ne saurait lui dénier tout mérite. Parfois il donne des mots espagnols qui manquent dans les dictionnaires, et les passages des anciennes chartes qu'il cite met- tent le lecteur en état d'en établir la signification.

L'ouvrage le plus récent que j'aie pu consulter est celui de M. Ham- mer. Dans le Bulletin des Séances de l'académie de Vienne, de l'année 1854, ce savant a donné un «catalogue complétai des mots espagnols qui sont d'origine arabe, en se proposant de corriger et de compléter celui de Marina. Il est vrai qu'il en a retranché plusieurs absurdités; mais il en a enlevé aussi des parties parfaitement saines, et d'un autre côté, il a laissé subsister et a même confirmé des erreurs palpables. Quant aux additions, le lecteur sera bientôt à même d'en juger. Cet opuscule n'a pas la moindre valeur, et je pourrais m'épargner la peine d'en donner ici une critique détaillée. De plus, en communiquant les résultats fâcheux que j'ai obtenus en l'examinant, je risque de me voir accusé de la malicieuse envie de jeter des pierres sur le tombeau d'un défunt. C'est ce qui me fait hésiter, et si mon ouvrage ne s'addressait qu'aux orientalistes, je n'en dirais pas un mot. Mais il y a un motif qui m'engage à le critiquer, et à le critiquer sévèrement. Bien que plus d'une fois on ait fait justice des écrits de M. Hammcr, la haute

l) acahar , acaidalar , acreer, a/eitar, etc.

3) Taberna, p. e., est dérivé d'un mot arabe qui n'est que la tiuusciiptiou du terme latin (!).

considération dont ils jouissent auprès du public non-oricnlaliste n'en a pas été ébranlée. Voulant donc empêcher que son autorité n'en impose à ceux qui s'occupent exclusivement de l'étude des langues romanes et qui ne sont pas en état de contrôler les étymologies tirées de l'arabe, je me crois obligé de publier ici le résumé des critiques que j'ai à adresser à son glossaire; j'espère qu'on les trouvera assez significatives pour me dispenser d'en relever toutes les bévues et d'y revenir dans la suite de mon travail. Je dirai donc :

1°. M. Hammer montre partout la plus profonde ignorance de l'es- pagnol, tant vieux que moderne.

2°. Il n'a pas étudié les auteurs arabes-espagnols, et il n'a pas daigné profiter des renseignements qu'il aurait pu trouver dans les écrits d'autres orientalistes.

3°. Tout l'ouvrage porte l'empreinte d'être écrit à la hâte et avec une extrême négligence. On y trouve aussi plusieurs échantillons de cette fausseté d'esprit, de goût et de jugement qui caractérise tous les écrits de cet auteur.

L'ignorance de M. Hammer saute le plus aux yeux dans les articles il s'est proposé d'expliquer les mots arabes qui se trouvent chez Mendoza. En voici quelques exemples! Dans sa Guerra de Granada (p. 7 de l'édition Baudry), Mendoza parle de salteadores , c'est-à-dire, d'exilés, de outlaws, qui se réunissaient en bandes et faisaient le bri- gandage , et il ajoute qu'on les appelait en arabe monfies. Voyant , à ce qu'il paraît, des sauteurs dans ces salteadores , M. Hammer en a fait des danseurs. nMonfiyr» dit-il, «signifie en arabe un exilé; il semble que les danseurs out été exilés pendant quelque temps sous le régime d'un prince sévère (peut-être sous celui du prince des Almohades [le- quel? car il y en a eu plusieurs]) et qu'à cause de cela on leur a donné ce nom. »

D'une autre phrase de Mendoza (p. 41): «Llaman adalides en lengua Caslcllana à las guias y cabezas de gcnte del canipo, que entran à cor- rer lierra de enemigos; y à la gcnte llamaban almogàvares, » M. Ham- mer a tiré ce non-sens: «Almogawir se dit proprement des éclaireurs qui pillent le pays ennemi; ce sont les a/cindschi des Turcs (en italien Sachcyfjialon) , d'où vient le mot Sachmann des anciens écrits allemands «lui trailorit des Turcs; en espagnol ils s'appelaient adalides (de l'arabe

delil), comme en français guides.» Il est difficile de méconnaîlre plus ouvertement le sens des paroles de l'auteur castillan.

Ailleurs (p. 44) Mendoza dit que le pays des Mauresques était divisé en districts, gouvernés par des alcaides, et il ajoute que ces districts s'appelaient en arabe tahas, terme dérivé de tahar que en su lengua quiere decir sujetarse. Il est clair qu'il a en vue le verbe tâ'a (pLb),

obéir; mais M. Hammer y trouve l'arabe kI^vj {tahîya, l'infinitif de la seconde forme du verbe haiya, saluer), «qui signifie qu'il vive , formule de politesse très-usitée et dont les subalternes font usage en parlant à leurs supérieurs [c'est apparemment le «que quiere deôir sujetarse» de Mendoza] , le ToXuxpovi^siv des Byzantins , le TroKit toc stvi 7ix.q des Grecs modernes. 0 Qu'on relise le passage de Mendoza en faisant usage de cette explication , et on verra ce qu'il est devenu sous les mains de M. Hammer.

Dans un autre endroit (p. 77) Mendoza explique le terme atajadores. Ne s'étant pas aperçu qu'il ne s'agit ici ni de Mauresques , ni d'un mot mauresque, M. Hammer veut l'expliquer par l'arabe at-taWa (iUxJiyî), qui signifie avant-garde. S'il avait eu la moindre idée de l'analogie espagnole, il aurait vu que atajador dérive du verbe atajar, qui est formé à son tour du substantif taja , ital. taglia, fr. taille. Ce sont quelquer-uns des nouveaux articles que M. Hammer a ajoutés au ca- talogue de Marina et qu'il lui reproche d'avoir omis.

Il y a encore d'autres fautes dont l'académicien de Madrid s'est rendu coupable selon l'opinion de M. Hammer. Ainsi il le tance vertement parce qu'il a donné des mots comme acabdalar, acebache, etc., «qui ne se trouvent pas dans les dictionnaires espagnols ordinaires.» Malheu- reusement pour lui, M. Hammer n'a prouvé par de telles critiques qu'une seule chose, à savoir, qu'il ne savait pas se servir de ces dic- tionnaires, qui offrent les mots en question sous les formes acaudalar, azabache, etc.

Ayant trouvé chez Marina que abarraz (herbe aux poux) dérive de habb ar-ras (ce qui est très-vrai), M. Hammer a eu la malencontreuse idée de voir dans ce mot une autre forme de albarazo (lèpre blanche); après quoi il s'écrie, comme si Marina avait dit une grande sottise: «Qu'est-ce que ce mot arabe, qui ne signifie que grain de la icte, a de commun avec la lèpre blanche?»

Les dictionnaires espagnols ont joué plusieurs mauvais tours à M. Ilamraer. Ils expliquent, p. e., ajonjoli (sésame) par alegria. M. Ham- raer, ne soupçonnant pas que ce soit le nom d'une plante, a pensé que ce terme signifiait allégresse, gaieté, et il le dérive de J.^L^1 (al-djoldjol), sonnette, «ou plutôt encore de l'allemand Schelle,» apparemment parce qu'à son avis le bruit d'une sonnette est d'une grande gaieté. Autre exemple: alfageme (barbier) est expliqué dans les dictionnaires espa- gnols par barbero. M. Hammer semble avoir été d'opinion que c'était un barbare, car le mot arabe ^.:f^^ {al-adjam), auquel il le compare, a en effet cette signification.

Quiza (peut-être) dérive, suivant M. Hammer, de l'arabe \ô^ {cadzâ), ainsi. S'il avait lu quelque auteur espagnol du moyen âge, il aurait vu que ce mot s'écrivait anciennement qui sab et il en aurait saisi im- médiatement l'étymologie romane.

Si j'ajoute à tout cela que M. Hammer a retenu plusieurs autres éty- mologies arabes de mots latins {cubo, matar, afarto , etc.) qu'il avait trouvées dans Marina, je crois avoir raison de dire, non-seulement qu'il n'avait pas saisi le génie de la langue espagnole, mais aussi qu'il ne comprenait aucun auteur qui ait écrit dans celte langue, et que, par son ignorance des variations orthographiques les plus ordinaires , il n'était pas à môme de consulter un dictionnaire espagnol.

Passant au second point, je dirai que si M. Hammer avait mis à pro- fit les notes de M. Qualremère sur l'histoire des Mamlouks , les ouvrages de M. Dozy, surtout son Dictionnaire des noms des vêtements et son Glossaire sur Ibn-Adharî, le Glossaire sur Ibn-Djobair de M. Wright, etc., etc., il aurait évité des bévues comme celles-ci:

Alcabala. «Ce n'est que dans sa signification arithmétique que ce mot dérive de l'hébreu ou de l'arabe , à savoir de el-mokabelel , el-Dschebr wel Mokabelet étant le nom arabe de l'algèbre; dans la signification d'impôt ou de tribut il n'a rien de commun avec el-kiblet, le sud.» Marina ayant écrit par erreur xJLiiii au lieu de iJLiiiî , M. Hammer suppose gratuitement qu'il a j)ris ce mot dans cette acception; mais quant au terme arabe iJLiiJi {alcabala), impôt, il avait déjà été expliqué plus d'une fois , par M. Quatremùre dans le Journal des savants (janvier 1848), et par M. Dozy dans son glossaire sur Ibn-Adharî (H, 58).

Acitara «(paries coiiiniunis) dérive peut-être de as-sitara (auleum len-

torium).» Dans le même glossaire il aurait pu voir que sitâra signifie en arabe un mur extérieur.

Acebache «vient de as-sobha (globuli rosarii).» S'il avait consulté les Loci de Ahhadidis de M. Dozy (I, 52), il y aurait trouvé les ren- seignements nécessaires pour le convaincre que Marina a parfaitement raison en le dérivant de sabadj,

M. Hammer se fâche de ce que Marina a dérivé albanego (sic) d'un mot arabe albanica. Cependant M. Dozy a consacré , dans son Dict. des noms des vétem. , un assez long article à Tétymologie de Tespagnol al- banega.

Barragana «(vestis species) vient de qIï-j (sic), qui manque dans le Dict. des noms des vêtem. de M. Dozy, bien que Freytag en donne cinq différentes formes.» La cinquième forme de Freytag est celle du pluriel, et si M. Hammer n'avait pas oublié l'orthographe du mot arabe (^^ly^j et non ^Lï;?) , il l'aurait trouvé à sa place dans le Dictionnaire de M. Dozy, cet article occupe trois pages (p. 68 et suiv.).

Quant à l'extrême négligence de M. Hammer et sa fausseté d'esprit, en voici quelques échantillons:

Café «dérive de kahwe, qui signifie les graines du cafier.» Tout le monde sait que les graines du cafier s'appellent en arabe bounn, et que cahwe, qui désignait autrefois le vin, ne se dit jamais que de la boisson.

Acelga « (beta) dérive peut-être du turc schalgam, mais nullement de l'arabe selka , qui ne signifie rien autre chose que terra aequalis.» Ce- pendant tous les dict. arabes ont silc dans la signification de beta olus,

«L'arabe as-saniya, auquel Marina compare l'espagnol acena, n'a d'au- tre signification que celle de haute , élevée. » La première signification que Freytag attribue au verbe sanâ est celle de arroser la terre , et il donne au substantif as-sâniya qui en dérive une acception analogue.

fiCifra dérive très-certainement de l'arabe djefr ^ft>, qui se trouve déjà chez Freytag, Hlm al-djefr.y> Malheureusement le terme 'ilm aU djefr, dans lequel M. Hammer semble avoir trouvé l'arithmétique, ne signifie que ars divinandi ex membrana camelina (!).

Ayant lu chez Marina que adarga vient de l'arabe acZ-c^araca , il rejette cette étymolog^e, «parce que ce mot arabe ne signifie pas bouclier, y> et il préfère le dériver de tars ou tors, qu'il met en rapport avec l'ai-

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leiiiand Tartschc. Toutefois on trouve chez Freytag ad-daraca dans la signification de scutum ex corio confeclum, et pour faire changer tors (car tars n'existe pas en arabe) en adarga, il faudrait des altérations semblables à celle qui fait venir al fana à^equus.

Tout en accordant que alabarda est l'allemand Hellebarde, M. Ham- mer le compare néanmoins à l'arabe harba qui signifie hasla brevis. De même , quelque évidente que soit la dérivation de resma (rame de pa- pier) de l'arabe rizma, il s'obstine à le dériver de l'allemand Riess, [*Ce mot allemand vient lui-même de l'arabe; voyez mes remarques sur l'art, resma].

Acibar «dérive de aç-çabr, qui signifle l*aloès, mais aussi la patience ^ parce qu'elle est plus amère que l'aloès ; c'est pour cette raison que acibar a aussi en espagnol la signification de amertume. r>

Adunia (assez, beaucoup) «dérive peut-être de ad-dounya, le mondes tout est en abondance.»

Nacar (nacre) vient « de naccâra (trompette) , à cause de la ressem- blance qu'il y a entre le son perçant de cet instrument et la crudité de la couleur rouge *. »

Dans son introduction M. Hammer, en parlant de l'ouvrage de Pedro de Alcala , fait remarquer que ce Père «a donné plusieurs étyraologies. » Le fait est que M. Hammer n'a vu que le titre de cet ouvrage; s'il l'avait consulté, il se serait aperçu qu'Alcala ne fait que traduire mot pour mot sans s'occuper d'étymologie.

En examinant les permutations des consonnes, M. Hammer en a mal- heureusement oublié les plus marquantes (par exemple celle de l et r), et quant aux voyelles «elles n'y font absolument rien^.» H aurait ajouter: «et les consonnes fort peu,» car il faut bien recourir à cette règle pour opérer des changements tels que celui de tors en adar- ga, de chalgam en acelga, etc.

Je crois en avoir dit assez pour justifier l'opinion défavorable que j'ai émise sur l'opuscule de M. Hammer, et j'espère avoir contribué, dans la mesure de mes forces, à paralyser l'influence fâcheuse que son au- torité pourrait exercer sur l'élymologie des langues romanes.

1) «welches schreiet wie die hochrothe Farbc.»

2) «Die Selbstlaute sind gleichgiltig und werden willkùrlich geàndert.»

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Quant au portugais, le nombre de mois arabes y est beaucoup moin- dre qu'en espagnol. Ils ont été recueillis et expliqués par Sousa, dans ses Vesiigios da lingoa Arabica em Portugal, Lisboa , 1789, ouvrage qui a été réimprimé en 1830 avec les additions de Moura. Ce livre, bien qu'il ne soit pas exempt de fautes graves, est beaucoup supérieur au catalogue de Marina. Il contient moins de mots d'origine romane, moins de mots latins en caractères arabes; qui plus est, il y a quelque idée de système. Il explique aussi les noms géographiques qui sont d'origine arabe; mais comme il n'entrait pas dans le plan de mon ou- vrage de m'occuper des noms propres, je les ai omis. J'en ai fait de même de quelques termes de médecine, que Sousa a tirés d'une tra- duction portugaise d'Avicenne *. Ces mots ne se trouvant nulle part ailleurs et ayant élé forgés par le traducteur, on ne peut les considé- rer comme appartenant au domaine de la langue portugaise. C'est pour cette raison que je n'ai pas jugé nécessaire de les admettre. Il me reste à parler du livre de Santa Rosa ^. Ce recueil précieux, inflni- ment supérieur à tous les autres lexiques de ce genre , ne contient que fort peu d'étymologies et son auteur ne s'était pas occupé de l'étude de l'arabe; mais on y trouve une foule de mots anciens avec les varian- tes, et à l'aide des passages tirés des chartes et des chroniques que le savant auteur cite en abondance , on peut non-seulement établir la si- gnification de ces mots, mais préciser en outre les lieux et les temps ils étaient en usage. On a donc toutes les données nécessaires pour en explorer l'histoire. Je n'ai pas besoin de dire combien tout cela est essentiel pour l'étymologie, combien il est indispensable de connaître toutes les variantes orthographiques, quand il s'agit d'une langue aussi irrégulière à cet égard que le vieux portugais. Ce livre m'a été, par conséquent, d'une grande utilité.

1) ^viccna, ou £bnsùia, traduzido do Arahe em Portuguez, por Xalom de Oliveira, lIel)reo dos que sahirao de Portugal, impresso em Amsterdao no anno de 1652. [*M.E, a aussi omis, avec raison je crois, plusieurs autres mots qui n'ont jamais eu droit de cilé en portugais, et que Sousa et Moura ont trouvés dans le Dictionnaire latin-portugais de Bento Pereira, dans la Pharmacopêa Tuhuleiisc, dans les voyageurs, etc.].

2) Elucidario das palavras, termos , e frases, que em Portugal antiguamente seusârao, e que hoje regularmente se ignorao , por Fr. Joaquin» de Santa Rosa de VilerliO. Lisboa, 1798.

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Il va sans dire que les ouvrages des romanistes, quelque soil d'ailleurs leur mérite, ne donnent que des renseignements très-inexacts et quel- quefois faux sur la partie arabe. Aussi i'éminent étymologiste des lan- gues romanes, M. Diez, n*a-t-il donné une place dans son dictionnaire qu'à un petit nombre de mots espagnols et portugais dont il faut cher- cber Torigine dans cette langue. Il n'y a pas de reproche à lui faire, si ce sont les articles dans lesquels il a le moins réussi. Il s'ap- puyait uniquement sur l'autorité de nos lexiques arabes, et ceux-ci sont tout-à-fait insuffisants pour des recherches étymologiques. Quelquefois il est impossible d'y retrouver la signification primitive des mots, et ils ne donnent aucun indice sur l'époque ces mots étaient en usage, ou sur le dialecte auquel ils appartenaient. Il est extrêmement dange- reux de s'en servir quand on n'a pas étudié les auteurs arabes. Qu'il me soit permis d'en donner ici un exemple éclatant I

Dans ses Recherches étymologiques sur les langues romanes * (p. 48) , M. Mahn dérive arrebol (couleur rouge que prennent les nues frappées des rayons solaires pendant les deux crépuscules), de l'arabe ar-rabâb qui signifie chez Freytag: «nubes alba, aut quae modo alba, modo ni- gra apparet, aut nubes pendens sub altéra nube sive sit alba, sive ni- gra.» Quand on compare le mot espagnol avec les autres de la môme racine {arrebol, «rouge, fard rouge,» arrebolar , «farder, peindre de rouge comme sont les nuages»), on voit que c'est l'idée de rouge qui y prédomine. Ar-rabâb au contraire, qui est un mot du langage du désert et de l'ancienne poésie, signifie primitivement nuage. On le trouve en ce sens dans le Divvan de Tahraân ^ , poète arabe du premier siècle de l'Hégire, et un vers, cité pai' son scoliaste, est conçu en ces termes: «Le rabâb au-dessous du nuage ressemble à une autruche sus- pendue par les pieds.» De même le grammairien Ibn-Doraid, dans son Traité sur les noms et les épithètes des nuages et des pluies^, explique ce terme par «un nuage qui semble être suspendu à un autre.» Il

1) Etyviohgische i ntcrstichungcn avf dcm Gehioto der Roma7tischcn Sprachen. Berlin, 1854 1858. [* Cet ouvrage a été continué; la dernière livraison que j'en possède ci qui va jusqu'à la page 160, a été publiée en 1864].

2) Apud Wright, Opuscula Arabica, p. 70.

3) lùid, , p. 21. Cf. le Diwan des Hod^ailitcs , {». 21'6 cd. R'ôsejjarUMi.

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est clair qu'il n'implique pas la moindre idée de couleur et que sa si- gnification n'a rien de commun avec celle de arreholK En outre il ap- partenait exclusivement au langage poétique des Bédouins; chez les Mauresques rabâb ne signifiait rien autre chose que violon (en esp. rabel).

II.

C'est par la bouche du peuple et non par les écrits des savants que les mots arabes ont passé dans l'espagnol. Aussi n'appartiennent-ils pas à la langue civilisée, mais au dialecte vulgaire. Pour pouvoir en don- ner l'explication étymologique, il faut donc avant tout étudier la pro- nonciation. A cet égard le Vocabulisla ^ de Pedro de Alcala est de la dernière importance. Ecrivant dans le but de faciliter aux religieux la conversion des Mauresques, cet auteur a rendu les mots arabes exac- tement comme le peuple les prononçait, sans se soucier beaucoup de l'orthographe. Comme il est notre seul guide pour le dialecte de l'Es- pagne, j'ai tâché de le compléter par les renseignements que j'ai pu recueillir sur le langage du Maroc, qui est à peu près le même que celui dont se servaient les Mauresques. A cet effet j'ai surtout mis à profit la grammaire de Bombay ^. En communiquant le résultat de ces études, je ferai aussi connaître les changements que le génie de la lan- gue espagnole a fait subir aux lettres arabes. On aura plus d'une fois l'occasion de remarquer des analogies frappantes avec les lois qui ont réglé la transformation des mots latins en mots espagnols.

I. Consonnes, Afin de ne pas séparer les éléments affiliés, je rangerai les consonnes

1) Quant à l'étymologie de arrehol, je crois que Cobarruvias a raison en le dérivant du latin ruhor. Dans la première syllabe il ne faut chercher ni l'article arabe, ni la pré- position latine ad: c'est tout simplement un a prosthétique après lequel on a redoublé la consonne. Ceci est très-usité dans la Iang;ue basque; mais en espagnol il y en a aussi quelques traces, et l'existence de la forme arruga , à côté de ruga, m'en semble être un exemple incontestable.

2) Vocabulista aravigo en letra castellana , Granada , 1505.

3) Grammatica linguae Hauro-arabicae juxta vernaculi idiomatis usura, Vindobonae 1800.

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d'après les organes qui servent à les produire, et non d'après Tordre alphabétique. Je les considérerai sous trois rapports: au commencement, dans Vintérieur, et à la fin des mots.

\ et ^

Le 1 (a/i/) , qui n'est qu'un signe de douce aspiration , n'est pas rendu dans l'écriture espagnole. Il en est de même du c {^ain), lequel re- présente un son guttural qui est la propriété exclusive des langues sémiti- ques. Ce n'est que par exception que cette lettre, dans l'intérieur des mots, est quelquefois exprimée par h: alhanzaro, alhidada, [^alahilca, alhagara, et ce h se change en f: alfagara].

*Le c devient quelquefois g: algarabia, algarrada , algazafan, almar- taga , aînagora (sous aisoria) , acimboga. Les Magribins substituent assez souvent le gain au 'aîn; voyez la nouvelle édition d'Edrîsî, Introduc- tion, p. XXII.

Le ^ (khâ) initial manque.

* M. E. semble donc avoir pensé qu'aucun mot arabe commençant par le ^ n'a passé dans l'espagnol. Cependant il a noté lui-même dans le Glossaire hait fa et califa, et ces exemples ne sont pas les seuls. Il faut donc dire que le ^ initial devient 1°. h: halifa, hacino (voyez ma note sur cet article), haloch, haloque ; 2°. ce h est supprimé: aloque; 3°. ou devient f: fatèxa; 4°. le ^ devient c: califa; 5°. ce c devient ch comme dans les langues romanes (chanciller, chantre, chapitel, chien, chose, etc.): cherva (voyez mes remarques sur cet article), cho- za; 6°. le -;. devient g: gafete, galanga , ganinfa, garroba.

Médiat il se change en f: alforjas, alkhordj , alfayate , alkhaiyât alfombra, alkhomra, al fange, alkhandjar. Ce f permute dans l'or- thographe avec le h: almohada, alhucema j alhacena, alheli. On trouve aussi des formes comme alacena, aleli , dans lesquelles le h est syncopé.

Le khâ se change en c (qu) dans: alcana, alcarchofa , xeque (de cheikh). Dans ce dernier mol le kh , qui est terminal en arabe, a été auguicnlê d'un c.

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* Le khâ médial devient g: algarroba, albudega (= albudeca) ^ algua- rismo, algafacan, et dans la basse latinité ch: alchaz (prononcez: alkhaz).

Le - {hâ) initial et médial est rendu par f ou h : hafiz , hacino , hasta [fasta) , horro y alhamel, almohalla (almofalla), alholba. En por- tugais le f est plus usité: fasta, alforvas , alforrecas. Le /t est quel- quefois retranché: de l*arabe habb ar-ras on a formé abarraz aussi bien que habarraz et f abarraz; [* afice (= hafiz), aciche, alboaire].

* Placé entre deux voyelles, le Aa devient parfois i/; a^arraî/a; com- parez 'xjSii [fâkiya) pour K^ti (fâkiha) chez Dombay (p. 10).

Je ne connais que deux exemples d'un final: dans les mots cata- lans almatrach et mestech. Ce ch se prononce comme c ; voyez Rôs , Dicc, VaL Casl., p. 6 de l'Introduction. En castillan on a ajouté un e ou un o: almatraqiie, mistico. ["^Ajoutez l'esp. almandarahe et alman- daraque].

Cette lettre, qui ne diffère de la précédente que par son aspiration plus douce, éprouve les mêmes changements: alholi (alfoli), alfadia. Seulement elle se syncope plus facilement. A la fin des mots elle est toujours retranchée: alfaqui{h) et tous les mots qui ont la terminaison féminine a[h),

* Elle devient quelquefois g et même gu: algorio, algorin, alguarin.

Le ^ {gain) tant initial que médial est rendu par g [ga, go, gu,gue, gui): galima, gacela, garrama, guilla, gorab, algaphite, r egueif a, alg or- fa ; [* gua : guadamaci , b. lat. giiarapus] . Elle semble être retran- chée dans almofar (de almigfar). Cependant, à ma connaissance, c'est le seul exemple de syncope du gain: c'est ce qui me rend celle éty- raologie fort suspecte.

'*' C'est à tort que M. E. a douté de cette étymologie. Le gain est aussi retranché dans alàra, arel y adur (?) , moeda. Il est devenu /t dans moheda, v dans alvarral.

i:;

Le yj io^^f) initial est constant: carmcsi, qvilate. Je n'y connais pas une seule exception, et je crois que M. Diez s'appuie avec raison sur cette circonstance pour révoquer en doute la dérivation selon la- quelle gabela viendrait de l'arabe cabâla.

* Je ne partage pas cette opinion ; voyez mes remarques sur l'article ALCABALA. Autrcs excmples: gabilla (val. gabèlla) de kJLa^s , gambux, et pour le ^: gumia. Chez P. de Alcala le ^ initial est g dans al guezîr (^-^t ; sous los mas) ; au Maroc le ^ se prononce constamment g (Bom- bay, p. 3).

Dans l'intérieur des mots le ^ reste: alcahuete, alcaduz^ alquermez,

alquitran ; ou il se change en g: alfondiga, alhelga , albondiga, azogue.

Final il devient en catalan ch : almajanech (en castillan almajaneque),

* Il se change en t, àe même que le t devient c : adiitaque.

*Le w5 (câf) se prononçait parmi les Arabes d'Espagne presque de la même manière que le quâf; un témoignage formel s'en trouve chez Maccarî , I, 828, 1. 3 a f. Aussi le nom propre Ciitanda s'écrit-il sAJ^ et ■}iJjJiS' (voyez Maccarî, II, 759, 1. 17). P. de Alcala ne fait aucune distinction entre ces deux lettres. Au Maroc elles se confondent aussi; on y écrit ^dsX^ pour \JàX^, ^^f pour j.jyJ&, ^5^^;^ P^"^ o^r^'

w5^ pour oi> (Dombay, p. 10), et dans un Formulaire de contrats (man. 172), écrit dans ce pays, je trouve (p. 4): bj-ixc^ ^M^^ bJ^^ I5yc> (au lieu de ^jji=>). Par conséquent:

Le câf est rendu en espagnol exactement de la même manière que le quâf.

Initial: cafila, cubeba,

Médial: alcandara, alqueqttenge , alqxdle, alqtiicer , mesquino , adargama , almariaqn.

* Il se change en ch (comparez ce que j'ai dit sur le hha): chirivia côté de alquitivia) , charabe (=r carabe) y ou en /, de même que le / devient c: laba.

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Avant de rendre compte des changements de cette lettre, il est né- cessaire de faire une remarque sur la manière dont se prononçaient autrefois en espagnol les consonnes x (j) et g (ge, gi),

1. Dans la transcription des noms propres que les Espagnols ont empruntés aux Arabes , ils se sont constamment servis du x ou du j pour rendre les consonnes arabes chîn et djîm:

HJlS\^^] * ô\^ (Wâd al-hidjâra) Guadalaxara

{JùS 0>t^ [Wâd ich) Guadix

XvvftJ [Lécha) Loxa

jjia_à [Cheréch) Xerez

qLa^- [Djayén) Jaen

jC:^\JCww! [Estidja] Ecija^ etc.

2. P. de Alcala , ayant à exprimer dans récriture espagnole les sons arabes en question, se sert également de x, j , g et quelquefois de ch.

Pour rendre l'arabe JC>J>- djarha pi. djirâh il écrit jarka^ girâh

» » » à*^\ ^^ût/e^ » » zejel

» » » ^ytX^f^ medjlis pi. medjélis » » mexleç , megeliç

1) » » _Lj tîdj » » tich

B » » j^ mardj pi. morôdj » » marges moroch

» » » cA^'i wahch » » guahx

» » » jJli> djild pi. djoloud » » jeld, julud.

De ces exemples, qu'il serait facile de multiplier, il résulte ^qu'encore au commencement du XVP siècle (le livre de P. de Alcala a été im- primé en 1505), le x et le y {g) avaient un son correspondant à celui du chm et du djîm des Arabes. Je ne suis pas à même de préciser Tépoque à laquelle cette prononciation , qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours dans les Asturies*, a été remplacée par la prononciation guttu-

1) * M. E. avait écrit icOL et Wâdî; mais il faut suivre dans cette circonstance la prononciation vulgaire qui était OU (voyez p. e. Maccarî, II, 143, 1. 16) (aujourd'hui on écrit Oued en Algérie).

2) Voyez la note de M. Malo de Molina, Rodrigo cl Catnpeador, p. xlvi du Discurso

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raie. Par conséquent je ne puis que recommander aux romanistes l'exa- men de ce changement assez remarquable.

Maintenant il est clair comment le djim au commencement des mots est devenu J ou g: jahali, jorfe , jaez , julepe , gelizygengible, Gibraltar.

Dans rinlérieur des mots il est rendu de môme par/, g: aljama, almojabana y algebra, algibe.

* Le djim initial est rendu par ch dans charel, chibo , choca , chumeas. *Au milieu des mots le djîm avec la voyelle a devient quelquefois

ga: galanga (de khalandjân) , almagama , mogangas; b. lat. alagara et tagara,

* «Il arrive souvent,» dit M. Renou la fin de l'ouvrage de M. Ca- rette. Géographie de l'Algérie, p. 291), «que les Arabes prononcent un djîm pour un z, et réciproquement.» Ainsi les Egyptiens disent

Q5j^ pour ^^j^jj (Humbert, p. 196), et au Maroc ^^l^JL> s'écrit et se prononce silslân (Hœst, Nachrichten von Marokos , p. 275; comparez aussi ^^:^'i\ dans ma note sur aljonjoli et Fleischer, de Glossis Habicht., p. 49). En esp., et surtout en port., le djîm est aussi rendu quelque- fois par le z (ç) : a. pg. zarra {z= jarra), pg. zorro {=zjorro)y pg. zirgelim (= gergelim) , zafiOt zalona.

u^

Le (jii {chîn) initial est rendu par x: xabega, xaqtieca, xaqiiima, xe- que, etc. Dans l'orthographe moderne ce x est remplacé par le y. Les mois sorbete et sirop ne font pas exception à la règle que je viens d'in- diquer. Les Esp. les avaient déjà reçus des Arabes sous les formes xarabe et xarope, tandis que sorbete et sirop sont probablement entrés dans l'espagnol par l'intermédiaire du français ou de l'italien.

* Le clun initial est aussi rendu quelquefois par g: git (pg.)» gi^y (cat.).

Médiat le chtn est de môme rendu par x: almarraxa , axuar , axarafe , axedrea, ou par ch: achaque, alcarchofa. Final: almofrex , almoradux.

preiiminar; [* comparer aussi les remarques de M, Miillcr dans le Bulletin des séances de l'Académie de Munich, année 1860, p. 247].

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* Le chtn se change souvent en c {ce, ci), en s {sa, so , su), ou en z. Les Mauresques écrivaient 5aAi7 = uXPL^ , sam ■= {»Li:, sarxz=^.Xi>,

mkaia = flA^ {Mem, hist, esp., V, 447). En portugais un chérif s'appelle serifeziz xerife, et dans celte langue le persan ^^/JifS (soldat) est devenu lascarim. Ce changement est très-fréquent pour le dernier chîn des noms propres: ^jiij-ii, Xerez, ^jiwA-i^, Moxiz, ^jia^Jl ^L , liebalhanes (voyez mes Recherches, II, p. lxxiii et suiv.). De même dans les mots: almosarife et almozarife (= almoxarife), marcasita (= marcaxita), acicate , aciche, alesor (voyez sous alaxor), albiicCf al- freses, asesino, bisnaga, borcegui, secacuL

Le sm tant initial que médial devient z , qui se permute dans Torlho- graphe avec c (ça, ço, eu, ce, ci): zafari, zaqiiizami, zoca, aziida, (açiida) , azote {a cote) , azacan (açacan), acelga, acitara, zaga,

'^ Le sin initial devient quelquefois x (de même que le çâd) : xafarron ■=. zaharron, œelma. Comparez xabon de sapo , ximio de simius, etc.

A la fin des mots il se change toujours en z : alarguez , abarraz , al- caduz , alcariaz, aljaraz.

Le {jD (çâd) est rendu par z (c, ç).

Initial: zafariche, zavalmedina, zabacequia, cifra, cendal. [* Quelque- fois (comme le stn) x ou ch: chafariz = zafariche, xenabe], Médial : aceipha , azalato , alcorza. Final: alcahaz , alficoz , algez,

j

Le ; [zâ] est rendu de même par z (c).

Initial: zarzahan, zarca, zagal, zamboa.

Médial: aceiluna, acerola, aceche, acemila, alcuza, azogue, rezma.

Final: arroz , agenuz, cafiz, alquermez.

Le z permute quelquefois avec le djîm. Ainsi zorâfa est devenu gi- rafa , zendjcbU, gengible (avec l'article agengible). De même on a fait de djedwâr, cedoaria ; ['mais les Arabes eux-mêmes écrivent ce mot

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soil avec le djîm, soit avec le zâ]. Dans l'ancien portugais on trouve zarra = jarra.

* Comparez mes remarques sur le djtm. Le se change en g de- vant e et i: algerife, algei^oz et algiroz , ginelCy en j devant «, o et u: aljarfa, aljaros.

Le (dhâd) [*qui, chez P. de Alcala, est toujours d] est rendu en esp. par d.

Initial: daifa.

Médial: alidada, aldea, algaida, aldabay alcalde; ["^ t dans atafera , fatel].

* Le dhâd final devient aussi t (arriates) , s (alefris) , ou z (hmnez).

Le ^ (ta) initial est rendu par t: (erides, taza, tarima.

Médial de même: afaifor, alicates, atalaya, atuhal, atahonay alcartaz; ou il se change en d: hadana, hadeha, adobe, axedrea; ou en z: maz- morra,

*Le J^ {dhâ) initial devient /; toldo.

Médial il devient d: nadir , alhandal, anadel [* comme chez Aie. sous canlo, gruesso, engrandecer; au Maroc c'est un d dur; Domhay, p. 3; ou /; albataray^ ou z: ahazmes.

Final il se change en z: hajiz.

Le ô {dzâl) devient d: adive, almuedano; [ou t: atequiperas; ou ss: assaria\.

Le o {ta) reste toujours L [*Se permute avec le c: carcax]. Initial: iagarninay taibique, larbea, tarifa, toronja, Médial: atalvina, alanor , alramuz, alanquia. Final il devient (/ dans tUaud,

20

Au commencement et dans l'intérieur des mots le ô (dâl) reste d: danique y darsenal, dinero, adarme, adarmaga, [* Devient ^ dans atoiVe].

A la fin des mots il est rendu par d, de on te: almud, alcaide, ace- mite, alcahuete,

o

Le ej (thâ) se change en t: tagarino, tomin.

Il est devenu z dans le nom zegri qui, ainsi que tagarino, dérive de Tarabe thagrt. ["^ Aussi dans zirbo],

Médial: mitical, atafarra. [*c (p), z dans: açorda, atacir, azumbre; chez Aie. alguezir = j*>^î sous los mas\.

Le V {bâ) initial reste 6: bacari, badana, baladi , [* ou devient p; trois exemples sous le P; pg. patecd\.

Médial: albanega, albayalde. Par l'adoucissement du 6 en v ces mots s'écrivent aussi alvanega, alvayalde, valadi , etc.

"^Ce V se change en f: alforfiao (= fervion), algerife (= pg. alge- rive), aljarfa, anafega.

Dans l'intérieur des mots le b se change quelquefois en p: rapita, julepe, arrope.

A la fin des mots le b se change en w ; almotacen (almohtesib) , alacran (alacrab).

Les lettres 6 et m se permutent. P. de Acala traduit violeta par me- nefsedj au lieu de benefsedj. Suivant Domhay on dit au Maroc lacm au lieu de lacb; ["* en Algérie le septième mois de l'année musulmane s'ap- pelle Rdjem au lieu de Redjeb; Martin, Dialogues , p. 204]. De même en portugais et dans Tanc. espagnol al-bondoca est devenu almondega. Comparez encore les mots espagnols bandibula du latin mandibula , man- durria = bandiirria (Sanchez), etc.

* Grâce à cette règle il est possible de donner l'ctymologic des mois : almear, baraco, jabalon, etc.

21

Le o (/a) est constamment rendu par f. Ce f se permute dans l'or- thographe espagnole avec h.

Initial: farda y foluz , fulano.

Médiat : alfocigo (alhocigo) , alfondiga {alhondiga) , alfaqueque , cafiz {cahîz). [* Devient p: alpicoz].

Le 3 (w) initial est rendu par gu: [* guadafiones , guahate, guedre].

Médiat il est également rendu par gu: alguacil; ou hue: alcahuele. En portugais par v: alvacil; [* en esp.: adarve, alhavara. Par h: alba* cea, albexi].

A la fin des mots il devient u: alfaxu.

*Les syllabes wa et wou sont rendues par o ou m, comme elles se prononcent quelquefois dans la langue vulgaire: aloquin, aluquete.

Le j. [mim) tant initial que médiat reste m; médina, mezquino, mo- zarabe, marlota, almohada , almohaza, almud.

A la fln des mots il se change souvent en n: almocaden, alcotan^ [* parce que les Esp. prononcent le m final comme w] .

o

Le ^^ [noun) au commencement des mots reste :naguela,7iadir,naranj a. Médiat il reste n: anadel , anoria, anzarotes : ou devient n (pg. nh):

ahazea, ahafil, ahilf albani; ou /; galima, falifa.

A la fin des mots il est rendu par w ; alezan, arraihan, rehen; ou

par /; torongil {torondjdn).

* Dans le dialecte algérien le n et le / se substituent souvent l'un à l'autre ; M. Cherbonneau en donne des exemples dans le Journ. asiat. de 1861, II, 361 ; cf. v3-?^J^W chez Dombay, p. 59.

* Le n se change en m dans almojatre; comparez ce que je dirai à Tart. HAROiv.

* Le n tinal est devenu r dans mudcjar.

La languo, portugaise a horreur du n et évite l'usage de celte lettre

22

de plus d'une manière. Cf. M. Diez, Gramm., I, 236 de la première édition.

I. Au commencement des mots il est changé en l: laranja au lieu

de naranja. II. Dans l'intérieur des mots il se syncope. Ainsi a/mowe(/a devient almoeda, de même que persona est devenu pessoa, sonare, soar, seminare, semear , etc. III. A la fin des mots le n se change en un son nasal exprimé 1°. par m: refem, armazem, foam (esp. rehen, alma%en, fulano).

Comparez bem de bene, fim de finis , sem de sifie, etc. 2°. Par un " au-dessus de la voyelle. Açafrao, alacrao, alquitrao au lieu de azafran, alacran, alquitran. Comparez les mots latins canis (cao) , panis (pao) , manus (mao) , etc.

ô

Le J initial est constant: limon.

Dans l'intérieur et à la fin des mots il se change en r: acetre (as^ sitl), alcacel ou alcacer , al filer ou alfilel, arcaduz {alcadous), alborbolas (albiielvolas) , alforvas (alholbà),

*Le changement du / en r était en usage chez les Arabes. Dans

le Mosta'znî on trouve: (j^Liyi &J Jyij iûUiî^ ^J^\Ji),é, et ailleurs: y> ^:f\^

^A^uJb '!Ûlxl\ »ij»'J j^ÂJî Jwx.^1 (la dernière forme chez Alcala sous grama yerva), Silsila est chez Alcala (sous collar) cêrcele; de même chez Marmol, Descripcion de Ajfrica, II, fol. 90 6: ^Bib circila, puer ta de la cadena. »

''Le II devient n: abonon, albanal, albahar ; ou/; abojon; ou rr : azurracha»

En portugais le / entre deux voyelles se syncope: adail (ad-dalîl), maquia (maquila) , foam {fulano) , methcaes,

J

Au commencement des mots le r est constant: ribete, rehen, rabel, rafez, rapita,

Médial et final il se change en l: [* esp, chifla = pg. chifra, esp. xaloque =: pg. xaroco ; ital. sciroppo, mais aussi sciloppo] , alquile , al- holi , ahafd, alynazil, anadel.

Observations générales sur les consonnes.

1®. Les lettres / et r sout souvent intercalées dans l'intérieur ou ajoutées à la fin des mois: a{l)mirante , pg. alcat{r)uz , alquina{l) , alqui- ce{r) ou alquice{l) j ald{r)ava, [* alha{l)me, alhe{l)me, alice{r)se (= ali- cecé), alfe{r)cey alfo{r)za , alquiva{l)\.

Dans d'autres cas elles se syncopent au contraire: a(/);'on;*o/t, [*«(/) 6a- lorio, a{l)guaxaque]. C'est ce qui arrive surtout à la fin des mots po- lysyllabes: al fange {al-khandjar) , alfarma {al-harmal).

2°. Les combinaisons mr et ml intercalent un b euphonique: al font- bra, Alhambra, zambra, rambla.

* C'est ce qui avait déjà lieu en arabe; Alcala écrit bien quelquefois

\^j^i mais sous hosco il a ,^^.a*î>; de même ,jJL«î pour ^^Li sous Usa casa y ^j^^^ pour ^Ua sous lleno , »1^:>- pour xUi sous mercar

en uno, gJLoi pour g.Uî sous mejor,

3°. La combinaison st est adoucie en z (c, ç): mozarabe ou moça- rabe de mosta'rab, Ecija de Estidja, almaciga de almastaca, alfocigo de aUfostoCy azaguan de ostowdn,

4°. Devant le i^r (dhâd) on intercale un / euphonique: alcalde de al'CâdhZf albayalde de aUbayâdh, aldea de ad-dhei'a, aldava (pg. a/cfra- va) de ad'dhabba, arrabal (au lieu de arrabaldeF) de ar-rabadh [* ar» rabalde est en effet la forme port.]. Ce l ne s'intercale pas quand le ^Jc est précédé de ai ou de r.- alfaide de alfaidh,[* albaida], alarde de fl/'ar^M.

* Toutefois le / est intercalé dans le nom propre Albelda = Al-baidhâ (la blanche; charte dans VEsp, sagr. , XXXIII, 467: «qui locus voca- lur illorum incredulorum Caldea lingua Albelda^ nosque latino sermone nuncupamus Alba»). Au reste ce / sert à exprimer le son emphatique du (jr. On l'intercalait aussi parfois devant le o; aldargama (= adar- gama), aldebaran^ aldiza , et devant le .b: altabaqxie, balde (?).

5°. Devant le x dans l'intérieur des mots on intercale souvent un w. Ceci est plus fréquent en portugais qu'en espagnol. De l'arabe ach-cheb on a fait aussi bien enxebe que axebe. De même ach-charbiya est de- venu en portugais enxaravia, ach-chaqutca enxaqueca, ach-chabaca enxavegos, ach-chac enxeco.

24

Comparez ensayo de exagium, ensiemplo de exemplum^ enxambre de examen, etc. Cf. M. Diez, Gramm., I, 268.

Le latin exitus est devenu en portugais exido, enxido et eyxido (voir S\ Rosa). A ces formes en ey on peut comparer eyxeco (enxeco) et les mots valenciens eixortins de ach^chorta [* lisez ach-chortt] , eixovar (esp. axuar) , aixorca (esp. axorca).

Le ?i est de même intercalé dans alca(n)for , ara{n)cel, [* mo{n)zon, mo(n)çao].

* 6°. La dernière consonne, qu'on entendait mal, est changée arbi- trairement. Le nom propre qui, dans une charte de 1159 {Esp, sagr., XLIX, 578), est encore écrit correctement Calatajuhy est devenu Cala- tayud. De al-féntd les Port, ont fait alfenim, les Esp. alfenique. An- nechîd est devenu en esp. anexir , en port, anexim. De aWacrah on a fait alacran et alacral ; de ad-dalîl , adalid ; de az-zorôh, algeroz; de hhalléf, fatèxa, etc.

7°. Il y a quelquefois transposition des consonnes. Dombay (p. 7 a) nous informe qu'on dit :

oudjâb au lieu de djouwâb (v!>^)

neul » » » leim (^y^)

rendjes » » » nerdjes (j^:>;i)

djedâd » » » dedjâdj {-iz>S), etc. *aLes Algériens ont interverti, dans bon nombre de mots, Tordre des lettres radicales» (d'Escayrac de Lauture, Le Désert et le Soudan, p. 265). l'-iiS^.^^; en vulgaire on prononce seddâdja; les lettrés eux- mêmes commettent la faute» (Cherbonneau, Voy. d'Ibn-Batouta en Afri- que, p. 54). Dans les man. cette transposition est fréquente. Chez Edrîsî (Clim. III, Sect. 5) il est question de bains chauds se rendent ^^:>j.U^-;î^ ^j^flxjî J^ix. LblJî ^s>\ ; c'est ^jjotiiJ! qu'il faut lire. Par contre, deux man. d'Ibn-Batouta (IV, 542, 1. 4) portent cXxib au lieu de uXii«j. Dans le Cartâs (p. 145 , 1. 5 a f.) on trouve ^l^a pour wâ.>\A2/9 , leçon qu'on ne rencontre que dans un seul man. Ailleurs (p. 98 de la traduction, n. 10) w^ac pour ^«i. Dans un autre endroit (p. 105, 1. 9 a f.) Ji>-^1 pour ^^t^^i (cf. p. 127, 1. 15 a f.). Dans le

passage d'Edrîsî , p. 121, 1. 11; c>.a^^^ l-p^U= j^Hc ^..%.l\ c:A.jt y\:i L^^L^c v-^j^.i>l^ Lfl^^Ls! , le mot .L^c , qui se trouve dans trois man, (le

-7K

quatrième a .Lie) et qui nous a fort embarrassés, M. de Goeje et moi (cf. le Glossaire, p. 343), est sans doute une faute de Tauteur pour »l«^, comme le montre ce passage d'Ibn-Khaldoun , Hist, des Berbères y

II, 147, 1. 11: fJ^^\^ \J>S:ii^ U>^L*^ Jjiîjij ^/^^ ^^^ ^^iLiUit ^Lww^ vi>uuJÎ5 oL-uo"^^.. Une faute de la môme nature chez Edrîsî, c'est qu'il a écrit ^^^^^^^ au l'eu de ^^\y^l\ (voyez le Glossaire sur cet auteur, p. 331). Chez Maccarî (II, 799, I. 9) tous les man., à Texception d'un seul , et l'édition de Boulac ont j\J^\ pour j\yj\. Chez P. de Alcala

le verbe J^jÔ (se flétrir) est constamment J Js.j {enmarchitarse , etc.).

Quelques-unes de ces transpositions, p. e. »j»Lc (esp. algarrada) pour

o^ûj, se trouvent même dans la langue classique.

On peut observer la même chose dans les mots espagnols: adelfa pour adefla adargama » adarmaga

albahaca

» alhabaca

aliacran

» aliarcan

arrelde

» arredle .

* alboheza

» alhobeza

* albohol

» alhobol

* arrafiz

» arrazif

* azulaque

» aluzaque

* guedre

)) g lier de

* hamarillo

» haramillo

* hamez

» mahez.

IL

Voyelles.

Le fatha est chez P. de Alcala a ou e; de même en espagnol: bada- na, alhandal y almcdina, almenara, almexia. [* Rarement o: albornia, hoque ; cl'. Dombay, p. 1 b],

* Le ma préfixe qui sert à former les noms de lieu devient mo ou mu : almohalla. Voyez sur ce changement , qui est très-ancien chez les Arabes d'Espagne, mes remarques à l'art, almuzara.

Le a long est presque toujours, chez P. de Alcala, t, et quelquefois *'. Il ôrril :

4

26

hlb

au

lieu de bâb

lictn

»

»

» liçâti

hilîd

»

»

» bilâd

qidgWîd

»

»

» caiiwâd

xebbiba

»

»

» chebbâba

hagim

»

»

X haddjâm

ricela pi.

raceil

»

»

» ri cala pi. raçâil

zeyet

»

»

» zaiyât.

Dans d'autres cas le a conserve sa prononciation primitive: dâr , khaiydl , etc. Jusqu'ici je n'ai pas encore réussi à ramener à des rè- gles fixes les cas dans lesquels il faut suivre l'une ou l'autre pronon- ciation.

* M. Millier (dans le Bulletin des séances de l'Acad. de Munich, 1860, p. 248, 24^) avoue aussi qu'il n'a pas trouvé ces règles; il pense bien que les lettres emphatiques sont peu favorables à ce qu'on appelle Vimâla, mais en ajoutant que même cette loi négative souffre des excep- tions. Au reste Ibn-al-Khatîb a signalé cette particularité dans le dialecte

des Grenadins; sîiU'^t /^^^ v-JI«j> dit-il (man. de M. de Gayangos , fol.

a

14 r"). Le changement du a en î se retrouve dans l'arabe corrompu de Malte, et même, quoique rarement, dans le dialecte du Maroc; Jack- son [Account of Timbucîoo, p. 141) écrit makine z=: ^l^ Lq ; Dombay

(p. 10/) donne v*^ > ^t^^^» pour v^ > <J\£i=>.

En espagnol le a long [* reste a: acitara, etc., ou] devient e: alca- huete, almirez , alhacena, alhamel, axabeba ; en portugais c ou ei: al- mofreixe, almoqueire ; ["^ ou i: aciche, adoquin, al fil , aljabibe, aljofifa, atifle; ou o; xarope = xarabe; comparez mes remarques sur faluca ; alfeloa'].

Le i bref est, chez P. de Alcala et dans l'espagnol, i ou calhelga, ncelga [cf. Dombay, p. 8 d],

11 se change souvent en o (ou). Au Maroc on dit (Domb., p. 8 e): mouchmâch au lieu de michmâch mousni » » » misni

noudjs » » » nidjs.

P. de Alcala écrit muçmar au lieu de mivmar, Ceci nous explique comment les Espagnols ont altéré:

27

abnikhadda en almohada almihaça » almohaza

* Le mi prclixe qui sert à former les noms d*instrumenl ou de vase, devient presque toujours ma chez P. de Alcala et dans l'espagnol: al- madana y almalafa, almarada ^ almarraxa, almarrega ^ almariaga, etc.; aussi mo: almofrez^ almohaza, etc.

Le i long est souvent rendu , chez P. de Alcala , par é. Il écrit :

çaguer au lieu de cagîr ^Juo

çafeha » » » çafîha En espagnol il reste i: acemile, adalid, alamin , alarife, etc.

* Ou bien il devient è , ce qui est beaucoup plus fréquent. Le nom propre Abou-'r-Rabî* est Aborrabé dans un traité de paix de 1309 {apud Capmany, Memorias sobre la marina de Barcelona, IV, 42). De même dans alaqueca, alcablea, alcacel, alcalea, axaqueca, etc.

*La terminaison î des adjectifs est rendue par e: alarbe, aloque, irake; en portugais par im: calaim.

Le 0 se change souvent en t [*ce qui suppose la prononciation ou; dans la poésie arabe i et ou riment ensemble] : algibe [* = alfube et aljup] , albondiga (al-bondoca) , alfocigo (al-fostoc) , alhondiga (al-fondoc) [* (de même au Maroc, Dorabay, p. 8/"); ou bien il est rendu par u: adunia, adufe, alhucema].

Le ou est rendu par u: abenuz , aduar , alamud; ou par o: albacora , albogue, adobe, alaxor; [* ou par t; acicale (= açucale) , almizate].

Pour l'euphonie on intercale des voyelles entre deux consonnes con- sécutives. — Suivant Dombay (p. Si) on dit: semen (semn) , nehcr [nchr) , cha*ar (cha*r), P. de Alcala écrit: hajar {hadjr), cejen {sîdjn) ^:^a*, cufal {cofl), maharuç (jnahrouç) , cuddeç {code) , nakhorot (nakhrol) , necel {neçl)y tagirida {lagrida), xahar (xahr), etc. [* De même en espagnol: alcohol , aljafana , etc.]

Au contraire des voyelles brèves sont quelquefois syncopées [* cf. Fleischer, de Glossis HabichL, p. 25, dern. note]. Suivant Dombay (p. S h) on dit:

dafr au lieu de ta far {Jà?) derca » » » deraca Cf. l'espagnol adarga.

28

III. Diphthongues.

Le J.1 est rendu par au: atauxia ; ou par o: azogue, azote (\)g, açoule), "^ An Maroc celte diphthongue devient très-souvent ou : ^ï^b ^our ^jé^i ,

Li^> pour <Jj-=>' (Bombay, p. 86) , etc.; de même en es]^.: adula, açular. Le ^- est rendu par ai: daifa, azofaifa, aljofaina; ou par ei:acei(e,

aceituna; ou par e: aldea, almea, aimez, xeque.

IV. Observations sur la forme des mots.

* 1°. Les substantifs qui se terminent par une consonne sont très- souvent augmentés d'un e final: xeque, almandarahe et almandaraque , almatraque, almajaneque , adutaque, alfaqueque, elche , zafereche , aceche , acehuche, azabache, aciche, alarde, alhayalde, alfaide, alfayate, azafa- te, almarbate, acicate, acemite, alcahuete, alcaide , algaphite, julepe,ar' rope, alarife, almoxarife, arrecife. Celte remarque s'applique aux let- tres ^, ^, ^, ^, \J^, ^, J^, o, ù, ô, V et o.

2*. Les substantifs sont quelquefois augmentés de la terminaison du

féminin il a. Ainsi (Bombay, p. W p) hadjr (j.^>) est au Maroc hadjra, etc. Be même en esp. : [*alhondiga, alhurreca, almanjarra, almartaga, argolla, azurracha; mais je crois que, dans la plupart des cas, cet a doit s'expliquer par le génie de la langue espagnole plutôt que par celui de la langue arabe].

'^ 3°. La terminaison »î ou ol (dt) est quelquefois rendue en esp, par a ou i: alcana, asequi, azaqui,

^4°. Les mots perdent leur dernière syllabe, surtout quand ils sont longs: alcouce (= alcoceifa), almaciga, almaja, tegual.

* S^ Un très-grand nombre d'entre eux ont passé dans l'esp, sous la forme du pluriel: acicate, alcov, algeroz , alhaquin, alizace, foluz, zara^ guelles , etc.

TITRES DES DICTIONNAIRES ET VOCABULAIRES

Qlll Oi^T SERVI A LA COMPOSITION DE CET OLVRAGE.

DICTIONNAIRES ESPAGNOLS.

Biccionario de la lengua Castellana por la Real Academia Espaîïola, Madrid, 1726. 6 vol. in-folio.

Même ouvrage, 6^ édition, 1 vol in-folio, Madrid, 1822. Cette édition n'a }ms les exemples, mais elle contient beaucoup d'articles nouveaux.

Nmlez de Taboada, Dictionnaire espagnol-français, 9^ édition. Paris, 1842.

Victor (Hierosme), Tesoro de las très lenguas, Espaîïola, Francesa, yltaliana. Genève, 1609, Cologne, 1637.

Cobarruvias, ïesoro de la lengua Castellana. Madrid, 1611.

Ros (Carlos), Brève diccionario Valenciano-Castellano. Valencia, 1739.

DICTIONNAIRES PORTUGAIS.

De Moraes Silva (Antonio), Diccionario da lingua Portugueza, S'» ediçao. Lis- boa, 1844. 2 vol. in-folio.

Vieyra, Dictionary of the Portuguese and English languages. London, 1827. Santa Rosa. Voyez plus haut, p. 10, n. 2.

DICTIONNAIRES ARABES.

Freytag, Lexicon Arabico-Latinum. Halis Saxonum, 1830. 4 vol. in-quarto. Lane, Arabic-English Lexicon. London, 1863. Les trois premières livraisons jusqu'à la lettre •.

Pedro de Alcala, Vocubulista Aravigo en letra Castellana. Uranada, 1505.

50

Bocthor, Dictionnaire français-arabe , revu et augmente par Caussin de l'erce- val, 3^ édition. Paris, 1864.

Berggren, Guide français-arabe vulgaire. Upsal , 1844.

Dombay, Grammatica linguae Mauro-Arabicae. Vienne, 1800.

Marcel, Vocabulaire français-arabe des dialectes vulgaires africains. Paris, 1837. Marcel a incorporé dans son livre le vocabulaire de Dombay, auquel Humbert a fait aussi plusieurs emprunts. Ni l'un ni l'autre ne l'ont avoué; mais il est in- utile de les citer quand le terme dont il s'agit se trouve chez l'auteur qu'ils ont copié.

Hélot , Dictionnaire de poche français-arabe et arabe-français , à l'usage des militaires, des voyageurs et des négociants en Afrique, tirage. Alger (sans date).

Roland de Bussy, L'idiome d'Alger. Alger, 1847. Cet auteur a emprunté beaucoup de ses articles au dictionnaire dont le titre précède.

Humbert, Guide de la conversation arabe. Paris et Genève, 1838.

Naggiar (Mardochée), Vocabulaire arabe et zenati, man. de Leyde, n°. 1645. Naggiar était un juif de Tunis qu'employait le colonel Humbert.

DICTIONNAIRE BERBÈRE.

Dictionnaire français-berbère (dialecte écrit et parlé par les Kabaïles de la division d'Alger) j ouvrage composé par ordre de M. le ministre de la guerre. Paris, 1844.

A.

Aaça val, (lance). C'est le mol arabe La^c Çaçâ) qui signifie chez Freylag baculus el chez P. de Alcala lança , asla.

*J'ai donné des exemples du mot *açâ, avec le sens de lance, dans mes Recherches, II, Appendice, p. xii, n. 2 de la 2*^^ édit.

Abalorio, pg, avelorios (conlerie, grains de verre), semble être une alféralion de Tarabe ,^A]i (al-ballôr) , du cristal.

* Abanico a. pg. Voyez albanega,

Abarraz, albarraz, pg, paparaz (staphisaigre, herbe aux poux) de ^\jj\ v^> (hahb ar-ras) qui signifie «delphinium staphisagria » (Ibn-al- Daitâr, I, 281 *; cf. Boclhor sous staphisaigre [* et Berggren , p. 878, staphisagria]. On trouve aussi les formes habarraz et fabarraz, qui se rapprochent plus du mot arabe.

* Abelmosco (ambrelte, petite fleur, Hibiscus Abelmoschus L.) de ti^>-^!! v--^> {habb el-mosc) , littéralement graine de musc; nous disons ambrelte, mais la dénomination arabe est bonne aussi, car cette fleur sent l'ambre et le musc, mêlés ensemble. En espagnol le mot n'est pas ancien; il semble que ce n'est autre chose que le mot français abel- mosch, ou mieux abelmosc,

Abenuz (ébénier). Les Espagnols, bien qu'ils eussent déjà ebano, du latin ebenus, ont emprunté encore abenuz aux Arabes, qui disent jj^^î (abenous) , mot qui dérive à son lour du grec £(3svoç.

* Abitaque (grosse poutre, «lo mismo que cuarlon, 6 la cuarta parte de una viga; es voz Aràbiga » Acad.) de?

* Acapelar pg. Selon S'. Rose, Moraes et Sousa , ce verbe signifiail: boucher avec des pierres et de la chaux y et ils citent ce passage de I)a- miao de Gocs: «Mandou (npar as Bombardeiras antes que os Mouros

1 ) Je cite la traduction allemande de M. Sontheimer.

viessem, corn pedra, c l)arro^ e acafelar , de maneira, que parccia liulo parede igual.» Leur explication n'est pas tout-à-fait exacte , parce qu'ils ne connaissaient pas Torigine du mot. Il est formé de ca/r , ^,âï ou .à^ , car ce terme s'écrit de ces deux manières (voyez Ibn-al-Baitâr, II, 309 et 585); et /i', que Freylag n'a pas, se prononce ^, car c'est ainsi que ce mot est écrit dans les deux man. du Mosfa'tm , celui de Naples et celui de Leyde, sous [^c>j^^^\ J^. Cafr signifie bitume de Judée, asphalte, et le verde acafelar veut dire par conséquent: boucher avec de Vasphalte,

AcEBiBE (des raisins secs) de v^xj^^i (az-zebib) qui désigne la même chose.

'*' Comparez Ducange sous azebit. En portugais acipipe a reçu un au- tre sens, mais l'origine du mot est la même.

AcEBUcHE, pg. azambujo (olivier sauvage), de l'arabe iC:>^AJj| (az- zanboudja) , comme nous l'apprend P. de Alcala. N'ayant jamais ren- contré ailleurs ce mot arabe qui manque dans les lexiques, j'en donne ici la transcription telle que je l'ai trouvée dans un glossaire latin-arabe (man. 251 Seal.) à l'article oleaster.

*Ce mot n'est pas arabe, mais berbère; le Dictionnaire berbère don- ne, sous olivier sauvage, ô^:>^jji. Toutefois les Arabes d'Espagne l'em- ployaient , comme le prouve ce passage du Mosta'tnî à l'article ^^y^.j

^Jj [olivier sauvage) : \jJt.^ '•^j-^:^ J^^^J i^J^^^^ ^ vi:^Âj ^>ô;'t j-^ / ixï. (jiiAjl c>oj »>^ J-^J> «c'est le zanboudj ; il croît dans les bois et porte de petites olives dont on fait une espèce d'huile blanche et liqui- de. » Ibn-Labboun (Traité d'agriculture, man. de Grenade) écrit ce mot de la même manière et l'explique par^^Lj^^it ^^Xj^I. Chez Hélot c'est

aussi r^^^jf chez Humbert (p. 55) -^jj. M. de Colomb (Exploration des ksours et du Sahara de la province d*Oran, p. 25), qui écrit z-eb- boudj , donne rhamnus lycioides comme le nom botanique.

AcECHE, aciche, acige (sorte de minéral), de _yt (az-zédj), «vitrio- lum,» Ibn-al-Baitâr, I, 512.

* AcEDARAQUE (azédarac , arbre) de v:;a>,^j>M (âzéddirakht) ; voyez Ibn- al-Baitâr, I, 50, Ibn-al-'Auwâm , I, 554. Ce mot est persan d'origine.

AcEiTE (de l'huile) de c^^j^I (az-zeit).

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AcEiTUNA (olive) lie xj^>jii^ (az-%eilouna).

* AcEiTUNi (espèce d'éloiïe). Voyez setum.

AcELGA , pg. aussi celga (belle, poirëe), de iCa-LA^^Ji (assilca ou as- selca) , nom d'unilé (voyez Alcala sous açelga) du colleclif as-silc, hela vulgaris, Ibn-al-Bailâr , II, 41. [* Le mot arabe lui-même vient de c/-* x^AoV; Théopbrasle dit que la variété blancbe de la Bêla vulgaris s'ap- pelle sicilienne; voyez Malin, Elym. Unters. , p. 93, 96].

AcEMiLA, pg. azemola, azimela, azemela, azemala (bêle de somme) de '»Xa\j1\ {az-zémila) , qui a le même sens.

* Dans le dialecte valencien, le plur. adzembles signifie selon Uôs: 1°. compagnies , bandes, troupes, 2°. bagage. Dans le premier sens c'est l'arabe idUJI (az-zomla), chez Freylag comitiim tiirba, turba, agmen ; dans le second c'est 'îXa^^IS (az-zémila) , mais dans un sens que Freylag n'a pas. Selon Burckhardt {Travcls in Ntibia, p. 267) ce mot signifie aussi: fully or great camel load , et Ibn-Batoula (11,128) l'emploie dans le sens de bagage.

Quant au porlugais azemel dans le sens de mxdelier («o almocreve que trata, e guia as azemolas» S^ Rosa), il est facile d'y reconnaîlre

le mol arabe jûjii (az-zemmél) qui manque dans les lexiques: il n'y a que P. de Alcala qui le donne dans la signification de azemilero.

* M. Defrémery observe que le mot zemmél se trouve chez Ibn-Batou- ta, II, 115, il sert à expliquer le mot persan kherbende (8^Âj^i>), qui signifie muletier. On le rencontre aussi dans deux autres passages du même voyageur: III, 352 et 353.

S*. Rosa ajoute que azemel s'emploie encore dans le sens de «cam- po, ou arrayal, cidade volanle, e cujos edificios sao tendas. » C'est l'arabe iJLoJ» {az-zemela ou az-zamala) qui a aussi passé dans le fran- çais sous la forme de smala, mot assez connu par l'histoire d'Abd-el- Kader.

AcEMiTE (fleur de farine) de Js.A4.*Jt (as-semtd) qui signifie fleur de farine de froment (Bocthor).

AcEfiA, [*cenia, Yanguas, Antig, de Navarra, I, 219], /^y. azena , azenia, accnia, asenba , assania (espèce de machine hydraulique), de l'arabe iLJLJt {as-sâmya ou as-scmya) (|uc P. de Alcala Iraduil par «cewA.

* En espagnol et en porlugais la significalion ordinaire de ce mol est

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moulin à eau. En arabe il en a un grand nombre; on les trouvera in- diquées dans le Glossaire sur Edrîsî, p. 520 et suiv.

AcEPHA, aceipba, azeipha. A en croire Marina, ce mot signifie dans l'ancien castillan armée, ce qui est à peu près exact. C'est Tarabe XâSlAo^î (aç'çâifa ou aç-céifa) , qui signifie proprement expédition pendant Vêlé, et de Varmée qui fait une telle expédition. Voyez Ibn-Adhârî, II, p. 57, 65, et Dozy, Recherches; I, p. 168, 174 de la seconde édition. En portugais on trouve aceifa [* et ceifa] , le temps de la récolte. C'est l'arabe îCaAxail (aç-ceifa), «Télé.» De aceifa [* lisez m/o] dérive le verbe ceifar (moissonner).

* Pedro de Alcala traduit cosecha et misse par çai/a, c'est-à-dire, xâavo, et on trouve cbez Berggren (sous récolte) que la récolle d'été s'appelle kIra^ (lisez Kxâjyo). Chez Bocthor ^.j^^ est glaner, '».,sl.x^, glanure,

Lil-u^, glaneur; de même chez Berggren. On voit donc que l'étymolo- gie proposée par M. E. est certaine. M. Diez (II, 111) a demandé, dans la seconde comme dans la première édition de son livre, quelle est l'origine du verbe port, ceifar; il aurait pu trouver la réponse à cette question dans le livre de M. E.

AcEQUiA, cequia (canal, conduit d'eau), de îCaîUJî {as-sâquiya ou as- séquiya) qui désigne la même chose.

AcEROLA, azarolla (espèce de fruit) de B;»^.cj!î (az-za'rôra) , «mespilus azerolus», Ibn-al-Bailâr, I, 532.

*Chez Freytag la première voyelle du mot arabe est o; elle est a chez P. de Alcala, Berggren, etc.

AcETRE, cetre, ccltre, pg. acelere, [* ca/. setri dans Capmany, Mémo- rias, II, 412], mot que S\ Bosa explique par «lavatorio porlatil, vaso de agua as maos.» Il ajoute mal à propos: «vem do Latino acetrum», car c'est le mot arabe J..L-a^Jî (as-sell du persan setil), «catinus par- vus.»

* Le mot acefrum, qui appartient à la basse latinité et que Ducange a rencontré dans une lettre du pape Innocent III, n'est autre chose, comme Ducange Ta dit avec raison, que l'esp. acelre. Quant au mot arabe, il ne vient pas, comme M. Engelmann a trouvé dans Freytag, du persan Jjc^^ (se(l) (car c'est ainsi que Freytag aurait écrire); mais c'est, de même que ce mol persan, une altération du hiin si tul a.

oo

que les Copies prononçaienl (tit^x; voyez M. Fleisclier, de Glossis lia- bicht., p. 74, el les noies de M. Sachau sur Djawalîkî, p. 41.

AcHAQUE. La signilicalion de l'arabe ^bC^ciJi {ach-chacâ o\i ach-chaquc) , morbus, s'est conservée dans le portuij'ais moderne achaqiie désigne «à indisposiçSfo , ou ma disposiçao do lemperamenlo , que actual, ou babilualmenle vexa, e opprime o corpo humano» S*" Rosa; [* aussi en espagnol: infirmité, maladie habituelle]. Dans l'anc. portugais el aussi en espagnol achaque se dit dans le sens de accusation , el le verbe achacar dans celui de «accusar, fazer queixa, ou denuncia contra alguem;» il en est de même en arabe, car P. de Alcala traduit acusar par chacâ et Boclhor donne o.UCà (c/iacdwa) dans le sens de accusation. [* Marcel donne dans le même sens chaquiya (^LjCà) et ce mot se trouve dans le Fuero de Calatayud de 1131 {apud Muûoz, Fueros, I, 461): «El non sil ibi altéra acbachia (var. achaquia) , neque referla in jura»]. Quant à la signiGcation de excuse, prétexte, occasion, je ne l'ai pas re- trouvée en arabe. Peut-être le mot en question a-t-il signifié d'abord excuse à cause d*une indisposition , et de excuse en général , cause , prétexte. On pourrait y comparer l'arabe iOLc Cilla) qui s'emploie éga- lement dans toutes ces significations. [* D'après le Dict. de l'Acad. , le mot achaque ne s'emploie de celle manière que par mélapliore].

AciAL, aciar, pg. aziar (morailles, instrument de maréchal, avec le- quel on pince le nez d'un cheval difficile) , de .Lj (az-ziyâr) qui dé- signe la même chose (cf. Boclhor à l'article morailles).

AciBAR, pg. azevre, azevar, azebre, de môme que l'arabe ^U>ciil (aç- cibâr), signifie ralocs (cf. Alcala).

*M. Millier donne les formes azdbara, zabila, zàbida, peut-être aus- si, ajoule-t-il en citant Clemencin, Don Quijote, I, 84, espar, qu'il dérive de y^jo (çabir) , «mot qui ne signifie pas myrrhe, comme dit Freytag, mais aloès; cf. Description de l* Egypte, 1, 224: ,^^Lia^ ^aas , aloe perfoliata,y> P. de Alcala, sous çavilla yerva del acibar , donne les mots arabes cabàyra, çabâra et çabîra. Dans le Glossaire sur le Mançourt par Ibn-al-Hachchi\ (man. 531 (5)) çabbâra se trouve comme

une forme raagribine {ijÇ^S Vj*^^W J^ \jj:>\Xi^; les voyelles sont dans le man.).

AciCALAR, pf/. a«;dcalar (polir). Bien (luc JJio (rata/a) signiiic en arabe

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polir, je crois être plus exact en dérivant acicalar du substantif jLft>oii [aç-cicâl) que Freytag traduit par politura,

* Je crois au contraire que acicalar ne vient ni de çacala , ni de aç- cicâl, mais d'un verbe qui manque chez Freytag, à savoir JJuo (paî- cala), qui est formé de JJuo (çaical) (politor gladii). En effet, P. de Alcala traduit acecalar et espejar luzir algo par çaical, et sous luzio il donne le participe moçaicaL Cette diphthongue ai est devenue t, car

dans le Dictionnaire berbère polir est JJïam* {sîkel) , ou même t, car

chez Roland de Bussy polir est J.»^, qu'il prononce siqqoL

AcicATE (éperon). Je ne saurais admettre les étymologies arabes qu'ont données de ce mot M. Diez (de sS^^W ach-chauca) et Sousa (de ach'Chicca). Le changement de ch {\J^) en c serait tout-à-fait contre les règles, et de plus on ne saurait expliquer la dernière syllabe te. En outre je ne connais pas en arabe un substantif »^^\ {ach-chicca) dans le sens à'éperon: il n'y a que le verbe t£^ (chacca) qui signifie percer, La véritable élymologie est donc encore à trouver. Les Bas- ques ont aussi cicatea dans la signification d'éperon. Il me faut laisser à d'autres le soin d'examiner si le mot appartient à cette langue.

* Une élymologie tirée du basque a été donnée par M. Mahn, dans une livraison de ses Recherches étymologiques (p. 142 144) qui a paru deux ans après la publication du livre de M. E. Comme je ne sais pas le basque, j'ignore si elle est bonne; j'observe seulement qu'en tout cas le premier a ne se trouve pas en basque ; mais ce qui me paraît étran- ge, c'est que ce mot appartiendrait à cette langue, tandis que tout le monde, sans en excepter M. Mahn, s'accorde à dire que c'est une espèce d'éperon dont les Maures font usage. Pour prouver sa thèse, ce savant linguiste aurait peut-être du commencer par démontrer que l'act- cate est le véritable éperon des habitants des Pyrénées. En second lieu, les Basques étaient sans contredit des montagnards intrépides, des cou- reurs excellents il court comme un Basque, dit le proverbe mais ils n'avaient pas la réputation d'être de bons cavaliers, la nature de leur pays leur permettant à peine de se servir de chevaux, tandis que les Maures au contraire étaient des cavaliers accomplis et d'une grande renommée. A priori il est donc plus vraisemblable que le mot acicale leur appartient, et peut-êhc la dérivation de ach-chauca n'cst-ellc pas

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tout-à-fait inadmissible. Le cliangcmeul de ch en c ne doil pas nous arrêter; j*en ai donné plusieurs exemples dans Tlnlroduction (p. 18), et pour M. E. lui-môme ce n'était pas un mystère (voyez p. e. soïi art. almoxarifb) ; puis ach-chauca signifie réellement éperon; Bocthor, Hum- bert (p. 59), Marcel et Hélot le donnent en ce sens, et les deux der- niers prononcent ach-chouca, au plur. ach-choucât. Or, le portugais a aussi la forme açncale (voyez Vieyra) * , qui répond fort bien à ach' choucâty car la terminaison a/e, qui a embarrassé M. E., n'est autre chose que le plur. arabe, des éperons, une paire d'éperons. Le sens particulier du mot csp. et pg. vient à Tappui de cette étymologie, car en arabe chauca signifie proprement épine , et acicale est un éperon à Textrémilé duquel il y a une pointe, un aiguillon, une épine pour ainsi dire, au lieu d'une étoile ou molette. C'est un véritable éperon maure, un «éperon à la genette,» comme dit Victor, c'est-à-dire, un éperon dont se servaient les Berbères de la tribu de Zenéta, qui étaient au service des rois de Grenade et qui avaient aussi leur selle particulière, silla ginela (voyez mon article ginete). Aujourd'hui encore les Maures ont de tels éperons. Je crois donc devoir me prononcer pour l'origine arabe du mot, et sa ressemblance à des mots basques me semble pure- ment accidentelle.

'AcicHB (hachette de carreleur; «lermino de soladores; el instru- mento à manera de piqueta con corte por ambos lados, que sirve para cortar los ladrillos,» Acad.) de (jilxi.^ (AacAc^acA, ou hachchîch , à'àprès la prononciation des Arabes d'Espagne). Freytag n'a pas ce mot , mais on lit chez Pallme {Beschreibung von Kordofan, p. 137): «On ne con- naît dans le Kordofan ni charrue, ni herse, ni aucun autre instrument aratoire; un morceau de fer en forme de faucille et taillé en pointe aux deux bouts, avec un manche au milieu, remplace tous les instru- ments nécessaires. On l'appelle haschasch.» Comparez p. 101 , 157 et 187. M. d'Escayrac de Laulure (Le Désert el le Soudan, p. 415, 425) donne de même hachchach dans le sens de bêche ou pelle y «qui a la forme d'un petit croissant dont la partie concave olfre un trou dans le- quel pénètre le manche en bois de l'instrument. » P. de Alcala a aussi ce mot, mais sous une forme et avec une signification un peu diiïéren-

l) Sur le obaogctncDt de au eu u et de a cii i, voyez l'introd , p. 28 et 27.

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les, car il traduit paja para leer et punlero para schalar par haxixa. On voit que c'est toujours un instrument pointu.

AciRATE (passage étroit entre deux terres). Bien que Tarabe ±,\,*o,l\ (aç-cirât) ne signifie chez Freytag que via païens, je crois néanuioins que le mot espagnol en tire son origine. M. Lane , Modem Egyptians , I, 91, atteste que aç-cirât désigne: «un pont au milieu de l'enfer, plus étroit que le tranchant d'un glaive, sur lequel doivent passer les âmes. » Il peut donc fort bien se prendre dans le sens de passage très- étroit. Cependant je dois avouer que jusqu'ici je ne l'ai jamais rencon- tré chez un auteur arabe dans cette acception particulière,

* Pour que celte étymologie fût admissible , il faudrait précisément prouver par des passages d'auteurs arabes, que le mot cirât a été em- ployé en ce sens ; mais j'ose prédire qu'on les cherchera en vain. 11 y a plus: le mot acirate semble une corruption; du moins l'Académie dit (sous acidates) qu'il est écrit acidales dans le Lihro de la Monteria d'Alphonse XI. Elle ne cite pas de feuillet, et je ne l'ai pas trouvé dans ce livre. Je le regrette, car il va sans dire que, pour expliquer le mot en question , un passage d'un livre du XIV^ siècle serait d'une grande utilité.

AciTARA, citara (mur extérieur), de »^Lx>^ii (as-silâra) qui ne signifie chez Freytag que couverture; mais P. de Alcala le traduit par acitara de ladrillo, Boclhor par parapet, et on le trouve en ce sens chez Ibn- Adhârî, I, 211, et chez Ibn-Djobair, p. 308. La signification de cou- verture est restée dans l'ancien portugais, car S^ Rosa explique le mot par «tapete, alcatifa, reposleiro, panno de raz, cuberlor bordado, capa, manto de lela fîna, e preciosa.»

*En arabe le mol sitâra, de la racine satara, couvrir, a un sens très-large j car il signifie, comme dit Freytag, omnis res qua tegitur. Dans un sens plus spécial il signifie: 1°. ce que Freytag a exprimé très- bien par aulaeum, car on sait que ce mot signifie tout ce qui est brodé superbement et dont on se sert, soit pour couvrir les murs, les bancs, les lits, etc., soit en guise de rideau. On le rencontre souvent en ce sens dans les documents latins du moyen âge, et j'ajoute ces exemples à ceux qu'on peut trouver chez Ducange et chez S% Rosa: « Dono etiam frontales, pallas, acitaras auro lextas, grecirias (te^ g reciscas) varias, et serici linéique ornamenli diversa gênera,» document de 812, Esp,

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sagr., XXXVH , 317; «Octo veslinienla ad conversis. Decem cilharas. Novem sahanas,» testament de 969, ibid. , XVIII, 332; o liera: cita- rias de sirico magnas. Item quatuor cortinas de sirico parvas ad for- Diam coopertorii. Item magnam cortinam de lino,» inventaire des meubles d'une église, de 1510, ibid,, XLV, 255; «It. ocho cobertores. II. dos cidaras,» autre inventaire, de 1526, ibid., XLVIII, 226; «De- dit quoque praefatae Ecclesiae duas citharas , serico et auro textas, praetiosissimas , » Gesla Roderici. C'est par erreur que Berganza a dit que le mot en question signifie coussin, et cette faute a été reproduite dans le Dict. de Nuilez. Dernièrement M. Cavanilles (Mémoire sur le Fuero de Madrid, dans les Memorias de la Academia , VIII, 15) est tombé dans une erreur bien plus lourde encore, en disant qu'au moyen âge les cilaras dans les églises étaient, soit des instruments de musique, des sistres, soit des vases, des acetres (voyez plus haut ce mot). En arabe et en espagnol le mot en question désigne 2°. une housse. Cette signification manque chez Freytag , mais Ibn-Batouta emploie le mot en ce sens dans trois passages (III, 228, 257, 595), et chez lui c'est tou- jours une housse incrustée d'or et de pierres précieuses, comme chez Gonzalo de Berceo, Vida de Santa Oria, copia 78:

Vedia sobre la siella muy rica acitâra, Non podria en este mundo cosa ser tan clara; Dios solo faz tal cosa que sus siervos empara, Que non podria comprarla toda alfoz de Lara.

Dans mes Recherches (II, Appendice, p. xl de la 2^^ édit.), j'ai cité ce passage, j'ai observé que P. de Alcala et Victor connaissent encore ce sens du mot. Il signifie 5°. mur extérieur, parapet, un mur faible qui couvre un homme, comme s'exprime Becrî, c'est-à-dire, de hauteur d'homme, mais pas davantage, une muraille fort étroite et faible (Vic- tor), «pared delgada como tabique, que se fabrica de ladrillo y cal; en algunos lugares de Castilla debajo de este nombre se comprehende lambien la pared gruessa, que esta no en frenle, sino à les lados de la casa» (Acad.). Ce sens du mot est en arabe un néologisme, et c'est pour cette raison qu'on ne le trouve pas dans nos dictionnaires. Aux passages cités par M. E. , on peut ajouter ceux qu'on trouve dans le Glossaire sur Edrîsî (p. 514) et ceux-ci: Tidjànî dans le Journ, asiat. de 1853, I, 140; Ibn-Batoula, I, 151 ; Cartds, p. 276, 1. 9 a f.; Mac-

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carî, I, 535, 1. 6; II, 161, n. a; «BjILaû (sic), mur de terrasse,» Roland de Bussy.

" A CORDA pg. (espèce de mets; «comida de migas de pao,azeile, vina- gre, e alho ; ou adubada com ovos, assucar, e manteiga,» Moraes) de ë^JJI (ath'thorda) , chez Freytag in friisia fractus panis, cui iuscuhim carnis infundikir, chez Alcala migas de pan cozido et sopa de pan. Je profite de cette occasion pour observer qu'il faut restituer ce mot dans le Carias, p. 130, 1. 6 a f. , on lit mal à propos «^.j; la bonne le- çon se trouve chez Ibn-Çâhib-aç-çalât, man. d'Oxford, fol. 22 v% qui raconte la même histoire.

* AçuLAR pg. (haler, exciter, en parlant de chiens qu'on excite à se jeter sur quelque autre chien ou sur quelque personne). Ce verbe est formé du nom d'action çaiil{dj*^)f ou çaula, qui signifie: l'action de se jeter sur quelqu'un. Açular o cao est donc : exciter le chien à faire la çaula, c'est-à-dire, à se jeter sur quelqu'un.

Adahala, adehala (présent au delà du prix convenu, pot-de-vin). Sui- vant Diego de Urrea, ce mot dérive de ^=>ô (dakhala) «que vale sacar una cosa, o entrar, porque se saca demas, y entra con lo que se com- pra» et il ajoute que ce terme est usité en Afrique. Ce renseignement semble être exact. Ayant trouvé chez Bocthor i3>i>cX.^ {madkhouT) , qui est de la même racine {dakhala) ^ dans le sens à' émolument , je serais porté à croire qu'il a existé un substantif ad-dakhla avec la même si- gnification que l'espagnol adahala.

* Celte étymologie, vraie au fond, n'est pas cependant tout-à-fait exacte, car l'accent dans le mot espagnol {adahala) montre que le mot arabe doit être ad'dakhâla (iC]Li>tXJi). Il est vrai que Freytag n'a pas celle forme, mais on la trouve deux fois chez Maccarî (I, 572, 1. 3 a f., et 584, 3 a f.), cependant elle a un autre sens que l'esp. cfc^a^a/a.

Adalid, pg. adail, val. adalil , de J^J^X^il {ad-dalîl) , dérivé du verbe dalla, montrer le chemin. Ainsi s'appelaient les guides et chefs de la cavalerie légère qui courait le pays ennemi. Voyez Mendoza, Guerra de Granada, p. 41.

"^ La forme correcte adalil, qui s'est conservée dans le dialecte valen- cien et dans le portugais (adail pour adalil), se trouve aussi dans une charte de 1255, publiée dans le Memor. hist. esp., I, 15 (mais dans l'édition qu'en avait donnée Espinosa {Hist. de Sevilla, IF , fol. 17 ^), on

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lit adalid) et dans les Opùsculos légales d'Alphonse X (I, 122, 125).

*Adaraja, adraja (harpe, pierre d*allenle qui sort d'un mur) de X>,v>Jî (ad'daradja) , degré, marche. Miiller. M. Lafuenle y Alcânla- ra, qui dérive ce terme du même mot arabe, m'en a fourni cette ex- plication tirée de la Carpinteria de lo hlanco: «Los dientes ô puntas al- lernativamente salientes y entrantes que forman el adorno principal de k)s racimos. (Racimo es la pina ô adorno en forma de cono invertido, que pende de la clave de algunos techos gôticos, ô armaduras de ma- dera).»

Adareme, adarme, de l'arabe (>^y>^^ (ad^dirhem), espèce de poids et de monnaie. Le mot dirhem lui-même n'est qu'une altération du grec

Adarga, darga (bouclier). Je ne m'occuperai pas ici de l'origine de iarga, fr. iarge, mais je crois que adarga vient directement de l'arabe jCâj^J! (ad'daraca). J'ai déjà remarqué qu'on le prononçait ad-darca (voyez l'Introd., p. 27 à la fin) [* aussi chez Naggiar] , et en outre on peut comparer le changement de daraca en darga à celui de auctoricare en otorgar, il y a la même élision d'une voyelle brève et la même altéralion de c en g. Du reste ce mot était très-usité en Espagne: non-seulement P. de Alcala traduit escudo par daraca et darca , mais il donne encore darraca (adargar) , modarrac (adaragado, broquelado, escu- dado), et darrâc (escudero que haze escudos).

* En espagnol on disait aussi adaraga; Nunez donne cette forme et elle se trouve dans les Corles de Léon y de Castilla , II, 84, 99, ainsi que chez Alcala sous adaragadante (cf. plus loin l'article anta).

Adargama, aldargama (espèce de pain) de iCXx.Jc-M (ad-darmaca) qui signifie pan hlanco (Aie).

* Le mot espagnol désigne aussi du froment ou de la farine de première qualité. L'Académie l'explique ainsi: «Es uqa suerte de harina de tri- go, que corresponde à lo que llamamos oy harina de flor, de que ha- cîan el pan mas delicado. » En arabe darmac a le même sens; voyez Alcala sous trigo candial; Becrî, p. 48, I. 14; Ibn-Batouta, III, 382;

al-Cabbâb (man. 138(2), fol 79 v»): ^lùS st^jOJ^\ vJu5^, «l'excellente farine du darmac. »

Adarve («el espacio ô camino que bai en lo alto de la mu ralla , sobre

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cl fjiial se levantan los alnieiias» Acad.). En arabe ad-darb se dit dans le sens de chemin, passage clroil , mais je dois avouer que je ne l'ai jamais rencontré dans une acception analogue à celle de l'espagnol ac/arue. ^31. Millier dérive ce mot de «.j^xi! [adz-dzirwe ou adz-dzorwe), cré- neau, qui convient quant à la forme, car le dzâl devient d en espa- gnol, et le changement dans la première voyelle (qui, comme on voit, n'est pas conslanle, même en arabe) n'est pas d'une grande importance. Le sens me semble convenir aussi, car à mon avis le mot adarves (on l'employait de préférence au plur.) signifiait d'abord en esp. créneaux ; puis , en prenant la partie pour le tout, muraille crénelée. Dans le Fuero de Molina, publié par Llorente (Noiicias de las très provincias Vascongadas, IV, 119), on lit: <^ Qui casa poblada ioviere. Do vos en fuero al concejo de Molina, que vecino que en Molina toviere casa poblada de dentro de adarves, sea siempre excusado de pechar, e nunca pèche sino es en la labor de los muros. » Ici adarves signifie évidemment la muraille d'enceinte. Victor aussi ne donne rien autre chose que ceci: ^^ adarves, les murs d'une ville.» Dans le Fuero de Madrid de 1202, publié dans les Memorias de la Acadcmia, t. VIII, on trouve trois fois (p. 40 a, cf. p. 46/^) «la obra del adarve,» ce qui équivaut à l'expression a la labor de los muros» dans le Fuero de Molina. Dans une ordonnance de 1351 , il est question de la division de l'argent provenant d'une amende, on lit de môme {Cortes de Lcon y de Caslilla, II, 89): «et la olra ter- cia parle para los adarves de los lugares do acaescier. » Dans un pas- sage du Poema de Alexandro , il est question du siège d'une ville, on lit (copia 204):

Que ya querian los de fuera al adarve entrar ;

Mas bien gelo sabien los de dentro vedar.

Aujourd'hui encore on parle des adarves à Grenade; ce sont des for- tifications conslruiles, dit-on, par le marquis de Mondejar (voyez Gi- menez-Serrano, Manual del viagero en Granada , p. 140); <^\es Adarves, qui font partie de l'Alliambra dit M. Davillier (Hist. des faïences his^ pano-moresques à reftets métalliques, p. 15), «sont situés près de l'en- ceinte fortifiée de ce palais.» C'est par calachrèse qu'on a donné aussi le nom à'adarvc à l'espace qui règne dans le haut de la muraille cré- nelée; un écrivain du XV'' siècle, l'auteur anonyme de. la Vie de Don Miguel Lucas, donne à ce chemin le nom de «el andamio del adarve»

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(dans le }femor. hût. esp., VIII, 545), ce qui est une expression plus exacte. Cependant les Arabes eux-niômes semblent avoir employé s.^i en ce sens, car on lit dans un passage d'Ibn-al-Khatîb, cité par Mac- carî (Seconde l*artie, III, 4î>, 1. 12 édil. de Boulac) et il est ques- tion de Tescalade d'une forteresse : ô^.%JL1 «^-jjî;^ ^^yXJî xji Î^Â-i^Ljl^ ^.^C\ ^c «u sL>ô'J' iCx^j (lisez v^ajo) , « ils prirent un échafaud au moyen duquel on pouvait atteindre Vadarve et qui se trouvait à cause d'une bâtisse qui n'était pas encore achevée.»

"Adefina, adafina, dafina (ragoût autrefois en usage parmi les juifs d'Espagne). Aux deux exemples donnés par l'Académie, j'ajoute ces deux autres; l'Archiprôtre de Hila, copia 755:

Algunos en sus casas pasan con dos sardinas , En agenas posadas demandan golierias, Desechan el carnero, piden las adefinas, Desian que non combrian tosino sin gallinas;

Cancionero de Baena (p. 457, et non pas p. 447, comme on trouve dans le glossaire);

Senor, non manjedes manjar d'adefyna ,

El quai gostaiedes con grand amargueça.

Ce mets est encore en usage parmi les juifs d'Afrique; M. Prax en parle (dans la Revue de l'Orient el de l'Algérie y VIII, 279); il écrit defina cl il dit que c'est un potage aux herbes. Le mot, toutefois, n'appartient pas, je pense, à la langue des juifs, mais à celle, des Arabes. Casiri {apud Marina) attesie que les Orientaux font encore usage de ce mets et qu'ils l'appellent ad-dafîna et al-med/'ouna ; il ajoute qu'il est composé de viande, de choux et d'épiceries, et que le mot dérive du verbe ^-v^ [dafana) , cacher y ensevelir. Ces renseignements ne sont nullement las- tasques, comme prétend Marina yo sospecho ser todoestocaprichoso»); au contraire, ils sont confirmés par le témoignage de lierggren qui al- lestc (p. 264, n°. 69) que ioj.sJs^, medfouné^ signifie aujourd'hui (en Syrie probablement) choux au riz.

Dans le (\nuionnri) de Uaena (p. 445), l'on trouve ces deux vers:

Johan Garcia, mi adefyna Vos dire yo inucho cedo.

Jean Garcia, je vous dirai très-promplement mon at/d/iMa,» ce mol ne

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peut pas signifier une espèce de mets, comme Pont cru les auteurs du glossaire. C'est bien le même mot arabe, mais avec son acception or- dinaire: res quae absconditicr. Le sens est donc: «je vous dirai Irès- promptement ma pensée secrète.»

*Adazal (pas, dans les dict.). Décrivant la pêche du thon, Escolano {Hist. de Valencia, I, 730) dit qu'on emploie deux espèces de filets, dont l'un, qui est fait de sparte, s'appelle adaçal. C'est l'arabe l^Ai! {ad'disâr) t qui, dans l'arabe classique, signifie une corde faite des fibres du palmier , et que l'on peut fort bien appliquer à un filet fait de sparte.

Adela z^^'. (fripière, «que vende fato nas feiras, e pelas ruas») de iJ^AJi (ad'dellâla) qui est le féminin de déliai, courtier. Le mot arabe dérive du verbe dalla, qui, à la seconde forme, signifie vendre à l'en- chère, «almonedear» (Aie).

Adelfa (laurier-rose) de ^JLioJî (ad-diflâ) , rhododendron (Bocthor) , nerium oleander (Ibn-al-Bailâr, I, 420. [* Le mot arabe lui-même est une altération de lx(pv^].

* Ademe (étançon , étai , pièce de bois avec laquelle on soutient les travaux intérieurs d'une minière) de iU^iAJl (ad-di'me) ou iC^UjJÎ {ad- di*éme) y columna , trabes supra quas exstruilur lectum, Mliller.

* Aderra (corde de jonc dont on entoure le marc de raisin sous le pressoir). M. Mûller dérive ce mot, qui est en usage en Aragon, de 'éj\X}\ (ad-dirra) , comme l'avait déjà fait Marina; mais cette opinion me paraît inadmissible. En elfet, le mot dirra a un tout autre sens; c'est un nerf de bœuf ou une espèce de cravache faite de cordes tordues en- semble, dont on se sert pour donner des coups; celle du calife Omar I", qui n'y allait pas de main morte quand il était en colère, était fort redoutée dans le temps et elle est restée célèbre. En Aragon au con- traire, Vaderra ne sert pas à frapper, mais à entourer, et cette cir- constance explique l'origine du mot. 11 vient de la racine ^b {dâra) , entourer, et c'est 5yî Js.il (ad-déira) , chez Freytag une chose qui en en- toure une autre; chez Ibn-Balouta (ïll, 223) c'est sangle, en parlant d'une selle, et Vaderra aragonaise est aussi une sangle.

* Adiafa (les présents et les rafraîchissements que l'on donne aux na- vires qui arrivent dans un port), pg. diafa (ce qu'on donne aux ouvriers au delà de leur salaire, lorsque le travail est terminé) de iCsLAiaiî {adh- dhiâfa), don d'hospitalité, festin (voyez Quatremère, llisl. des suit, maml.,

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I, 1, 76; mes Loci de Ahhad., II, 192, n. 23 , et le Glossaire sur Edrîsî, p. 338). Il est étrange que Marina et M. E. aient oublié ce mot; M. Mliller y a pensé.

Adivas (maladie des bétes , squinancie) de iL*=uÂil (af/-(/ai6Aa), «dolor in gutture » . . ? P. de Alcala traduit esquinancia par dobôh (^^) , qui vient de la même racine.

* Quoiqu'elle ait une apparence spécieuse, rétymologie donnée par M. E. n'est pas la véritable, et je propose de changer cet article de cette manière:

* Adivas , abivas (Victor) , adinas (Nuilez) , /r. avives (maladie des chevaux, semblable à Tesquinancie ou angine chez les hommes, et qui provient de l'enflure des glandes à la gorge) de iCxjJvJt {ad-dziha, ad- diha) , chez Freylag: « morbi species, qua afïici solet guttur iumenti. » Dans un Traité d' hippialrique (man. 299(3) , fol. 100 V». 102 v^) on

trouve des détails sur celte maladie, qui y est appelée xlâlÂ^I^ i^ÂjJJî,

et sur la manière de la guérir. Ibn-al-'Auwâra (II, 603, cf. 593) en parle aussi.

Adive, adiva, pg. adibe (espèce d'animal) de »-oÂJi (ad-dzib). Il semble être inexact de traduire ce mol arabe par loup; Maccarî (1,122) atteste qu'il y a en Espagne une espèce de bête fauve appelée lob (lobo) et il ajoute que cet animal est un peu plus grand que le dzib.

* M. Muller a sur cet article une note qu'il vaudra mieux passer sous silence. M. Defrémery observe que le mot dzib signifle en Algérie cha- cal y mais chez les poètes et les naturalistes loup. Cette remarque est fondée; une foule de voyageurs attestent qu'en Afrique le dzib est le chacal (quelques-uns d'entre eux nomment mal à propos le renard); voyez, p. e., les relations de Marmol (I, 26 6), de Shaw (I, 262 trad. hol- land.), de Hœst (p. 294), de Bruce (V, 84, 110), de Poiret (I, 235), de Jackson (p. 26, et Account of Timbuctoo, p. 299), de Daumas {Sa- hara, p. 179), de Pflijgl (dans les Wiener Jahrb,, t. LXIX, Anz. Bl. , p. 29), de Tristrara (p. 385), d'Orrasby (p. 291), Revue de VOrienl et de VAlg.y XIII, 90. En espagnol et en portugais adive ou adibe a tou- jours indiqué le môme animal, jamais le loup, et bien que P. de Al- cala traduise lobo par dib, je crois néanmoins que le peuple arabe en

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Espagne entendait sous ce mot le chacal, comme ses frères d'AlVique. Quant au loup, le peuple lui laissait son nom espagnol lobo , qui en arabe avait acquis droit de cité , comme le prouvent ces deux passages du Mosta'tm : v-^Uî ^^3> yS> w^jAii ,j.j^ et v.^Jlii B.t^/o ^^'P ^\l\ » L-o.

Adobe (brique crue) de v-jj,LiJi {al-lôh) , brique.

* ÂDooum. Ce mot est expliqué de cette manière par Nunez : « Morce : pierre pour les pavés et pour quelques autres usages, taillée d'une ma- nière particulière. Adoquines Canivaux: gros pavés qui traversent le milieu d'une rue pour le passage des voitures. Contre-jumelle: pavés des ruisseaux. Parements: gros quartiers de pierre qui bordent un chemin pavé.» C'est donc en général un gros quartier de pierre, et je crois que c'est le mot arabe ^^Is'lXjI, ad-dokkân , ad-dokkîn selon la prononciation des Arabes d'Espagne. Dokhân, ainsi que dakka , autre mot de la même racine, signifle un banc en pierre ou en bois {dakkah , «bench of stone and wood,» Burton , PUgrimage, l, 303), particulièrement un banc en pierre («stone bench,» Burton, II, 31), tel qu'on en trouvait dans les portes des villes et aux portes des maisons ou des mosquées. Ainsi on lit chez Bicâ'î (dans Kosegarten, Chrest, Arab., p. 143): b^^^ao c^^-jI^-s \{ij<,yS .sùl\ L^^^lsi jj^Jl^o L/o ^l\-«-j ^î^j.j ^:^2 ^Iav^JI/o '».4.j^hs^f «je vis une pierre grande et lisse, dont le côté supérieur présentait un carré assez grand pour qu'une personne put s'y asseoir, de sorte que cette pierre était comme une dakka.» Dans les Fables de Bidpai (p. 281): ^jJ>=>- KÂjAji ujLj ^h ss'^ù ^Jss^i «il s'assit sur une dakka dans la porte de la ville. » Chez Becrî (p. 118): .Ij^il ^Lj X^ ^\,^ù ^i L^Jl^è, «ils s'assirent sur un dokkân à côté de la porte de l'hôtel» (M. de Slane a traduit mal à propos boutique). Chez Ibn-Batouta (II, 351): «Je pas- sai un jour près de la porte de la mosquée de Sinope; il y a en cet endroit des dokkân les habitants s'asseyent» (»Axaj ^^^^^^ \:5^l.^j5 L^dc (j^'oJi). Il est possible que les tailleurs de pierres aient donné le nom de dokkân à des quartiers de pierre qui ressemblaient à des bancs en pierre, bien qu'ils fussent destinés à un autre usage, et il y a dans Ibn-Batouta un passage qui me confirme dans cette supposition. En par- lant d'une colonne près d'Alexandrie, il s'exprime en ces termes (1,30):

jU/fll xxijA a^l:5\^ c\ct^5 As. j^aSÎ uX-i» ^i:^^sÂiî x^îC:S\/iî BA>t^ iCxbî ^P*,

ii^.

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K^-Jà*]! ^i^i^Js.]! , «elle est d'une seule pièce, arlislenienl laillée, et on Ta dressée sur des assises en pierres carrées qui ressemblent à de grands dokhàn.»

* Ador (temps limité pour arroser, dans les endroits Teau d'arro- sage appartient au commun) de j^O^\ {ad-daiir) , periodus , le retour pé- riodique de Tarrosage. Comparez l'article adula.

Aduana, t7. dogana, prov» doana", /r. douane (bureau Ton paye les droits imposés sur l'entrée et la sortie des marcbandises) de l'arabe ^^^^jJ! (ad'dhvân) qui est lui-même d'origine persane. 11 signifie d'abord registre ^ et de là: l'endroit les employés qui tiennent les registres (c'est-à-dire , les administrateurs des finances) se réunissent , bureau. Ensuite il se prend dans l'acception de chancellerie , conseil d*élat, salle d^ audience, etc. Comparez pour toutes ces significations les Prolcgomcnes d'Ibn-Kbaldoun (II, 16). Quant à la signification de hu- reau de douane, qui manque chez Freyl'ag , on la trouve chez Ibn- Batoula,} I, 112; [MV, 265; Ibn-Djobair, p. 36; Maccarî, I, 728, 1. 21; II, 148, 1. 4 a f.; 511, 1. 14 et 15; Ibn-Khaldoun, Hist. des Ber- bères, I, 401 , 483, 493, 494, 597, et surtout 637; / diplomi arabi del H. archivio fiorentino éd. Amari, passim , p. e. p. 103; Documentos arabicos para a historia porlugueza éd. Sousa, passim, p. e. p. 52; Boc- Ihor, Marcel et le Dictionnaire berbère sous douane; Humberl, p. 210].

Aduar. En arabe ^^J^ii (ad'douar) ou ^^^Ait {ad-douâr) se dit d'un campement de Bédouins, dont les lenles sont rangées en cercle avec les troupeaux au milieu. Un douar consiste ordinairement de cent ou de cent cinquante liabilalions. Voyez Marmol, Descripcion de Affrica ^ I, fol. 36 v^ Le mot arabe lui-même est dérivé du verbe ^^ô (dâra), circumivil , gyrvm egit.

* M. Engelmann n'aurait pas laisser au lecteur le choix entre deux

formes arabes. Le mot est ,LjJl (ad-dauivâr ou ad-douwâr) , au plur. ^3^0. Il manque chez Freytag on ce sens , mais on le trouve déjà chez un auteur du XII' siècle, à savoir chez Edrîsî , qui dit (Clim. I, Sect.

S): yj^'^ XiL>^ ^iS^5 /**^ t^j^ ^i^^ t^-J^^ 0^.*>-«t « deux villes

qui ressemblent à des villages , et entre lesquelles il y a des hameaux et des douars de Bédouins, r On le rencontre aussi chez Ibn-Balouta (II, 69).

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*Aducar, aldiicar («cierta tela de seda de especie, y suerte no la mas fina; es de mas cuerpo que el tafetân doble, y liene sobresaliente cordoncillo. Hablan de ella las Ordenanzas de Sevilla , tilulo Tejedôres de terciopelo; no se fabrica este género de lela. Pragm, de tassas y afio 1680, fol. 6: Cada vara de adûcar negro à catorce reaies,» Acad.; chez Nuilez aussi: la soie extérieure et grossière du cocon, contilles, strasses, rondelettes). Je crois pouvoir expliquer l'origine de ce mot, mais en parlant de trois suppositions. Selon la première, il signifie proprement slrasse; selon la seconde, la forme alducar est la meilleu- re, et selon la troisième, il y a dans cet alducar une de ces transposi- tions de lettres qui sont très-fréquentes (cf. Tlntrod., p. 24 et 25), car à mon avis c'est proprement alcudar ou alcadur, en arabe ^cXaJt. Frey- tag a al-cadhar, «sordicies, sordes,» et «spurcus, sordidus,» ainsi que

al'Cadhour (^«Âiiil) , «sordidus, immundus.» Je trouve ce mot, quelles qu'en soient les voyelles, avec le sens de strasse, dans un passage des Mille et une nuits (I, 311 éd. Habichl). Une dame y dit: Dieu a béni l'argent dont j'ai hérité; ^^Âait r-r^S j^-j^^ Jj^^ ^^^ > "J^ ^^® '^ ^^^® ^^ je rejette la slrasse.» C'est évidemment une locution proverbiale et dont le sens est : je suis assez riche pour n'employer que ce qui est très-fin et je ne veux pas de ce qui est grossier, de même qu'un fileur opulent rejette la strasse, dont d'autres, qui sont sans fortune, se ser- vent pour en fabriquer une espèce de soie de basse qualité. Comparez l'article anafaya, car ce mot signifie de même strasse et espèce d'étoffe faite de strasse.

* Adufa pg, (contrevents, grands volets de bois qui servent à garan- tir en dehors une fenêtre, et qui s'ouvrent et se ferment suivant le besoin; adufa d'un moulin, la planche qu'on place dans la bouche du conduit, afin d'empêcher l'eau d'arriver au moulin) de w^il, arf- douffa y car c'est ainsi qu'on prononçait en Espagne le mot qui chez Freytag est daffa et qu'il explique d'une manière si peu satisfaisante, que M. E. a omis le mot adufa, bien qu'il eût été noté par Sousa. Il est facile de voir que le mot port, désigne proprement une planche, et telle est aussi la signification propre du mot arabe; Humbert (p. 191), Bocthor et Berggren le donnent sous planche. Mais comme une planche, ou plusieurs planches réunies ensemble, sert à différents usages, le mol arabe (qui chez Bocthor et chez Marcel est aussi quelquefois isijô ,

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altération de tiJô) signifie en outre : 2°. hallanl d'une porte ; voyez Bocthor, Berggren et Marcel sous ballant. En décrivant une mosquée, l'auteur du Carias (p. 59) parle des xLiiJt s-jt^-j! J.c ^yii! ^.♦.^iî * wàîj^Jl

«battants rouges des portes qui sont situées du côté du midi.» Z°. porte, Alcala traduit puerla de madera par dùf, au pi. diféf; de dos puer ta s cosa est cbez lui min dnfetèy ; Bombay, p. ^0 , janua ; Humbert, p. 192, petite porte. On lit dans le Cartâs (p. 39): ûù i^S ^ xibli ^wôUvo «J à-»^^ ^^iliil w»lJi ^ Ki^. , «il fît faire trois clés pour la première porte, et trois autres pour la seconde.» Et plus loin (p. 153) : .^^î t^>-^

jd^, «la pierre lancée par le mangonneau vint tomber au milieu de la porle d'al-Mahdîya, qui était entièrement de fer, et la fit plier au mi- lieu. » 4°. porte posée horizontalement sur une ouverture à rez-de- chaussée, c'est-à-dire, trappe. Ibn-Batouta (I, 264) rapporte qu'au mi- lieu de la mosquée de Médine il y a 'iXsAA fjo^\ kj=>^ ^^^ iCiU^/o xi^ V^v>y« j^^ «une trappe couvrant le sol et fermant l'ouverture d'un souterrain pourvu de marches, et qui conduit à la maison d'Abou-Becr, au dehors de la mosquée.» 5°. contrevent y comme adufa en portugais; Bocthor sous contrevent et sous volet; Hélot ; Cherbonneau, Dialogues ^ p. 76. On s'aperçoit aisément qu'au fond cette signification est la même que celle de battant de porte. 6°. gouvernail, un gouvernail étant aussi une planche; Humbert (p. 128), Hélot; Bocthor et Marcel sous gouver- nail; Berggren et Bocthor (i5jJî «A.j) sous timon. En parlant d'un

naufrage, Ibn-Batouta dit (IV, 187): xijcJ! j^JLc Jjl ^^-'1 i^>Lo Jji^ , «le patron du vaisseau gagna la terre sur le gouvernail,» et dans les Mille et une nuits (III, 55 édit. Macnaghten) on trouve: «La pierre tomba sur la poupe du naVire, la brisa, et fit voler le gouvernail (K-50^J') en vingt morceaux.» Je dois encore faire observer que la prononcialion avec la vovelle ou ne semble avoir été usitée que dans la

l) C'est ainsi qu'il faut prononcer d'après Alcala, et non pas v^5Ji, comme l'a fait l'cditeur, M. Tornberg. Chez les Grenadins le plur. était aussi ol^O* voyez Kitâb akhbâr at-^açr (dans Mûller, Die letzten Zeiten von Granada) ^ p. 24, 1. 12.

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péninsule ibérique; d'après les diclionnaires de la langue moderne on pro- nonce aujourd'hui partout (même au Maroc selon Dombay) de/fa, deffè ou dilfé,

Adufe (espèce de tambour) de uiJ^Ji (ad-doii/f) , que Bocthor traduit par tambour de basque.

* Adula, dula. Ce mot a deux significations qui au premier abord semblent tout-à-fait distinctes. En premier lieu c'est, comme disent les Espagnols, une «voz de regadio,» dont on se servait à Tudèle, et qui a été expliquée peu exactement par l'Académie et par Nuûez. Selon Yanguas (Anligûedades de Navarra, I, 7, 8) c'est: «todo aquel tiempo en que las aguas de ciertos regadios , repartidas à dias entre diferentes campos à heredades, corrian su curso basta que todos ellos hubiesen disfrutado, volviendo à comenzarlo de nuevo.» C'est l'arabe KJ^uXil {ad' daula) , perioduSf le retour périodique de l'arrosage ; comparez plus haut l'article ador, mot qui a le même sens, et voyez aussi Becrî , p. 48, 1. 4 a f. L'explication de Yanguas m'a été fort utile; si je n'avais eu que celle que fournit l'Académie et qui sans doute est tout-à-fait fausse («locus rigationibus carens»), il m'eût été impossible d'expliquer l'ori- gine du mot.

En second lieu, il signifie en Aragon et en Navarre: «Iroupeau de gros bétail appartenant à différents particuliers, que mène paître un dulero, c.-à-d., un homme payé par la communauté.» Freytag n'a rien qui puisse faire soupçonner que le mot arabe a ce sens; cependant il s'emploie encore au Maroc dans la même acception, car Dombay donne (p. 99): «igrex, iCJ^^, dûla,r> et je me liens persuadé qu'au fond c'est le même daula , periodus. On menait ^diiire périodiquement le troupeau, et c'est par abus qu'on a donné le nom de daula ou dula au troupeau ui-même. En général le mot daula ^ de même que daur, signifie tout ce qui revient à des temps marqués. Chez Pedro de Alcala, par exem- ple, c'est leçon que donne un professeur {lecion del que lee; en ce sens ce mot se trouve chez Maccarî, III, 201, 1. 2 a f. éd. de Boulac), parce qu'un professeur donne ses leçons dans des temps fixes et réglés.

Adunia (beaucoup, abondamment) de LitX^i [ad-donyà) , /e monrfe, sub- stantif qui en Espagne était usité comme adverbe, car P. de Alcala traduit harto por mucho par ad-donya , et mojarse mucho par inlaca^a ad- donya Ui^ii «axi'. De même dans la demande du confesseur; « Jngas-

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tes dineros deseando ganar con miiclia cobdicia,» il a rendu les der- niers mois par tarbah (g^y) ad^donya,

* En Algérie le mot ed-dounia s'emploie encore à peu près de la même manière, car on lit chez Cherbonneau, Dialogues, p. 71: «Mon- sieur, vous ne trouverez pas à meilleur compte, ^^^-x-^JLxwo ^ ^\

JjCib LojJI ^i !^jd«j, à moins que vous n'employiez de mauvais ou- vriers qui vous gâteront tout. » Le portugais a aussi adunia comme adverbe, mais il signifie dans cette langue partout, en tout lieu; «vejo tormenlos adunia , » est l'exemple que donne Moraes.

*Adur pg. Selon S^ Rosa et Bluleau, cité par Moraes, ce mot si- gnifie méchanceté, trahison, dans ce passage de la. Vida d' El- Rei D. Joao I par Fernao Lopes: «Aonde tantas virtudes raoravao adur podia nenhum cuidar. C'est peut-être un mot formé de la racine ^o^ {gadara) , pro- didit, perfide egit, mais en arabe ^^O^ {gadour) signifie perfide, et non perfidie,

" Adutaquë (fleur de la farine de froment). Ce mot , qu'on trouve dans les Ordonnances de Séville (Acad.) et qui est sans doute d'origine arabe, me semble une altération de aducaque, de la racine ^^ (dacca). Dakik, qui vient de la même racine, signifie farine, et selon la défi- nition de l'Académie, le mot adutaquë désigne: «la harina de la adar- gama,» c'est-à-dire, la farine de cette espèce de froment qu'on nomme adargama, en arabe ad-darmac (voyez plus haut). Or un jurisconsulte de Fez, al-Cabbab, qui vivait au XIV^ siècle, fait mention (raan, 138(2),

fol. 79 v°) de l'excellent dakik du darmac, v*^^^ ^Ji^jyXl\ r^:>. On voit donc que dakîk ad-darmac répond à adutaquë. Quant au mot dou^ câc, qui signifie tennis, suhtilis, de même que dakîk quand on rem- ploie comme un adjectif, il se prend aussi dans le sens de farine, car selon M. Lane (traduction des Mille et une nuits, II, 377, n. 4), il si- gnifie farine de lupin.

Agemuz, axenuz (nielle), de j^;^! (ach-chenouz) comme on disait en Espagne (Aie.) au lieu de ach'chounîz, qu'on trouve chez Freytag. Celui-ci traduit ce mol par «medicamenti species,» et « nomen herbaî.» C'est Boclhor qui en donne la véritable signification, celle de mc//c, herbe aux épiées; dans la traduction d'Ibii-al-Bailar (If, 111) «nigella saliva. »

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Agengibre, gengibre, gengible, de J..^*^iyî (az-zetidjehtl) , du gin- gembre, aamomura zingiber» Ibn-al-Bailâr, 1, 537. Voyez p. 18 de rinlroduclion.

Aguaxaque (gomme ammoniaque) de sJlà^JI (al-wochchac) , ammonia- cum.

"^Dans le Libro de la Monteria d'Alphonse XI on trouve (fol. 19a): «galvano e aluayaque.» 11 faut lire aluaxaque; c'est une forme plus correcte que aguaxaque,

*Ahorrar, dans le sens à' affranchir , voyez sous horro; mais M. Mill- ier observe avec raison que ce verbe signifie aussi épargner , économiser , et que, pris en ce sens, il vient de ^.s^ (wa/fara). En effet, waffara a ce sens, bien que Freytag ne le donne pas. Alcala traduit acaudalar ' ahorrar en el gaslo par waffar; voyez aussi Humbert, p. 219 , Hélot, Berggren sous épargne, Bocthor sous économe, etc., épargne, etc. Dans l'AMftar madjmou'a (man. de Paris, fol. 111 v°) on lit au sujet de l'émir Abdal- lah : «c\j ^5 \.A 't^y^^ ti5^/A*.Âiî ^^^Î3 ^yû^\ {»;a3î^ rsù\y^i s^xai ^c j-^^^^

j^i/o &*», «ses capitaines n'étant pas en état de l'aider, il s'appliqua à la piété et aux exercices de la dévotion, en économisant l'argent pu- blic qu'il avait entre les mains et qu'il gardait soigneusement dans l'espoir qu'un jour il pourrait être utile. Puis, comme les impôts ne se payaient pas par suite de la puissance à laquelle les révoltés étaient parvenus partout, il épargnait l'argent destiné à payer les soldats des divisions militaires, et retranchait de leur solde à ceux d'entre eux qui se trouvaient encore auprès de lui.» De même chez Maccarî, I, 231, 1. 2 a f.; Mille el une nuits, III, 66 , 1. 4 a f. éd. Macnaghten.

Alacena, alhacena (buffet, armoire pratiquée dans l'épaisseur d'un mur), de '»^\y<\\\ (al-khazéna) , «apotheca, cella.»

*La forme classique est al-khizâna, mais chez P. de Alcala la première voyelle est aussi a. Aujourd'hui encore ce mot signifie buffet (voyez Lane) , et on le trouve en ce sens chez Maccarî, II, 516, 1. 14.

Alacir a. pg. (la vendange) de ^-aaûxJÎ {aWacir) que P. de Alcala tra- duit par otohada.

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* Il y a donc une singulière erreur dans ces paroles de Marmol {Re- belion de los Moriscos, fol. 9a): «Los très meses del aûo, que ellos llaman la Azir, que quiere dezir la priniavera. »

Alacran, pg, alacral, alacrao, lacrSo (scorpion), de Vj**^' (al-'acrab) qui désigne le même animal.

* Aladroquk mure, (anchois qui n'est pas salé). Dans une liste d'espè- ces de poissons, Cazwînî (II, 120, 1. 1) nomme aussi o^^ïJt {ar-raC' roc), mais je ne sais pas si c*est l'anchois, car le mot ne se trouve pas dans les dictionnaires.

Alafia (beneflcio, salud) de XAîUit (al-âfiya) que P. de Alcala traduit par salud.

* M. E. aurait mieux fait de ne pas suivre Marina en expliquant ce mot espagnol. Selon l'Académie, il signifie seulement pardon, miséri^ corde, et il ne s'emploie que dans la locution pedir alafia, demander pardon, en parlant d'un homme qui se rend à son ennemi. Il faut re- marquer toutefois que dans cette expression *âfitja n'est pas proprement pardon, quoique le verbe 'afà signifie pardonner; 'âfiya doit se prendre dans son sens ordinaire, incolumilas chez Freytag, et pedir alafia est: demander la conservation de la vie, demander la vie, en parlant d'un homme qui prie son ennemi de ne pas le tuer.

*Alagara, alfagara, alhagara, alfajara, alfagiara h, ht. On lit dans une charte (Esp. sagr., XXXVI, p. xliii) : «de belos (i. e. vélos) de templo alhagara una grecisca, frontales duos.» Dans une autre {ibid., p. xxvii) : « alhagaras II de sirice (de soie) , frontales III de altare de serico. » Dans une troisième {ibid.., p. xxxv): «alfagara I grecisca, et frontales II.» Dans une quatrième (ibid., p. lxi) : «et cucumam ar- genteam, et unam alagaram dimisam in viride. » Dans une cinquième {apud Yepes, Coronica de la Orden de San Benilo, VII, Apend., fol. 10 V»): «alfagiaram unam.» Il faut lire le môme mot au lieu de alara dans une charte citée par S\ Rosa sous alveici: «et unum morcum, alara una de alvejci» (cf. plus loin l'article alguexi), et dans une autre publiée par Sota {Chronica de los principes de Aslurias y Cantabria, p. 686 6), le texte porte; «frontales de serico II, albayalem I,» car albayal n'existe pas, du moins à ma connaissance. Carpentier, dans son supplément au glossaire de Ducange, n'a cité de ce mol qu'un seul exemple («tuli inde coronam argcnteam, et duas alfajaras, et

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iinum calicem de argento»), et il ne l'a pas compris, car il a craque c'était l'espagnol alhaja (en arabe x^L^^vit) , qui signifie meuble. C'est un tout autre mot. On a vu, par les citations qui précèdent, qu'il désignait un rideau de soie ou de brocart dont on se servait dans les églises; il est donc aisé d'y reconnaître le mot arabe 5,L5\xiî {al-idjâra ou aWadjârà) y qui signifie réellement rideau, et qui, dans la traduc- tion arabe de la Bible, sert à indiquer le voile dont Moïse se couvrait le visage chaque fois qu'il retournait auprès des Israélites après avoir parlé avec l'Eternel (Exode, cbap. XXXIV à la fin).

*Alahela, alahea , algela /?^. (petit camp), de KJl^t (al-hilla) , «gens quae aliquo loco subsistit, tentoria. »

Alahilca («colgadura, ô tapiceria para adornar las paredes» (Acad.)?

* Je me tiens persuadé que Marina (qui écrit alailca) a eu raison de dire que c'est l'arabe '».sàjtl\ (al-Hlca), Ce mot vient de la racine 'alaca, qui, à la seconde forme, signifie pendre, suspendre; il répond donc exactement à l'espagnol colgadura (draperie , tapisserie) , qui vient de colgar, verbe qui signifie également pendre, suspendre. On suspendait les tapisseries le long des murailles; de leur nom en espagnol, en vieux allemand (Umbehanc), en anglais (hangings) , en hollandais (6e- hangsel) et en arabe , car dans les Mille et une nuits elles sont appelées quelquefois iCiiUJÎ ^yc^Jt {as-sotour al-mo'allaca , littéralement les rideaux suspendus) et aussi vJ^JUxii {at-ta'âlic) (I, 804 éd. Macnaghten; il faut lire de même dans l'édition de Habicht, II, 347, 1. 2, III, 31, 1. 5, 53, 1. 10, au lieu de ^JlxxJî, ce qui est une orthographe défectueuse

= vjixixAJi). Ces mots dérivent de la même racine.

*Alamar (ganse de soie, de fil d'étain, d'argent ou d'or, que l'on coud sur le bord du vêtement, et qui sert, soit d'ornement, soit de boutonnière). M. Muller fait venir ce mot de ^xl\{aWalam), qui, selon lui, signifie tresse, galon. Malheureusement il ne signifie pas cela (M. Millier semble avoir mal compris Freytag), et même s'il le signifiait, le changement de al-alam en alamar serait un peu trop fort. Marina avait pensé à J.4.^iî al-khaml), chez Freytag: «incisae fimbriae strati villo- si, cui insidetur,» et M. de Gayangos (dans le Memor. hisL esp.,l\, 92) , qui du reste a confondu alamar avec alfamar, mot dont la signi- fication et l'origine sont tout-à-fait différentes , est de la même opinion.

Al'khaml pourrait, il est vrai, devenir alamar, mais le changement ne serait pas léger ; en outre la signification ne convient pas (voyez le Lexique de Lane) , et encore faudrait-il prouver qu'il était usité dans le langage ordinaire des Arabes d'Espagne, ce dont je doute.

A mon avis, alamar vient d'un mot qui manque dans les dictionnaires arabes; mais avant d'exposer son origine, il convient d'établir quel est son sens propre. Victor dit ceci: aalamâres, ce sont plusieurs boucles entrelacées en forme de cbaîne, cordons entrelacés comme sont les bou- tons à queue;» puis il a encore un autre mot qui ne se trouve pas dans les dictionnaires modernes , ou plutôt une autre forme du même mot, à savoir alamber; aalambér, bord, cordon.» J'en conclus que le mot signifie proprement cordon. En effet , ce qu'on a appelé plus tard alamàr se nommait anciennement cuerda, témoin ce passage d'une or- donnance de l'année 1348 (Corles de Léon y de Caslilla,! ,619): «Otrosy ningund omme de nuestro sennorio que non traya adobos ningunos en

los pannos, salvo que puedan traer en los niantos texiellas é

cuerdas.» En second lieu, la forme alamber montre que la troisième radicale est bien décidément un r, et qu'il faut appliquer ici la règle établie avec raison par M. E.: «La combinaison mr intercale un b eu- phonique.» Cela posé, j'ose croire que alamàr est o^I^jiJ! (al-'amâra). D'après Roland de Bussy, ce dernier mot signifie ligne de pêche; c'est, comme on le voit sans peine , le même sens que cordon. Cherbonneau (dans le Jotirn, asiat. de 1849» I, 546) le donne dans l'acception de

garniture d'un vêtement, et dans ses Dialogues (p. 225) il traduit ^^*iS> b'Ufi par a des haïks avec garniture.» Cela ressemble déjà beaucoup à Valamàr espagnol ; mais il y a dans Marmol un passage qui est décisif. Dans la description de Fez , ce voyageur du XVP siècle s'exprime en ces termes {Descripcion de Afjfrica , II, fol. 97 6): «Todos tienen hermo- sas cuerdas, y sementales labrados de oro, y seda , y aljofar, con bor- las de diferentes colores que caen sobre los estribos (que llaman i4mara^) y los cuhren todos.» La construction est ici un peu louche, comme elle l'est souvent chez Marmol qui n'était pas un grand écrivain ; mais comme les élriers n'ont jamais porté le nom A'amaras, W est facile de voir que c'est celui des beaux cordons d'or et de soie, ornés de pierre- ries et garnis de houppes de différentes couleurs , dont se paraient les cavaliers et dont ils se couvraient entièrement. Voilà donc les

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aîamàres dont l'usage a été introduit en Espagne par les Maures.

Une seule question reste à résoudre: celle de savoir comment le mot 'amdra a reçu le sens de cordon y car la racine *amara a des significa- tions tout-à-fait différentes. Aussi je crois que dans l'origine ce n'est pas un mot arabe, mais un mot berbère. Dans cette langue corde est j\ja\ {amràr)', les Arabes en ont fait 'amâra.

Alambique, pg, lambique, fr. alambic (vaisseau pour distiller), de /^AAi'::Ji (al-anhic) qui dérive à son tour du grec ^;a/3/? ou ocf4,(2i)coç,

Alamin (vérificateur des poids et mesures) de q^a^\ (a/-a wf w), « fiel de quien confiamos,» et de «fiel de los pesos, fiel de las medidas del pan» (Aie).

'^ En espagnol comme en arabe ce mot a encore plusieurs autres ac- ceptions, mais comme elles proviennent toutes de la signification propre «fiel de quien confiamos,» je me dispense de les énumérer. Alamina (amende que payaient, etc.) vient de alamin; voyez TAcadémie.

Alamud (verrou) de ôj,*xl\ (al-'amoud) qui signifie chez Freylag columna. Cependant il a désigne en Espagne la même chose que son dérivé , car P. de Alcala traduit cerrojo par 'amoud,

*Le mot 'amoud, qui désigne souvent une masse d'armes (voyez les exemples rassemblés par de Jong dans son Glossaire sur le Latâif al-ma'ârif de Tha'âlibî, p. xxix et xxx) , signifie proprement une barre de fer (voyez Bocthor sous barre). Aussi le verrou qui s'appelle ala^ mudy est-il défini de cette manière par Nuilez d'après l'Académie; «barre de fer carrée pour fermer les portes et les fenêtres.»

* Alaqueca, pg, aussi laqueca, pierre brillante des Indes qui arrête le flux de sang, comme disent les dictionnaires. C'est XiiJi*jî (aZ-'a^'uzca) , cornaline, pierre précieuse qui, selon les Arabes, arrête le flux de sang (voyez Ibn-al-Baitâr, II, 201).

* Alara (seulement dans l'expression «huevo en alâra,» pellicule au dedans d'un œuf) de xJbU [galâlà), que Freytag n'a pas en ce sens, mais qui est donné par Bocthor sous pellicule. Le changement de ga- lâla en aldra est parfaitement régulier: le gain a été retranché (voyez rintrod., p. 14) et le second / est devenu r {ibid. , p. 22). L'esp. a aussi la forme algara ; voyez ma note sur ce mot.

Alarbe, pg. alarve (hombre barbaro , rudo, aspero) , de ^j*^\ (al-'arab), un Arabe,

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* Mieux chez Sousa: de ^_^-jj*i^ {aWaraht) , car al'*arab est un collec- tif, les Arabes. Quant à la terminaison e =: e, voyez Tlnlrod., p. 27.

Alarde (revue) de ^jxl\ {al-ardh), «recensio exercilus.» ["^ Ce mot a encore un autre sens; voyez plus loin Tarticle alcamiz].

Alarguez (bois de rose) de ^J^J.t^\^\ (al-ârgins) , mot d*origine berbère qui désigne Técorce de la racine de la plante herbârts, Ibn-al-Bailâr, I, 4.

* Selon Ibn-al-Bailâr, ce mot n'indique, chez les Berbères et les Arabes, que Técorce de la racine du berbâris, c'est-à-dire, de Tépine- vinelte. On en fait des onguents (voyez Ibn-al-Bailâr et TAcad. sous alarguez: «sus raices sirven para hacer unguentos»); aussi le Libro de la Monteria d'Alphonse XI nomme-t-il (fol. 19 a) parmi les poudres à employer pour faire revenir la chair d'une plaie: «palascias, é alargues, é corlezas de mill granas.» En porl. largis esl , selon Vieyra, «une sorte d'écorce qui vient de l'Inde et qui ressemble beaucoup à la can- nelle.» L'explication de Victor est celle-ci: «bois appelé bois de rose, pource qu'il en a l'odeur, et selon aucuns, une écorce délicate d'un certain bois qui est de couleur jaune.» Mais les Berbères et les Espa- gnols ont aussi donné le nom à'alarguez à l'épine-vinette même, ou à un arbuste qui lui ressemble , car on lit dans le Glossaire sur le Man- court par Ibn-al-Hachcbâ (man. 331(5), fol. 156 v°) à l'article ^ja^^a.^

(SUCCUS lycii) : yJU.ib ^y^y^ LP^^^^ O^y^ ^^^ L$*'^^ '^iy^^^ «.Lac j,^

iby^^lj (j^Afij*^! j^^-,4-;.^^, «c'est un suc qu'on importe et qui s'appelle aussi cohl khaulân; l'arbrisseau qui le produit se trouve au Magrib et porte en berbère le nom à*ârguts; » et l'explioalion de l'Académie esp. est celle-ci: «plante qui ressemble à l'épine blanche, de la hauteur d'un petit arbre, et dont les fleurs ont de la conformité avec les roses.»

Alarido. Voyez algarada.

Alarife, val. aarif, alarif (hombre que sabe de edificios), de wÂj^'Î [al-arif), architecte, «alarife juez albailir, juez de edificios.» Ce mot arabe est très-usité dans ces significations, que lui donne P. de Alcala, mais qui manquent chez Freylag. Voyez Maccarî, I, 375, le Cartâs, p. 36, Dozy, Glossaire sur Ibn-Adhârî, p. 34.

Alarixes, arixes («especie de uvas, que son de! tamafio y hechura de las albillas, pero mui roxas,» Acad.). En arabe iC-i^jJt (al-'aricka)

r,8

a la signification de vigne (cf. Alcala au mol parra o vid cepa). Bien que plus d'une fois le nom d'une plante désigne aussi les fruits de cette plante, je ne suis pas à même de décider si le mot arabe en question a été usité dans le sens de raisin.

* Celte élymologie me paraît bonne au fond , mais je crois devoir la modifier un peu. Les mots 'artch (qui est fort mal expliqué parFrey- tag) , 'artcha et mo*arrach (qui manquent chez ce lexicographe) signi- fient proprement un berceau j un treillage taillé en voûte sur lequel on fait monter du jasmin, du chèvrefeuille, de la vigne, etc. (voyez Boc- thor sous berceau), surtout une treille, un berceau de ceps de vigne entrelacés et soutenus par un treillage (Boclhor, Berggren , Marcel, Humbert (p. 54, 182), Hélot et le Dictionnaire berbère sous treille). On lit dans les Fables de Bidpai (p. 176): «Ils avaient un berceau Çarkh) sous lequel ils s'assemblaient et s'entretenaient.» Chez Ibn- Balouta (II, 205): «Le bétel est un arbre qu'on plante à l'instar des ceps de vigne, et on lui prépare des berceaux {mo*arrachât) avec des cannes, ainsi qu'on le pratique pour la vigne.» Ailleurs (II, 309): » Sur les deux rives du fleuve sont plantés des arbres de diverses espè- ces, des ceps de vigne et des berceaux {mo' arrachât) de jasmin.» Plus loin (II, 434): «Depuis la porte de l'église jusqu'à celle de cette en- ceinte, il y a un berceau [mo'arrach) de bois très-haut sur lequel s'é- tendent des ceps de vigne, et dans le bas, des jasmins et des plantes odoriférantes.» Chez Davidson {Notes taken during travels in Africa, p. 42): « A^ covered walk of laris» (dans un jardin). Jackson {Account of Marocco, p. 95) explique el-araice par: «flower, or pleasure gar- dens;» c'est parce que les jardins au Maroc se composent ordinairement de berceaux; comparez chez Ibn-Khaldoun , Hist. des Berbères , I, 413:

Ol^^j*v0 oU> ^\.£. J.«.A<ii.J S\X\\ ylLJl qUavwJI \j.a:2> jr;^^ ^*^:î' ^^^^^

ol>i:%yt/o ^*.L^ , « il forma aussi dans le voisinage de la capitale le fameux parc, dont les jardins étaient en partie composés de berceaux.» Ensuite le mot 'arwh se dit aussi, comme treille en français, des ceps de vigne qui montent contre une muraille ou contre un arbre. C'est en ce sens

qu'lbn-Djobair l'emploie quand il dit (p. 255) : ^IA:5\ît J^.b.j ^X:^\ v\J?^ Laâc y^ ^S J^^jSi, «le long de la muraille s'étendait une treille qui portait des raisins.» On a vu qu'Alcala donne aussi cette signification;

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il l'a en outre sous vid o parra o cepa el sous vid abraçada con arbol. 11 se dit enliii abusivement, comme treille en français, des raisins qui viennent sur treilles et que Becri (p. 148, 1. 7 a f.) appelle al-inab al» mo^airach^ chez Ibn-al-'Auwâm (I, 366, 368, 375, 376) al-carm al- mo'arrach. C'est le mot espagnol alarixes ou arixes, car les raisins qu'il désigne ont des ceps très-hauts (Herrera cité par l'Acad.), ce qui les rend fort propres à monter contre un treillage.

* Alaroza. Ce mot qui se trouve dans le Cancionerode ^ae/m(p. 354) dans Tacception de fiancée, nouvelle 77ianVe, est Tarabe x^.jiii (aZ-'ard^a), qui a le même sens. L'ancienne langue n'avait que 'arôs pour sponsHs et pour sponsa; mais de bonne heure on a donné à ce mot la forme féminine, 'arasa y quand il s'agissait d'une femme. On la trouve chez un poète populaire du XI*' siècle {apud Maccarî, II, 145, 1. 16); le Carias Ta aussi (p. 272, dern. 1.); Alcala la donne sous esposa et sous novia, et aujourd'hui elle est partout en usage.

Alaxu, alaxur, alfaxu, alfaxur («cierta pasla que hazen los Moros , hecha de pan rollado, miel, alegria y especias» Cob.). L'arabe ^-:i»^î {al'hachoii) démontre que alfaxu est l'orthographe la plus exacte et que les autres formes n'en sont que des altérations. Quant à la significa- tion, on trouve dans les lexiques: alhachou, «farctum;» c'est P. de Alcala qui le donne dans l'acception qu'il avait en espagnol.

Alaxor, alexor, [* alesor dans Muiloz , Fucros, I, 375] (espèce d'im- pôt), de ,^>i.*Jt {al-ochôr), pi. de al-'ochr, la dîme. ['Chez Nuûez je trouve alejor, o mesure agraire.» Ce mot semble avoir une origine sem- blable].

Al-atar (droguiste) de ^lLi*ii {cd-allâr), «celui qui vend des parfume- ries (^c **7r).» [* En arabe al-allâr est aussi droguiste; voyez le Glossaire sur Edrîsî, p. 346].

* Alatron (aphronitre, écume de fleur de nitre) de ^j^jo^\ (al-atrôn) que Ton trouve chez de Sacy , Chrest. arab. , H, p. 10, 1. 5 du texte, au lieu de la forme ordinaire Qji/ii-l {an-natrôn). Miiller.

Alaza.n, py. alazao , fr. alezan (de couleur fauve, en parlant d'un cheval). C'est l'arabe ^jUx2=0i (aUhivân) qui signifie e(/uus nobilis et pulchcr. Au Magrib ce mot a une acception plus étendue, car selon Bocthor et .Marcel il y désigne un cheval en général. [* De même chez l'auteur espagnol Becri , p. 35 . cl <!i(v Alcala sous (.aballo]. Les Es-

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pagnols au contraire , semblent l'avoir pris dans une significalion plus restreinte, en y attachant l'idée d'une certaine couleur. [* Cette éty- raologie me paraît fort suspecte, car le mot arabe n'a jamais été un adjeclif désignant une certaine couleur, et Alcala traduit alazan par un tout aulre mot].

Alazor (carlhame) de ^àAaxJi (al-'ocfor), «carthamus tinctorius, » Ibn- al-Bailâr, II, 196.

Alaude pg., esp. laud, if. liuto, /r. luth, de ô^x.l\ (al-'oiid) qui désigne le même instrument.

"^ Albacar val. («barbacana, » Rôs)?

AiBACARA (petite poulie) de s^it (albacara) qui a le même sens.

"^ Comme on prononce albacara, il vaut peut-être mieux dire que c'est l'arabe B^lXJ! (al-baccâra). Cette forme manque chez Freytag , mais elle se trouve souvent chez Alcala (avec le pi. j^LSLi), p. e. sous les mots carrela como rodaja y garrucha, polea, roldana o carrillo; on la rencon- tre aussi dans le Carias, p. 36 med., 106, 1. 9, et chez Hélot.

*Au XV^ siècle albacara avait encore un tout autre sens, celui de tour dans les fortifications selon Nuûez, et M. de Gayangos, dans une note sur la Chronique du connétable Don Miguel Lucas (dans le Memor. hisl. esp., VIII, 508), cite ce passage de la Crônica de Don Juan II (édit. de Logroilo, 1517, fol. 9 d) , il est question de la ville de Se- tenil: «é tiene una puerta al cabo de la villa, y en el comienzo del castillo, con una albacara, cerca de una torre muy grande é muy her- mosa; é tras esta albacara tiene otra como manera de alcâçar, é hay dos puertas desla albacara al alcâçar,» et plus loin (ibid.): «y embiôles 1res lombardas para que tirassen en derecho del albacara del alcâçar del castillo, do estava la puerta.» M. de Gayangos ne doute pas de l'origine arabe de ce mot, qui selon lui désigne une espèce de tour, et il en propose deux étymologies ; mais l'une est aussi inadmissible que l'autre; il n'est pas nécessaire de les réfuter, car il va de soi que al-

bacara (»^-.ÇM), poulie, convient aussi peu que al-wacra (Bj^jJ', et non

pas iLîJ.iî comme écrit M. de Gayangos), nid d'oiseau. Il est étrange que ce savant ne se soit pas aperçu que le passage de la chronique du connétable qu'il commentait, fournit à la fois l'étymologie et la véri- table signification du mot. Il y est question de rapprovisionncmenl

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d'une forteresse et on y lit: «metiôles denlro en el alvacara (var, al- bacara) fasta quatrocientas vacas, y terneras las mas faniosas y gordas que jamas se vieron.» Valbacara contenait donc quatre cents vaches et veaux; or, al-bacar (jaJ^) est en arabe le raot ordinaire pour bœufs ^ et il est clair qu^albacara signiflait, non pas une espèce de tour, mais une vaste étable les habitants et la garnison d'une forteresse mettaient le gros bétail. Les Arabes disaient sans doute «Fétable des bacar,* mais les Espagnols disaient albacara tout court. Que si Ton relit à présent le passage de la Chronique de Don Juan II , on verra qu'il ne contient rien qui s'oppose à cette interprétation, et les deux endroits que j'ai cités sont les seuls, si je ne me trompe, ce terme se trouve.

Albacea (exécuteur testamentaire) de j_^a^jJî {aUwacî) [*qui a le même sens; voyez Quatremère, Hist. des suit, maml., I, 1, 237, II, 2, 109].

Albacora, bacora (grosse flgue noire précoce). L'arabe ^^LaJÎ (al- bâcôr) signifie précoce, et au Magrib une espèce de figue précoce; Bom- bay traduit bâcôr par « grossus , ficus praecox » et M. Cherbonneau (dans le Joxirn. asiat. de 1849, I, 558) par o figue fraîche.» [* Comparez Shaw, I, 225 de la trad. holland. ; mais je crois que M. Ë. s'est trompé en citant Dombay. Ce dernier donne (p. 71): ^ bâcôr ^ primitiae fî- cuum,» et le «grossus, ficus praecox» est la traduction de albacora dans le dict. de l'Acad. esp.].

* En esp. et en port, albacora est aussi le nom d'un poisson de mer semblable à la bonite (Nufiez) ou au thon (Moraes, Vieyra ; ce dernier donne aussi les formes albacor et albecora). Je n'ai pas trouvé ce mot dans les dictionnaires arabes, qui sont extrêmement défectueux pour ce qui concerne les noms de poissons.

*Albaden (pas dans les dict.) doit avoir été le nom d'une étoile, car dans une ordonnance d'Alphonse X réglant le prix de certaines choses, on trouve nommé parmi les étoffes: «El albaden rreforçado é porpolado cinco mrs.; el otro alhaden sensillo dos mrs. é medio» {Cortes de Léon y de Caslilla, I, 68). Je crois que c'est l'arabe iu'ixJî (al-bilâna ou al'biléna) , ou peut-être lu pluriel, QjliaJi (al-baléïn). Freytag et Lane ne l'ont que dans le sens de doublure; il signifie aussi peau de mouton préparée y et avec celle acception il a passé dans l'esp. sous la forme badana (voyez cet article); mais elle ne convient pas pour le passage qui nous occupe. Chez Pellissici" (Description de la liégcncc de Tunif^ ,

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p. 153) je trouve: <ibelama, couverture bariolée en laine,» et chez Naggiar, parmi les objets qui composent le lit: «iCAiLbj, couverture.» Cette signification semble plus appropriée, et peut-être faut-il l'admettre aussi pour un passage d'Ibn-Iyâs que j'ai cité dans mon Dict, des noms des vêlem. y p. 85, et on lit que, par suite d'une grande mortalité, on ne pouvait plus se procurer des étoffes de coton de Baalbec , ni des batéïn, pour en envelopper les cadavres.

*Albapar, albafora pg, (grand poisson sur les côtes du Portugal, Vieyra) ?

Albafor pg, (encens , parfum) de ^j-^Ji {al-hakhôr) qui a la même signification. J'observerai à cette occasion que c'est à tort qu'on a voulu dériver le verbe avahar (chauffer avec l'haleine, etc.) de l'arabe -^ {bakhara). En espagnol la syllabe ar n'est que la terminaison de l'infinitif, tandis qu'elle est radicale dans le mot arabe, et il est évi- dent que avahar, ainsi que vahear, bafear, vient de baho ou bafo (cf. Diez, II, 100). [* L'Académie , sous avahar, a donné la bonne étymo- logie].

Albahaca, alfabega, albabega, alabega, [*/>\ fabrègue] (espèce d'her- be, basilic), de Uix^i (al-habac) , «menlha pulegium,» Ibn-al-Baitâr, I, 283.

"^ Albaida. 1°. Chez Victor: «blancheur; c'est aussi une petite pièce de monnaie qui s'appelle autrement Blanca, laquelle vaut environ un denier tournois.» L'explication italienne («bianchezza , è una picciola moneta detta bianco») me fait soupçonner que le mot ne signifiait pas blancheur, mais seulement une petite pièce de monnaie, et que blan- cheur n'est qu'une explication du lexicographe. Quoi qu'il en soit, il est certain que albaida est l'adjectif féminin j:L-.i3aJî {al-baidhâ) , la blan- che. C'étaient sans doute les Mauresques qui se servaient de ce terme pour désigner la pièce de monnaie appelée blanca par les Castillans. En effet, dans un document tolédan de l'année 1523, les blancas sont ap- pelées ^>A!i v>5.âJî (al'foroud al-bidh) ; voyez les Memorias de la Acade- mia, V, 311. S*'. Selon l'Acad. (6' édit.): «Arbrisseau rameux haut d'environ deux pieds; ses feuilles sont blanchâlres et ses tleurs jaunes. Anthyllis cytisoides. » Les mots que j'ai] soulignés prouvent qu'en ce sens albaida est le môme adjectif arabe.

* Albaire (œuf, dans la langue des bohémiens). Je crois avec Marina

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que c'est une alléralion de ïUsaJ! {al-baidha ou aUhaidhe) ^ le raot or- dinaire pour œuf.

Albala , albaran, albara, pg. alvara (quillance , cédule, diplôme, passe-port), de ïi-Jl (al-barâ) que P. de Alcala traduit par cedula hoja

0 caria f conlrato. Dans les Voyages d'Ibn-Batoula (1,112) on le trouve dans la signification de passe-port.

*Freytag écrit ce mot »G et le place sous la racine <^^j; il aurait

le mettre sous U et récrire «eî^-j, car telle est la forme classique, tandis que sly est la forme vulgaire (voyez le Lexique de Lane). 11 signifie proprement quittance ^ comme l'indique l'étymologie, et on le trouve en ce sens chez des auteurs anciens, p. e. chez Mohammed ibn- Hârilh , Hist. des cadis de Covdoue ^ man. d'Oxford, p. 303, 358; plus tard on l'a employé pour désigner toutes sortes d'écrits, et aujourd'hui c'est en Algérie le mot ordinaire pour lettre (de même chez Ibn-Khal- doun, Hist. des Berbères, II, 351, dern. 1., et chez Ibn-Balouta, IV, 268). Mais anciennement le mot albala, albara ^ alvara ^ albarra, avait un tout autre sens, à savoir celui de district (voyez Yanguas, AntigûC' dades de Navarra, I, 25 et 26), ou plutôt de territoire qui s'étend au- tour d'une ville, banlieue; «el concello de Tudela ô de su albara, » lit-on dans un document de 1330 {apud Yanguas, III, 421). En ce sens c'est l'arabe al-barra (tLJO- ^^ *^^^ ^i (barr) signifie: ce qui est hors d'une ville ou d'une maison, la banlieue d'une ville (voyez Quatremère dans les Notices el Extraits, XIII, 205, el Hist. des sultans mamlouks , II,

1 , p. 80), et barra se dit dans la même acception. Hélot donne barr el barra, le dehors, et Burlon {Pilgrimage, II, 18) barra , les faubourgs. Dans les documents espagnols alvara se prend aussi dans le sens de village ou hameau appartenant à la banlieue d'une ville, comme dans le Fuero de Cabanillas de 1124 {apud Yanguas, I, 157): «Et quod ulla alvara de Tudella non facial vobis de embargo de quantum ibi est hermo cl populalo cum suis monlibus el suis aquis;» dans une donation faite par Alphonse-le-Batailleur à l'église de Tudcle en 1121 (Esp. sagr. , XLIX , 331) on lit: «El dono vobis similiter et concedo tolas illas Mez- quitas cum suis haereditatibus, quae sunt in ilios castellos, in illas al- munias, que sunt de alvaras de Tudela, cum suos furnos et cum totas suas haercditales;-» et |)lus loin (p. 332): «Et simililer dono Deo et

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Sanclae Mariae totas illas décimas de totas alraunias, quae sunt vel erunt in termino de Tiitela , aiit ubi unqiiam habuenint alvaras illos Moros de Tiitela aut haereditates, quod sit propria haereditas de Deo et de Sancta Maria per saecula cuncta.» Ces renseignements peuvent ser- vir à corriger l'article Alvara dans Ducange.

"" Albanécar (pas dans les dict.). M. Lafuente m'a fourni de ce mot l'explication suivante tirée de la Carpinteria de lo hlanco: El triàngulo rectangulo formado por el partoral, la lima tesa .y la solera.

v-^

Solera i : (A. Albanécar).

Il le dérive de xs^âJ! {al-hantca) , ce qui, comme on pourra le voir en comparant l'article suivant , est parfaitement exact.

Albanega («réseau de forme ronde, que les femmes portent ordinaire- ment sur la tête et avec lequel elles retroussent les cheveux» Cob.). C'est l'arabe KïUJi [al-hanâca ou al-hamca) que P. de Alcala traduit par cofia de muger et par alvanega cofia. Voyez plus de détails sur ce mot dans le Dict, des noms des vélem. de M. Dozy, p. 90 et suiv.

* J'ai à faire quelques additions à Tarlicle de mon Dict. des homs des vêlements cilé par M. E. D'abord la forme du mot arabe ne semble pas être iCïUJ!, bien que P. de Alcala donne banêca sous alvanega, mdiis iCiLa>.il, car Alcala écrit banîca sous cofia de muger , Diego de Haedo beniga (son albanega paraît plutôt la forme espagnole) *, et Daumas (Le Sahara algérien, p. 242) mentionne des «bonnels de femme appelés be- nika.y> Dans la langue classique banîca signifie la pointe d'une chemi- se, le morceau d'étoffe, taillé en pointe, que l'on coud sur les côtés d'une chemise, entre le devant et le derrière, pour lui donner plus d'ampleur (voyez Lane) ; mais plus tard il a reçu d'autres sens. Chez

l) En citant ce passage de Haedo, j'ai avoué que j'ignorais comment il faut écrire le mot lartiot qui y est l'équivalent de heniga.' Je l'ai trouvé depuis chez Berggren , qui donne (p. 805) Xaj^, «bonnet des dames, orné de petites monnaies d'or ou d'argent,» et

sous bonnet ^aId*^, «bonnet d'évêque. »

Maccarî (IJ, 711, I. 14 et 15, il faut substituer deux fois iCiîAÀj, comme on trouve dans l'édition de Bonlac, à iCib^i) il signifie (lar- geur d'une étoffe entre ses deux lisières), et Barth {Beisen, V, 704) donne hentge^ raies d'une chemise. Dans Tanc. portugais ata/irco, qui est sans doute le môme mot , avait un autre sens (\u*albanega en espagnol. Ce n'était pas une espèce de coiffe (a un albanega morisca, con unas barbas postisas,» lit-on dans un inventaire publié par Saez, Valor de las monedas, p. 531), mais une sorte de collet ou de fraise; «compunha- se de huma tira de garça, ou volante, da largura de huma mao tra- vessa, tomada en préga» (S". Rosa).

*«ALBAriAL, albafiar, albellou, abojon, arbollon (cloaque, égoul). La diversité des formes étant si grande, il sera bien permis d'insister d'abord sur celle qui dans la seconde syllabe a le / ou le j qui est provenu de //. Si nous supposons ensuite que le n à la fin a été substitué à un /, et si nous pensons à alquinal , mot dans lequel le / est provenu d'un 'mn (cUiLÎ , al-quinâ*) , alors il ne sera pas impossible de reconnaître le mot arabe p^^^'-^ {al-bâloti') , iCc^'lJI (al-bâlou'a) , qui a le même sens, comme celui qui a donné naissance au mot espagnol.» Millier. Ces remarques sont sans doute justes au fond , mais elles me semblent de- voir être modifiées. En premier lieu je dois observer que la forme bâ- lou\ donnée par M. Miiller , n'existe pas en arabe; mais cette langue a pour cgout ces quatre formes: balloti'a, bâlou*a {dans le dialecte de Baç- ra), ballcVa et bollai'a (voyez Lane). La première, al'ballou*a ou al- bellô*a f s'est conservée presque sans altération dans le valencien albellô; c'est l'esp. albellon, albollon ou albolon (voyez le Glossaire sur le 3' volume de Sanchez), arbollon, abonon (avec h ou nn pour //) dans l'Alexandre, copia 994, abofoii (avec/ pour //). La troisième forme a/- ballaa a donné naissance aux formes espagnoles alhanal et albaFiar , le h {nn) ayant été substitué à //, comme dans abonon y cl le r ou le / à l'ain, comme dans al-quinà\ alquinal.

ÀLBAfii, albafiir, albnnil , pg. alvanel [* et albanez dans l'Atenlejo] (maçon), de *UJt {al-bannâ, al-banné, albannt), dérivé du verbe banâ , bâtir.

Albaquia (le reste d'une dette) de XaaJI {al-baquiya) , «reliquiae, re- siduum.*

Albarazo. pn. alvaraz Ha lèpre blanche^ de ^y^^\ {al-baraç) qui aie mAme sens

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Albarda (bal) de \cc>j^l\ (al-barda'a) que Boclhor Iradiiit par «bât rembourré pour un Ane, une mule. »

* Albardan. Ce mol dont rAcadémie donne une étymologie lout-à-fait fausse et qui se prend ordinairement dans le sens de bouffon, signifiait dans l'origine fou, sot; Tarchiprêlre de Hita l'emploie en ce sens (copia 259) et Victor donne aussi fou. C'est l'arabe ^y^>^^i {al-hardân), qui n'est pas classique (voyez Lane), mais qui, dans la langue moderne, laquelle aime beaucoup à substituer la forme fa'lân à celle du partici- pe, est l'équivalent de hârid. Freylag ne donne hârid et hardân que dans le sens de froid, mais ces mots signifient aussi 50/. Boclhor donne sous sot: v>jb j^;i, solle chose, j^Lj j.^Ls', sot discours, Burton {Pilgri- mage, I, 270) s'exprime en ces termes: «A cold of countenance is a fool. Arabs use Ihe word cold in a peculiar w^ay. «By Allah, a cold speech!» that is to say, a silly or an abusive tirade.» Dans la Chres- tomathie de Kosegarlen (p. 50) on lit: i^ ^a g.U\ ^Â*Jt lÂP ^h ^l^ ù^iA\ ttXP , «j'ai composé sur ce sujet des vers bien plus jolis que ceux de ce fou.» ÏJu vers cilé par Becrî (p. 122) est conçu en ces termes:

w>^b Vî5vij(A^ ^A \ôs.S> oL^A^ ^^^ O^"* O^ ^>**^ \>^kA «Flatté par l'amour-propre, tu voudrais devenir calife; allons donc! c'est une de ces soUises dont les discours sont toujours remplis.»

Chez Maccarî (Seconde partie, III, 472, 1. 5 a f.) on lit: J...*«^-j ^\^ Îj^.Lj \yXs^, «mon messager retourna en ra'apportant de sa part une solte excuse;» cf. Mille et une nuits, I, 163, 246 éd. Macnaghten. La 10* forme du verbe harada signifie de même: juger qu'une chose ou une personne est sotte; voyez Maccarî, \, 137, 1. 4, 511, 1. 17, II, 506, 1. 11 ; et barâda a le sens de sottise, bêtise (Humbert, p. 238). Albar- dan est donc proprement: un homme qui dit des sottises, et de un bouffon,

* Albardin (plante qui ressemble au sparte , lygeum spartum, selon l'Acad.) de {^àjj^\ {al-bardi) , le papyrus selon de Sacy , Relation de V Egypte par Abd-allatif, p. 109; à Grenade ce mot signifiait yonc; voyez P. de Alcala sous enea. Muller. Voyez aussi Alcala sous espa- dana. Dans le Glossaire sur le Mançourt par Ibn-al-Hachchâ (man. 331(5), fol. 151 r°) le mot x.*.>l est expliqué de cette manière: ^J^

KéJU*î «i-A^Jî jtfS vii^*^ U/« U^^A.^:^ {sic) ^^S^W^ w^AaJiJl KcU^ ; cf. Cher-

Lonneau, Dialogues, p. 198. Dans le dialecte valencien le mol arabe s'esl conservé sans altération: albardï (Fischer, Gemalde von Valencia, I, 219).

* Albardon (bête de somme, sommier, \iciov) àe ^^^j>jj^\ {al- birdzaun) , qui en Espagne se prononçait al-bardêun (Alcala sous haca pequeho ca- vallo) et qui signifie un cheval de bal (cavallo albardon chez Victor). On remploie aussi, en arabe (voyez Quatremère, Hist. des suit, maml.y I, 2, 132) comme en espagnol {mulo albardon chez Victor), pour dé- signer un mulet de bât,

* Albarkmb. Voyez alcatenes.

Albaricoque, alharcoque, alvarcoque, albercoque (abricot), de ^yj^\ (al-barcôc). L'histoire de ce mot est assez curieuse pour en exposer ici les détails. De même que les Arabes ont pris al-bâcôr dans la si- gnification restreinte de figue précoce, les Romains ont désigné les abri- cots, qu'ils nommaient ordinairement mala armenîaca, par l'adjectif praecox. C'est ce qui résulte d'un passage de Dioscoride (I, 165), on lit: Tx (jl^\x àpfjL^vixKx, puiAxim Vs TrpxiKOKtx. Lorsque l'ouvrage de Dioscoride fut traduit en arabe, Ton a transcrit le mot Trpxixéjciov con- formément au génie de celte langue et l'on en a fait barcôc, avec l'ar- licle al-barcôc. Ainsi arabisé, il a fait le tour de la Méditerranée et s'est introduit, non-seulement dans l'espagnol et le portugais (albrico- que, albercoque, alboquorque) , mais aussi dans les autres langues roma- nes. On ne saurait méconnaître l'article arabe dans le provençal aubri^ col et dans l'italien albercocca, albicocca. Ainsi ce mot, après avoir bien changé sur la route, est retourné dans sa patrie. Voyez M. Diez et l'excellent article de M. Mahn (Recherches étymologiques, p. 49).

* Selon toute probabilité le nom complet, par lequel les Romains dé- signaient les abricots, était Persicum praecox, car les abricots ont beau- coup de ressemblance avec les pèches, et au XVI^ siècle les abricots s'appelaient aussi en Hollande vroegé pcrsen (pèches précoces) ou avant- pêches (voyez Dodonaeus, Cruydt-Boeck, p. 1540 6). Du pluriel latin precocia les Grecs ont fait leur Trpxtxéxix ou irpxiKÔicKix, TrpsKÔKKtx, d'où s'est formé le singulier irpxiKiiocioy. Ce dernier a passé dans l'arabe; mais comme les Arabes n'ont point de p et qu'ils ne peuvent prononcer deux consonnes consécutives, le mol est devenu chez eux barcôc, bercôc, ou aussi bircôc cl borcôc. Mais M. Mahn cl M. 10. prétendent à tort que

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les Arabes ont appris à connaître ce mot par la liaduclion arabe de Dioscoride. En soi-même il est peu vraisemblable que le peuple ait emprunté le nom d'un fruit bien connu et abondant à la traduction d'un livre qui était trop savant pour être lu par lui; et ce qui tranche la question, c*est que les paroles de Dioscoride dont il s'agit, ont été omises par son traducteur arabe, comme je m'en suis assuré en consul- tant l'exemplaire que nous possédons de celle traduction (man. 289, fol. 47 v°). Il faul donc dire que les Arabes ont emprunté le mot aux habitants des provinces qu'ils avaient conquises sur l'empire byzantin. Au reste il faut encore remarquer que chez eux le mol barcôc a gardé une signification aussi vague que le latin praecox; ce dernier désignait aussi des prunes précoces, et de même barcôc signifie non-seulement abricot, mais aussi prune. Du temps d'Ibn-al-Baitâr (voyez I, 132), c'était en Espagne et dans le Magrib abricot, et en Syrie, prune; au- jourd'hui c'est partout prune (voyez Dombay, p. 70, 71; Humbert , p. o2, Bocthor, Marcel et le Dictionnaire berbère sous abricot et sous prune),

Albarrada, a. pg, abbarrada («vaso de barro, para beber, ou de louça da India em que se mettem flores. Porém entre nés nao se tomava por vaso de barro, mas tambem de prata, ou ouro» S*». Hosa). C'est l'arabe B^LJi [al-barrâda) qui signifie proprement un vase de terre pour rafraîchir l'eau, mais qu'on semble avoir employé aussi pour désigner un vase de toute autre matière, d'or, d'argent, etc. P. de Alcala le tra- duit par jarro con dos asas.

En espagnol [* et en portugais] albarrada signifie encore tout autre chose, à savoir «la pared que se haze de picdra seca » , et Cobarruvias le dérive du verbe «berdea, q\ie vale cubrir una cosa con otra , o poner una cosa sobre otra , como se haze en la albarrada que se pone una piedra sobre otra sin cal, ni barro, ni otra materia.» Ne connaissant pas le verbe arabe que Cobarruvias a ici en vue, je ne puis admettre cette étymologie, mais sans avoir à en proposer une meilleure.

"^Ce verbe, qui manque dans Freytag, mais qu'Alcala donne sous enalbardar (bâter, mettre le bât), est cO^j {barda' a)', ce qui le prouve, ce sont les mots qui suivent chez Cobarruvias immédiatement après ceux qu'a cités M. E.: «Deste verbo se dixo al- barda y barda, y^ D'après cette étymologie, albarrada serait donc xcJ^Jî (al-barda'a) , c'est-à-dire, le

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même mol que celui qui a donné naissance à l'espagnol alSarda; mais j'avoue que je ne la trouve pas vraisemblable.

Albarran , pg. ^Ibarrâa , alvarrâa (forastero) ) C'est à cause de leur Albarrana (lorre) [ origine commune que

Albarrana (cebolla) ) je réunis ces trois

mois dans un seul arlicle. L'arabe ^^i\jù (barrant) est un adjectif dérivé de barr (terre, champ) et ayant les mêmes signiflcations que barri (agrestis, externus). De tels adjectifs en ânî étant de forma- tion postérieure, ils manquent pour la plupart dans les lexiques. C'est P. de Alcala qui nous viendra au secours. Ce lexicographe tra- duit les mots avenedizo y [^ estrano , estrangero], forastero par barrant: c'est précisément la signification de albarran, Le féminin de barrant est barrânta, et ce mot répond chez Alcala à albarrana torre, parce qu'il désigne «une tour au dehors de la muraille d'une ville.» (Com- parez le Cartâs, p. 22: ^j^j>.ii u^jiiii). Quant à albarrana cebolla, Cobarruvias nous informe que c'est la «cebolla que se cria en el campo à diferencia de la cultivada en las huertas.» Il désigne donc des oignons sauvages par opposition à ceux qu'on cultive dans les jardins,

'*' M. Defrémery observe avec raison que M. E. aurait citer à cette occasion une excellente note de Qualremère, dans les Notices et Ex- traits, XIII, p. 205, 206; mais en outre les mots dont il est question dans cet article, ne viennent pas de al-barrânî, car il n'y a pas de trace de la terminaison t; ils viennent, comme dit M. de Gayangos (dans le Memor. hist. esp,, VIII, 291, n. 1), de q^-^î^ , al-barrân , au féminin al-barrâna, adjectif que Qualremère donne aussi et qui a le même sens que al-barrânt. De barr on a formé d'abord barrân (forme fa'lân), et ensuite de ce dernier, barrânî. Anciennement albarran signifiait aussi célibataire; c'est encore un adjectif en an, que les dic- tionnaires de la langue classique n'ont pas, mais qui vient d'une autre racine, à savoir de ^^^i {baria), être libre.

Albatara (espèce de maladie «que da à las raugeres en la boca de la madré, o utero» Acad.) de s^iIaJl (a/-6a(/Aara), «superiorislabii carun- cula vel protuberanlia.»

* L'explication latine de l'Acad. est : « excrescens in ore uteri carun- cula, femineus quidam morbus,» et M. E. aurait mieux fait de donner, non pas la première, mais la seconde signification notée par Freytag;

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chez Lane, qu'on peut consulter, hadhâra est le synonyme de badhr.

Albatoza, pg. albeloça (espèce de navire). Voyez Jal, Glossaire nau^ tique. Ce mot serait-il une altération de Tarabe iL^^b-Aj? {al-botsà}? Voir Abd-al-wâhid , p. 204, Quatreraère , Hist. des suit, maml, , 1,2, p. 86, 272.

*Dans quelques-uns des exemples cités par Qualremère (voyez aussi Freytag) la dernière lettre est un Mn; Dombay (p. 100) a aussi (jiliw (batâch) , «navis major duobus instructa raalis,» et je crois, de même que M. Jal, que ce mot est identique avec Tesp. patache. Pour ce qui concerne son origine, je pense qu'elle doit être cherchée chez un peu- ple essentiellement marin, à savoir chez les Dalmates, car Ducange a: i^bastasia, naviculae apud Dalmatas species. »

Albaïalde^ pg. alvayade (céruse) , de tJ^UJI {aUbaijâdh) qui désigne la même chose.

* Bayâdh est proprement blancheur, et Freytag ne dit pas que c'est céruse; aussi appartient-il en ce sens à la langue vulgaire, comme l'at- teste formellement l'auteur du Mosta'înî (man. 15) , qui s'exprime en

ces termes : 'M\^i\ j*^ ^a ^^ ^y^ lpW^ ^/'r^^ lp^^ y^ J\\tÀH4\ , iiisfidmdj [céruse]: c'est le bayâdh , connu généralement sous le nom de bayâdh djalawz , mot qui appartient au langage populaire.» Alcala traduit alvayalde par bayâdh,

Albeitar, pg, alveitar (vétérinaire), de ^LLux^l (aUbeitâr) qui a le même sens ["^ et qui est une altération du grec 'ittttIxtpoç) voyez les no- tes de M. Sachau sur Djawâlîkî , p. 15].

Albenda (espèce de draperie, «especie de colgadura de lienzo blanco con piezas entretexidas â manera de red, ù de encaxes de hilo con va- rios animales y flores labrados en el mismo texido,» Acad.). En arabe %yj^l\ (al'bend) signifle drapeau, bannière, et aussi ceinture (Dozy , Dict, des noms des vêtem., p. 88). N'ayant jamais rencontré ce mot arabe dans un sens analogue à celui de l'espagnol albenda, ce n'est qu'en hé- sitant que je propose celte étymologie.

*Je crois avec M. E. que celle étymologie n'est guère satisfaisante. A mon avis albenda est un mot tronqué qui vient de iCjjtjs.ÂJ! {al-ben^ dârîyà). Ce dernier terme n'est pas dans les dictionnaires, pas même dans ceux de la langue persane, bien qu'il soit composé évidemment des deux mots persans bend (notre bande) et dâr (tenant) ; mais je le trouve

dans les Mille el une miils (I, 153 éd. Habichl), les henddrujât sont nommés conjointement avec les »^jjt d'un salon. Ce dernier mot signi- fie draperies, rideaux^; hendârhjût a probablement le même sens et nul- lement celui de petits drapeaux, comme Habicht Ta soupçonné dans son glossaire. On voit donc que sa signification s'accorde fort bien avec celle de l'esp. albenda.

* Albe.ngala (éloffe de lin très-fine dont les Maures d'Espagne ornaient leurs turbans) semble être formé du nom propre Bengale, car c'est dans cette province que l'on fabrique la mousseline la plus fine que Ton con- naisse dans l'Inde.

Alberca, pg. aussi alverca (étang), de K^=>^Ji (al-birca) , «piscina.»

Albihar , abihar (espèce de plante) , de ^L^iî (al-bahâr) , « anthémis va- lentina,» Ibn-al-Baitâr, I, 181.

Albitana («pièce de bois s'élevant en dedans de l'étrave et de l'étam- bot, auxquels elle adhère, et placée pour lier fortement l'étambot et l'étrave à la quille» Jal). Comme la racine ^^^ (batana) signifie entrer dans le dedans, KiLkJ! (al-bitâna) peut fort bien avoir eu une significa- tion nautique, analogue à celle du mot espagnol.

Alboaire (terme d'architecture) «de la palabra arabe al-boair (?), que significa lugar para encender fuego à manera de un horno» Acad.

*La définition de l'Académie est celle-ci: «Labor que antiguamenle se hacia en las capillas ô bôvedas adornandolas con azuléjos.» C'est certainement l'arabe ^.ajs^vJî ou ».xj5^^i^ (al^bohair ou al-bohairà), dimi- nutif de j<^^\ {al-bahr), car Edrîsî (p. 113, 1. 3, et p. 210, 1. 2 de l'édil. de Leyde) emploie ce dernier mot dans un sens analogue.

Albogub (espèce de trompette) de o>^^ (al-bôc), «lituus. »

Albohera , albofera (lac) , de s^Aj^AJi (al-boheira) , qui est le diminutif de bahr , mer.

* Alboheza (mauve , plante) de ^^\\^Js^\ (al-khobézâ) qui a le môme sens.

* Albohol (liseron , liset). On a donné à celte plante le nom de /m- nis arbortim, parce qu'elle s'entortille comme une corde autour des ar-

l) Le mot O^kX^M au contraire, qui se trouve aussi dans ce passage et auquel Ha- bicht et Freytag attribuent le même sens, en a un tout autre; toyet à ce sujet une note de M. Lane dans sa traduction des A/tV/e et une nuits ^ II, 242, n. 113.

bres (voyez Dodonaeiis, Crtnjdt-Boeck , p. 700 6), el tel est aussi le sens du mol espagnol, car albohol est une transposition de ^i^j.^^\ (al-hobôl) , plur. de JwA> (habl), corde. Chez les botanistes arabes, le grand lise- ron porte le nom de ^^yjSlM^^\ J^> {habl al-masâkin) , corde des pau- vres^ ; voyez Ibn-Djazla, man. 576, in voce y Ibn-al-Baitâr, I, 283, et

comparez le Mosta'tnt (man. 15), on lit; \Ji\ J.^Jé ^jSI^^\ J^a. j.b5 \6\ j^vXit ^A>Xî? ^^l\ ^A UiJuo j^^ 2 ^^Xi iCx4^*JLj *J J'Jb ^_5JJî

j*ov\JI ^Aj o^^Âj^ oL>Lv^ib, •Habl al-masâkin: on dit que cette plante

est celle qui s'appelle en espagnol vinca^; c'est une espèce du grand liseron, dont il sort du lait quand on en coupe quelque chose; je crois que c'est le grand liseron même ; il s'attache aux haies et croît parmi le dis. »

Albondiga, pg. almondega (boulette de viande hachée). C'est à cause de sa figure qu'on lui a donné ce nom , car en arabe i^vAÂJl [al-bondoca) signifie boulette.

Alborbola (cri de joie). , Dans l'anc. espagnol on trouve albuerbola et aussi albtiélvola (voir l'Archiprêtre de Hila, copl. 872); P. de Alcala traduit alborbolas de alcgria par teguelgûl (,J^Jj.»j) , et le verbe arabe walwala (ô^*)* auquel les lexiques ne donnent d'autre sens que celui de pousser des gémissements, se trouve chez Abd-al-wâhid, p. 211, dans la signification de pousser des cris d*allégresse. On ne peut donc douter que le mot espagnol en question ne dérive de al-walwala qui est l'in- finitif de ce verbe. Voir la note de M. Dozy , Recherches, t. II, p. lxiv de l'Appendice.

^ De même que M. E. , M. de Gayangos a reproduit, dans le Mem. hist. esp., VIII, 201, une partie des détails que j'ai donnés sur ce mot

1) Une espèce de clématite s'appelle aussi en français herbe aux gueux, parce que les mendiants se servent de ses feuilles pour faire paraître leurs membres livides et ulcérés.

2) Telle est la leçon du man. de Leyde; dans celui de Naples on trouve ^JCâj , mais c'est une faute.

3) Vinca pervinca (d'où Tient le fr. pervenche) chez Pline ; voyez Dodonaeus , Cruydt- Boeck, p. 725 A, qui donne pervinqua comme le nom esp, du liseron,- Nunez a vincaper- vinca f pervenche, clématite.

dans mes Recherches, mais en se dispensant de nommer l'auteur auquel il les avait empruntés.

Albornia (grand vase vernissé , qui a la forme d'une écuelle) de iCAJ^Ji {al-harniya) y «vas ficlile in quo quid recondunt. »

Albornoz, pg, albernoz (espèce de manteau fermé, garni d'un capu- chon), de ^f^\ (al'bornos). Voyez sur ce mot Dozy, Dict. des noms des vêt. , p. 73 et suiv.

*Alboronia, almoronia, boronia, moronia (mets composé de melon- gènes, de citrouilles, de pommes d'amour et de piment) est peut-être i>U3|^^Jl (al'hôrânhja) , mot qui ne se trouve pas dans Freytag, [mais qui, dans les Mille et une nuits (VIII, 288 éd. Habichl) , désigne une espèce de mets. Selon toute apparence, ce mets a été nommé ainsi d'après Bôrân ou Bourân, l'épouse du calife Mamoun.

Alboroque (ce que Ton paie au courtier par l'intermédiaire duquel une chose a été vendue, courtage). L'arabe ^.^^^ (borouc) auquel Ma- rina compare ce mot, m'est inconnu.

* Le mot alboroque ou alboroc, qui est très-ancien en espagnol, puis- qu'il se trouve déjà dans les actes latins du concile de Léon de l'année 1020 (dans les Cartes de Léon y de Castilla, I, 7) sous la forme alva- roch , variantes alvoroch et alvoroc , dans l'ancienne traduction espagnole (ibid,, p. 17) alvaroc , signifie en général, comme on peut le voir dans le Dictionnaire de l'Académie, pot-de-vin, épingles, ce qui se donne par manière de présent au delà du prix convenu, et Cobarruvias avait raison de le mettre en rapport avec le verbe hébreu i^'^i (bérék) , bénir, car le substantif n^na (beraca) qui en dérive, signifie non-seulement béné- diction, mais aussi cadeau, présent , de même qu'au moyen âge, comme l'observe Gesenius en citant Ducange, le mot benediclio s'employait en parlant des présents que les papes envoyaient aux rois. En arabe des substantifs dérivés de la même racine (^^.j) ont aussi reçu le sens de cadeau, ce qu'il faut attribuer peut-être à l'influence des juifs. Ainsi on trouve chez Daumas {La grande Kabylie, p. 388): «Le chef de la Zaouïa leur fait tenir, à certaines époques, des présents connus sous le nom de barahet el cheikh, la bénédiction du cheikh.» Dans l'ou- vrage de MM. Sandoval et Madera (Mcmorias sobre la Argclia , p. 322) on lit que les aghas et les caïds recouvraient promptement les sommes qu'ils avaient payées à Abd-el-Kader pour obtenir leurs emplois, grâce

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aux présents qu'ils se faisaient donner par leurs sujets et qui s'appe- laient baroitc el-hournous. Celle dernière forme, qui est exactement celle qu'on trouve dans les actes du concile de Léon, a donné nais- sance à l'espagnol alboroc ou alboroque,

* Alborque j)g» (échange, troc) de?

Albricias (cadeau que l'on donne à celui qui apporte une bonne nou- velle) de »^1-^.aJI {al'bichâra) qui a précisément le même sens. En espagnol ce mot est un peu altéré: le portugais alviçaras et le valencien albixeres se rapprochent beaucoup plus du terme original.

* Albuce («alhuce y alcaduz de anoria, pots de la poseraqne qui pui- sent Teau et la portent en haut,» Victor) de u^i^J! (al-bouch) , que Dombay (p. 95) traduit par dolium parvum. Ce mot n'est pas arabe ; selon toute apparence il est d'origine berbère.

Albudega, albudeca (espèce de melon), de l'arabe x^kJt (al-billîkha que P. de Alcala écrit al-balikha) ou bien de son diminutif al-bouteikha, comme semblent l'indiquer les voyelles du mot espagnol. A en croire Cobarruvias, albudeca était usité à Valence et en Catalogne, tandis que dans les autres provinces on disait badeha ou badea. 11 est facile de reconnaître dans badeha le même mot arabe sans l'article. [^ Pg* pateca].

Albur, de même que l'arabe ^^^^A\ {al-bouri) , désigne une espèce de poisson (muge), qui a emprunté son nom à la ville de Boura en Egypte. Voyez Macrîzî, Descripf. de F Egypte, I, 108 éd. de Boulac.

Alcabala, alcavala (impôt, taxe), de îcJLasJî [al-cabâla), mot très-usité chez les auteurs arabes, bien qu'il manque dans les lexiques; [* il se trouve déjà chez Ibn-Haucal, qui écrivait au X^ siècle; voyez le Glos- saire sur Edrîsî]. Chez Macrîzî (Descript, de l'Egypte, I, 82 de l'édi- tion de Boulac) il signifie «l'adjudication d'une terre, ou de tout autre objet, moyennant une taxe, une redevance, que Ton s'engageait à payer au fisc,» et de «la taxe, que l'on payait, en vertu de cet engage- ment.» De mêm» le verbe cabala à la V^ forme signifie prendre à ferme, à bail. Voir Quatremère dans le Joitrn. des Sav, de 1848, p. 49. A Maroc alcabala était « une taxe qui se percevait sur la plupart des professions et sur la vente des objets de première nécessité. » Voir Edrîsî, man. de Paris, Suppl. arab. 895, fol. 56 v°; cf. t. I, p. 216 de la traduction Jaubert [* dans l'édition de Leyde p. 70 du texte, p. 80 de la traduction]. Le mot arabe en question se trouve encore chez

Ibn-Adhârî, I, 125, dans le Carias, p. 21>8. Dans un autre passage de ce dernier livre il désigne «la ligne de bureaux de douane,» comme Ta Tait remarquer M. Dozy , Gloss. sur Ibn-Adhârî , p. 58. Quant à gabela, it. gabella y fr. gabelle, je crois que M. Diez a raison de le dériver de l'anglo-saxon gaful, gafol, d'où on a fait le latin gablum , gabulum. Le fait que le ^ initial ne se change jamais en g (cf. p. 15 de l'Introduction) est un argument décisif contre l'étymologie arabe. En outre, P. de Alcala , ayant à traduire gabela , dit: gabela en ilaliano como alcavala. 11 le considérait donc comme un mot italien. C'est une raison de plus pour croire qu'il n'y a aucun rapport étymologique entre alcabala et gabela.

* Je dois avouer que les raisons données par M. E. pour nier l'origine arabe de gabela, etc., ne me semblent pas concluantes. D'abord l'ar- gument tiré des paroles d' Alcala n'est pas valable à mon avis: ce lexi- cographe atteste que gabela n'est pas la forme castillane, ce que j'ad- mets volontiers; mais comme il dit aussi que c'est la même chose {{M'alcabala en castillan et cabâla en arabe, j'inférerais plutôt de ses expressions que c'est aussi le même mot sous une autre forme. L'autre argument me paraît aussi loin d'être décisif: le ^ initial devient quel- quefois g (voyez l'Introd., p. 15), et l'on semble avoir perdu de vue qu'en Italie on écrivait aussi caballa et cabella ; les continuateurs de Ducange en donnent beaucoup d'exemples sous ces deux mots, mais au lieu d'aflirmer que c'est pour gabella, ils auraient dii dire au contraire que les formes qui commencent par le c sont les bonnes, et que ce c, comme cela est arrivé dans une foule d'autres cas, a été adouci en g. Le mot anglo-saxon au contraire, présente, quant à la forme, de gran- des diflicuUés, et en outre il serait assez étrange que les peuples du midi eussent emprunté le nom d'un impôt aux Anglais, avec lesquels ils avaient bien peu de rapports, tandis qu'ils en avaient beaucoup avec les Arabes. Les habitants de l'Italie méridionale vivaient même sous la domination de ces derniers et c'était à eux qu'ils payaient les tri- buts. — Au reste on sait qu'en vertu de Vimâla , l'arabe iJLo se pro- nonce cabéla aussi bien que cabâla.

En espagnol alcabala se dit encore dans le sens de fdcL Vax arabe J^XI (al'Câboul) désigne la même chose. i*cut-êlre ce mol a-t-il été altén'; par rinllucnce de alcabala.

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*Alcabaz (pas dans les dict.). Dans une pièce de vers composée sur une victoire rempoilée par les Caslillans sur les Grenadins et qui se trouve dans le Cancionero de Baena (p. 551), on lit:

Senor llrey, desque las hases

Fueron todas ayuntadas

E las trompetas tocadas,

Tuyeron como rrapases,

[Dexaron los contumases

El campo a los generosos

Fidalgos é venturosos,

Fueron sse los Alcabazes. Dans le glossaire, ce terme est expliqué par capitaine , chef; je ne connais pas de mot arabe qui ait cette signification et qui ressemble à alcahaz; en outre, ce n'étaient pas les chefs seuls qui fuyaient, mais les guer- riers grenadins en général. Comme il s'agit d'une troupe qui avait fait à rimprovisle et avec la plus grande rapidité une incursion sur le territoire chrétien, car plus haut le poète avait dit: Seuor Krey, corryeron moros El pryraer lunes de mayo, E mas rresios que un rrayo Levando vacas é toros, je crois que alcahaz est (j*.LA-<Ji (al-eabbâs). Le verbe (j.vwa.5' (cabasa) signifie, ce que Freylag a négligé de dire, fondre sur Vennemi, l'alla- quer impétueusement et tout à coup; voyez Ibn-Badroun, p. 35, 1. 15. Chez Ibn-Haiyâri (man d'Oxford, fol. 78 r^) on lit: ^Jl ^uI^a^î rj-^-'

jt^Mt^h »1/5.jÎ ^/o .s6 n^^b^ QlLiJU*.ji ^ô\j^ ^b qUJLxJI ^a {lisez iUlUi!)

^ô\jM^l\ o^j-^^ 0^^:;=^ ^*"^ a"*"- j-^^-^^ > « Ibn-Hafçoun se rendit avec ses camarades vers le camp du sultan, qui se trouvait dans la plaine du faubourg et l'on n'était pas sur le qui vive; en outre, il ne s'y trouvait que les pages qui étaient de garde dans la grande tente du sultan, et une petite troupe d'archers. Le scélérat et ses compagnons fondirent sur eux dans le but de brûler la grande lente.» Dans Mac- carî (Seconde Partie, III, 45, 1. 12 éd. de Boulac), il est question d'une troupe qui escalade à l'improvisle le mur d'une forteresse:

xjUjo ,^*i2A5i LéJ 8^Li Ia*^^=> ^j-^^, «ils fondirent sur une sentinelle qui se trouvait sur le mur et la forcèrent à ne pas faire de bruit.» Et plus loin (p. 53, 1. 5 a f.) : il^Ai iO:o o^^'^J lt-î^^ » « *^ fondit sur Ridhvvân , qui se trouvait dans son palais , et le tua. » Un vers d'un célèbre poème d'Ibn-al-Abbar {apud Ibn-Khaldoun, liist. des Ber- bères, I, 592) est conçu en ces termes:

«Comme les infidèles y ont promptemenl répandu la désolation! Quelle ruine! Semblables aux sauterelles, ils fondent sur nos séjours pour les ravager.» EnGn Ibn-Khaldoun dit {ibid. , 1 , 230) : ^b ^j»}\ j^a^j jt^jJ^ jjac^ L^^^J^j »^'-^>^ ^-^ ^^-^^ *^^^-^**^^^ 0>;^^ (*^^ xxUJb \^IjÎ , «sous son règne, les Arabes fondirent à l'improviste sur le territoire d'al-CaFa pendant qu'ils faisaient une razzia; ils s'emparèrent de tout ce qu'ils trouvèrent dans les campagnes et commirent de grands rava- ges.» Ou voit donc que cabasa s'emploie précisément en parlant de ceux qui font une razzia,

Mas rresios que un rrayo Levando vacas é toros. Le substantif cabsa (dans de Sacy, Chresl. ar., I, 46, 1.5 a f . du texte) signifie de même: attaque violente et subite y et cabbâs est la forme régu- lière pour désigner celui qui fait habituellement de telles attaques.

* Alcabell\, alcaballa, alcavala pg. (troupe, compagnie, voyez Moraes), de iOLojii! (al-cabila), tribu. En espagnol, comme l'observe M. Miiller, alcavera chez Berceo, El sacrificio de la misa, copl. 146, et Milagros de iV". iS"., copl. 530; corrompu en valcavera, Alexandre, copl. 117.

Alcabor, alambor («el hueco de las bovedas en los techos, y en las campanas de las chimenéas» Acad.). Dans alcabor il est facile de reconnaître l'arabe ^«^-aJ! (al-cabô) qui désigne, comme terme d'archi- tecture, un toit voûté, une voûte. Voyez le Cartds , p. 54, Ibn-Adhârî, II, 244, et le Glossaire sur Ibn-Djobair de M. Wright; [* voyez surtout le Glossaire sur Edrîsî]. Le r final a été ajouté comme dans alfaxur (cf. p. 23 de l'Introduction). Suivant les académiciens de Madrid , le mol alcabor est propre à la province de Murcie, tandis que dans la Manche et dans quelques autres districts on dit alambor. L'élymologie de ce mot ne m'est pas claire. Faut-il le dériver de y.^iî (alhanô) , omnis pars corporis aliusvc rei, in qua est curvitas?»

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"^ A mon avis, alambor, qui est aussi la forme portugaise, n'est qu'une altération de alcahor ; puisqu'il désigne précisément la même chose, il est naturel de supposer que c'est aussi le même mol.

* Alcabtea (pas dans les dict.; dans le Cancionero de Baena, p. 113 6, toile de lin très-fine) de x-^«*.-aJl {al-coblîya ou al-kibthja). C'est le féminin de l'adjectif coblî , copte, égyptien; en arabe on appelle ces étoffes iCj^bAÏiJt v^aaJ^ ^^* étoffes coptes. Les Mauresques employaient cabdia en ce sens (Mem. hist. esp., V, 438).

Alcacel, alcacer, a. pg, alchazar chez S^ Rosa (dragée, blé ou orge en herbe qu'on fait manger en vert aux chevaux), de JoçAûSii (alcacîl) que P. de Alcala traduit par alcacel de cevada, Alcacel ou alcacer désigne aussi dans l'Alemtejo un champ d'orge, et alchazar avait le même sens, comme il résulte d'un passage d'un testament, cité par S». Rosaj le testateur y lègue au cloître d'Alcobaça, il désire être enterré, «alchazar illud, quod lucratus sura in Saborosa.»

"^ Alcadafe pg. (Vieyra) , alcadef pg, (Moura) , alcadefe pg. (Moraes) (pot de terre au-dessus duquel les cabaretiers et les boutiquiers mesu- rent les liquides qu'ils vendent, et qui reçoit l'excédant), de LiîAait (al-codâf ou al-codéf) , «scutella, urceus figulinus.» Le catalan avait cadaf sans l'article arabe; «vint cadaffes è setriys de terra,» lit-on dans un document de 1331 publié par Capmany {Memorias sobre la marina de Barcelona, II, 412).

Alcaduz, arcaduz, pg. alcatruz (seau d'une machine hydraulique pour puiser l'eau et la porter en haut), de jj/^^^UJi {al-câdous) , «haustrum in rota aquaria , » alcaduç de anoria Aie.

"^ Le mot câdous est le grec xcchç ; voyez Fleischer , De glossis Ha- bicht., p. 74. La signification primitive est donc celle qu'a indiquée M. E. , à savoir, seau; mais en espagnol alcaduz a encore un autre sens, celui de tuyau, conduit, canal, chez Victor: aalcaduce de agua- duche, le tuyau ou buisine d'un aqueduc.» Il en est de même en arabe, quoique Freytag n'en dise rien. Alcala traduit alcaduç de canos par caiduç, de même que alcaduç de ahoria; Bombay (p. 91) donne: câdous y canalis; Hélot: tuyau, conduit d'eau; Roland de Bussy: conduit pour l'eau; dans le Dictionnaire berbère: tuyau (conduit). Chez M. Prax (dans la Revue de l'Orient et de l'Algérie, VU, 273) on lit: «Une source d'eau comprise dans la ville (Ghdâmes) arrive au bazar, par un conduit

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maçonné, dans un bassin appelé irafrat-el-Gaddous , le puits du seau;» mais on voit facilement que cet estimable voyageur se trompe ici sur le sens du mot câdous. Un auteur du XI' siècle, Becrî , emploie dans celte acception la forme ^^As (cadas) , quand il dit (p. 30, 1. 1) qu*Obaid- allîib avait fait venir l'eau à al-iMabdîya d'un village voisin fj^\Js.ï\ h «au moyen de tuyaux.» L'auteur du Carias se sert de la forme câdoiis; voyez p. 36, 1. 3 a f., p. 41, 1. 9 et 10.

Alcapar (couverture de cbeval) de J^Jî (al'Cafal), » stragulum quod equi clunibus imponi solet.»

Alcauaz (cage) de ,jaÀiiil (al-cafaç) qui désigne la même chose.

Alcaouete, a. py, alcayole, prov. alcavot et alcaot (maquereau, en- tremetteur) , de v^t^iiJi {al-caimâd) , « leno. » L'ancien portugais alcofa chez S^ Rosa semble être une altération du même mot arabe. Mais le nom moderne alcoviteiro ne vient pas directement de l'arabe, car il a une terminaison portugaise et il est dérivé du verbe alcovitar, esp. alcahuelar,

Alcaiceria, alcaeceria, pg. alcaçarias, de l'arabe Kj-L^aaII (al-caisâ' rtya) qui désigne une série de boutiques y un bazar. Voyez Ibn-Batouta, I, 151, m, 4, le Carias, p. 22, et P. de Alcala au mot lonja de mercadores ; [* note de M. Fleischer, De glossis Habichl. , p. 39, de Qualremère, Notice sur Becri, p. 34 et 227 du tirage à part].

* En catalan alcaceria paraît avoir désigné aussi: les choses qui se trouvent dans les bazars, marchandises, car dans une lettre que les magistrats de Barcelone écrivirent à ceux de Séville en 1315 et qui a été publiée par Capmany {Memorias sobre la maiina de Barcelona , H, 75), on lit: «preseren una nau, on havia Moros è Moras è roba è alcaceria, è altres coses de gran quanlitat.»

Alcaide (châtelain , commandant d'une forteresse). En arabe «A-jLï {câ'ul, le participe de câda, « duxit exercitum») signifie chef en général. Chez les Mauresques le alcaide était le chef d'une laha , c'est-à-dire, d'un district (Mendoza , Guerra de Granada, p. 44). Chez les Espagnols ce root a reçu la signification plus restreinte de commandant d'une forteresse.

AiXALA, dans plusieurs noms de lieux, est l'arabe mJaJI {alcaVa) qui siijnilic chalrau.

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Alcala b, lat. Dans une charte citée par S^ Rosa on lit: «Ueginœ Domnse Sanciae dedi omnes alcàlas meas, acilaras, et colchias.» Le savant portugais croit que ce sont des tapisseries («pannos de raz») auxquelles on aurait donné ce nom à cause des châteaux qui y étaient représentés. «Nos pannos de raz ainda hoje se costumao ver nao so montarias, e bosques, mas lambem guerras, gente armada, praças, e castellos, que bem pôde ser fossem antigamente os principiaes objectes, que nestes pannos se divisassem, e daqui Ihes viesse o nome de alcalàs»r> Une telle supposition me parait trop arbitraire , à moins qu'on ne la prouve par des arguments décisifs. Je serais plus porté à reconnaître dans alcala l'arabe K*JL^Jt (al-khil'a), «vêtement d'honneur donné par un prince.»

*Dans une note insérée dans la nouvelle édition de Ducange, M. Dubeux croit que cet alcala est kKJI (al-quilla) , chez Freytag «vela- mentum subtilius tentorii forma consutum ad prohibendos culices, cono- peum,» et comme dans le texte les alcalae sont nommés conjointement avec les acitarae et les colchiae^ cette opinion me paraît préférable à celle de S^ Rosa et à celle de M. E. Chez Pedro de Alcala killa répond

aux mots cielo de cama (\}S qx> tU^), corredor de cama, cortina ô cov' redor et paramenio de cama; il prononce quelle. En Algérie on entend sous ce terme «les rideaux d'une porte ou d'une fenêtre» (Martin, Dialogues, p. 77).

Alcalde de l'arabe ^^Âo\^l\ (alcâdhi), juge.

Alcali (terme de chimie, sel tiré de la soude) de ,^^jI (al-calî) qui a le même sens.

Alcaller (celui qui fait des cruches). Une cruche, canlaro , s'appelle en arabe colla (cf. alcolla). De ce mol on peut former le substantif al'Callâl, al'Callèl, S^k,\ , pour désigner celui qui fait des colla, et bien que je ne l'aie pas rencontré ailleurs , sa formation est si conforme au génie de la langue arabe, que je n'ai aucun doute à l'égard de Téty- mologie proposée.

"^ En effet, le mot en question existe et signifie potier; M. Cherbon- neau (dans le Journ, asiat. de 1849, I, 548) le donne en ce sens, et M. Prax (dans la Revue de V Orient et de l'Alg., VI, 276) nomme le quartier el-Gollalin, les Potiers, à Tunis; plus loin (p. 297) il écrit gallalin. Becrî (p. 25) nomme le ^^i^ft^i v-»'-?» porte des potiers, à

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Cairawan; mais son premier traducteur, Quatremère, ne connaissait pas le mot callâl ou callél, et il a proposé deux manières de le changer, l'une aussi malheureuse que Taulre (voyez sa Notice jur Becrî , p. 39, n. 1 du tirage à part), tandis que le second traducteur de Becrî, M. de Slane, Ta rendu mal à propos par fabricant de seaux en cuivre.

* Alcam (coloquinte) est exactement Tarabe JiJlc Çalcam). Miiller. L'article de TAcadéraie sur ce mot est conçu en ces termes: «Planta médicinal mui amarga, cuyo fruto es seraejante al cohombrillo, pero algo' mayor. Es voz puramenle Arabe que (segun su Diccionario) si- gniGca todo lo que es amargo. Lai. Colochintis. Servid. de Abidcac, Irat. 2 , fol. 25. Todo amargo segun los Arabes se llama Alcam. Y en eslo mucho se Irabajaron los exponedôres, porque algunos de ellos dixeron que era la colochîntida , y otros que era otra cosa. » Le fait est que , parmi les Arabes d'Espagne , 'alcam n'était pas la coloquinte , mais le concombre-d'âne , ou sauvage, momordica elaterium. L'auteur du Mosla'tnî (man. 15) dit sous ^a^.^^^' \^i{concombre'd'âne) : ^ixl\ y$>. , «c'est le 'alcam, r, et Ibn-al-Baitâr dit sous le même mot: j^JLUJî ^^

^JJi^xS^^^ Ua/ÔLc cX.A-x:, ac'est ce que le peuple en Espagne nomme le

'alcam. »

Alcamiz (rôle sont inscrits les soldats) de y^_A-4-^Jt {al-khamis) , l'armée. Ce mot arabe est dérivé de khams (cinq), parce que l'armée consistait en cinq parties; savoir: l'avant-garde, le centre, l'arrière- garde et les deux ailes.

* Celte étymologie, qui est aussi celle de Marina et de M. de Gayan- gos (dans le Mem. hist esp., IX, 355), me paraît extrêmement mal- heureuse. D'abord le mot khamis a bien signifié armée, mais jamais il n'a eu le sens de liste des noms des soldats. En second lieu et il est étrange, non pas que cette remarque ait échappé à Marina et M. de Gayangos, qui ne font pas attention à de telles choses, mais qu'elle ne se soit pas présentée à M. E. khamis lui-même , dans le sens d'armée, appartient à une époque de la langue beaucoup plus ancienne que celle l'on trouve employé le mot alcamiz, c'est-à-dire que le XIV* siècle ; c'est « an old term » (Lane) , et longtemps avant le XIV* siècle il avait cessé d'être en usage dans la langue ordinaire, car je ne parle pas de celle des poètes. Il y a plus: le mot alcamiz n'a jamais

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en droit de cilc en espagnol; il ne se trouve qu'une fois dans la Cro- nica De Don Alfonso XI , il est donné comme un mot arabe. Voici ce passage (cap. CCLIV, p. 450 éd. Cerdâ y Rico): «Et este (un Ginoes) dixo, que luego que el Rey Albohacen pasô allende la mar, que fîzo requérir los alcamices, que es asi como dicen, los alardes, en que fueron escriptos los nombres de todos aquellos que pasaron la mar, et que por aquella cuenta fallaron , que de la gente que pasô aquende, que menguaban qualrocientas veces mill personas. » Il est vrai que le mot se trouve aussi cbez Morgado [Hist, de Sevilla, fol. 75 6), cité par l'Académie, et cbez Barrantes Maldonado (dans le Mem, hist. esp., IX, 355); mais ils parlent l'un et l'autre de la même bataille, celle de Tarifa, et ils le font d'après la Chronique d'Alphonse XI, que Morgado cite; ils sont donc dans celte circonstance de simples copistes, et comme je l'ai dit, le seul passage qui doive nous occuper, est celui dont j'ai donné le texte. 11 est fort possible que le mot y soit altéré, et comme il n'y a pas en arabe un terme qui signifie rôle et qui res- semble à alcamiz y je crois devoir y substituer almaiz (i.a_*J<), qui a réellement ce sens ou qui du moins peut fort bien l'avoir. L'Académie a déjà fait venir alcamiz de ai-mai z , qui, comme elle l'observe avec raison, signifie alarde cbez Alcala (de même dans le Kitâh akhhâr al- 'açr, apud Mûller, Die lelzten Zeiien , p. 3, 1. 16), et d'un autre côté on a vu que dans la Chronique d'Alphonse XI le mot dont il s'agit est expliqué par alarde; mais au lieu de croire avec l'Académie que la leçon alcamiz est bonne et que c'est une corruption de al-maiz , je suppose au contraire, parce qu'une telle altération dans la langue parlée n'est pas vraisemblable, que la véritable leçon est almaiz et qu'elle a été altérée par un copiste. Ce qui me confirme dans cette idée, c'est que le mot a aussi été altéré, mais d'une autre manière, dans un passage de la Chronique portugaise d'Alphonse IV, cité par Moraes et par Francisco de S. Luiz [apud Sousa), on lit ceci: «E dos mouros, segundo depois se soube pelos sens alcaizes, que sam como livros d'alardo, e apuraçoes, em que todos os que passaram a Espanha eram escritos, morreriam quatrocentos e cincoenta mil.» Je ne suis pas à même de consulter cette chronique, mais comme Alphonse IV de Por- tugal prit une grande part à la glorieuse victoire remportée sur les Maures près de Tarifa en 1340, je n'hésite pas à croire qu'il s'agit de

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la mcmc bataille, cl dans ce cas alcaiz est, coiniuc aleamiz , une cor- ruplion de aimai z , mais une corruption plus légère, attendu qu'il n'y a qu'une seule lettre à changer. Quant au sens de ce mot, c'est pro- prement revue de soldats et la IP forme du verbe signille assez souvent, bien que Freytag n'en dise rien : passer des soldats en revue; voyez Alcala sous alardear et sous conlar génie; Maccarî, 1, 272, 1. 9 ; II, 765, 1. 3 a f.; Ibn-al-Khatîb dans Miiller, Beitràge, p. 18, 1.6; Carias, p. 88, 1. 2 a f.; p. 115, 1. 9 a f.; p. 125, 1. 4 a f.; p. 195, 1. 4 a f.; p. 207, 1. 7; p. 211 med.; p. 238, 1.4 et 5; Kitâb akhbâr al-açr, p. 3 , 1. 14; p. 4, 1. 2; mais comme alarde , qui est l'arabe LPJiii, signifie aussi revue de soldais, et qu'il a reçu, comme on a pu le remarquer, l'acception de rôle sont inscrits les soldats, il est tout-à-fait naturel que son synonyme al-maiz ait reçu le même sens , et celui de contar gente, qu' Alcala attribue au verbe maiyaza, sert d'appui à celte sup- position.

Alcamonias, alcomènias [* , />^. alcamonia , alcamunia , alcomonia] (nombre coleclivo de varias especias Mar.). En arabe q^^Î {al-cam- mon) désigne le cumin. Il se peut très-bien qu'al-cammôntija ait été en usage pour désigner des épiceries parmi lesquelles se trouvait le cumin.

Alcana (lieu sont les boutiques des marchands). A Tolède c'était le nom d'une rue étaient les boutiques des merciers juifs (Cobarr.). Je crois que ce mot n'est qu'une altération de o'wiL^uJ! {al-khânât), les boutiques.

Alca.xavy a. pg. linho canamo,» SS Rosa) de v^iiiiî (al-connab ou al-kinnob) , du chanvre. [* Plutôt de l'adjectif qui est formé de ce substantif et qu'on trouve chez de Sacy, Chrest, ar., I, p. 74, 1. 3 a f . du texte, ^^^^1 {al'Connabî ou al-kinnabï)] '.

l) Je crois que H. £. a eu raison de ne pas admettre le mot alcunce (pourchas, pour- suite, chasse, etc.), qui, selon H. Oiez (il, 85). viendrait de '^j^aÂiiit. La sijjnifîcatiou conriendrait assez bien, mais comme dans l'Alexandre ce mot est encalzo , en prov. en- eauê , dans la Chanson de Roland encalz , enchalz, et que le verbe est dans l'Alexandre à la fois alcanzar et encatzar, en prov. encaussar, dans la Cli. de Roi. encalccr , en.' ckalcer (voyez le glossaire de M. Damas Hinard sur la Chanson du Cid) , il est certain que la syllabe al est une altération de la syllabe en et que le mot vient du latin caU, Le port, alcanços i -'-r- jf^^ faucons) ne vient p>s non plus de l'arabe, comme l'a pense M, Diez.

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Alcancia (boîte à cacher de l'argent, tirelire). En arabe ^.A-jCJI {al- canz) désigne un trésor cachet et aussi la chose dans laquelle on cache le trésor. Je serais porté à croire qu'il a existé un mot al-canziya formé de la même racine, et dont la signification répondait à celle du mot espagnol.

Algandara, [^ pg* alcandora] («la percha, o el varal donde ponen los halcones y aves de bolateria» Cob.). C'est l'arabe s^iJsJUCit (al-candara) , qui désigne une perche,

Alcandia (espèce de blé) ?

"^L'espagnol a aussi candeal ou candial, le portugais candil ou candial, et comme ces mots désignent une espèce de blé qui rend le pain très- blanc, je crois avec Cobarruvias et l'Académie qu'ils viennent de la racine latine cand , qui a donné naissance à candeo , candefacio, candico, candidus, candor, etc. Mais les Arabes d'Espagne ont emprunté ce mot aux Espagnols, car P. de Alcala traduit trigo candial par candial; c'est avec l'article al-candial , et de est venu l'esp. 'alcandia y la dernière lettre ayant été omise.

Alcandora («veslidura blanca, como camisa» Cob.). Ce mot est d'origine berbère, car dans cette langue o.^ooiij (ta-candour-th , ou, sans le prèflxe, candovr) signifie une chemise (Marcel). [* Voyez le Glossaire sur Edrîsî, p. 364, et ajoutez-y que ,.iX-â«5 se trouve aussi dans les Mille et une nuits, VII, 27 éd. Habicht]. Par l'intermédiaire des Arabes il s'est introduit dans l'espagnol, comme le démontre l'article a/.

Quant à alcandora dans le sens de hoguera , fuego para dar senal , D. de Urrea le dérive d'un mot arabe (t canderetun , que vale luminaria, linterna, hoguera.» Un tel substantif arabe m'est inconnu, ainsi que le mot calavândar que P. de Alcala traduit par hoguera llama de fuego.

* Comme selon Cobarruvias, on dit dans d'autres districts candela pour alcandora, et que candela vient de Jw-jcX-âJs (candîl) , lanterne , je serais porté à ne voir dans alcandora qu'une corruption du même mot (al'Candtl, alcandîla, alcandîra, alcandora), et je pense que D. de Urrea, chez lequel un est la nunnation arabe, comme Cob. le dit expressément, a voulu indiquer le même mot.

Alcanfor, pg. alcamphor (le camphre), de .yLOi (al-câfôr) qui dé- signe la même chose.

Alcaistara de SjLÂail (al-canlara) , pont.

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Alcaparra (câpre) de ^UXit ou ^L>JUî {aUcahhâr) , [* plutôt du nom d'unité, al'Cahhdra, qu*Alcala donne sous alcaparra]. Bien que ce mot arabe soit d'origine étrangère, l'article al démontre que les Espagnols ont tiré leur alcaparra de cette langue et non du grec axTnrocpiç,

* Alcapetor ou alcupetor pg, (espèce de poisson chez Gil Vicente , et non alcupretor comme donne Moraes ; voyez le Glossaire sur Gil Vicente dans redit, de Hambourg, 1854) de?

*Alcar pg. (marrube, plante) .de a,Liiii (al-câra) qui, dans la pénin- sule ibérique, avait le même sens; voyez Ibn-al-BailAr, II, 20 et 275.

Alcaravan, pg. alcaravâo (espèce d'oiseau, butor), de ^t^^-^i {al-cara- wân) , « nomen avis ex perdicum génère. » Voir les Mille et une nuits , éd. Fleischer, X, 210.

* Dans ce passage cet oiseau (Charadrius œdicnemus L.) est tout sim- plement nommé ; mais il faut consulter une note de M. Lane dans sa traduction des Mille et une nuits , III, 82, n. 5. Les Arabes le nom- ment aussi Q^^j-j^ (Mille et une nuits, III, 5 éd. Macnaghten); mais M. Pellissier est tombé dans une singulière erreur quand il dit (Descrip- tion de la régence de Tunis, p. 451): «L'œdicnème, appelé dans le pays oiseau de Kaïrouan. »

Alcaravea (carvi , plante) de L^Xîi (al-carawia) qui a le même sens.

*Alcaraviz pg, («cano de ferro, por onde se communica o vente do folle ao fogâo da forja , » Moraes) , esp. alcribis. u^Aji^àJi (al-carâbU) , plur. de al-carabous y ne peut pas convenir, car il signifie: la partie élevée de l'arçon de devant et de derrière ; et comme les mots port, et esp. désignent, parmi les forgerons, une certaine espèce de tuyau, je serais presque tenté d'y voir une corruption de al-cawâdîs, plur. de câdous, qui, comme on l'a vu plus haut à l'article alcaduz, signifie précisément tuyau.

Alcarceûa (ers, vesce noire, plante) de )LX.*^jS.^\, al-carscna chez Freylag, mais al-carsenna, avec le techdld , dans le man. de Leyde du Mosla*înî (n°. 15, fol. 67 v") , [* de même dans celui de Naples].

Alcarciiofa, alcachofa, y>^. alcachofra , ital. carcioffo (artichaut), de yJ>^j^J,\ (al'khorchouf) comme l'écrit P. de Alcala, tandis que dans le lexique de Freylag on trouve oui.^JI (al-harchaf) , «carduus altilis. »

" Dans le }fosla'ini Cnian. 15) un trouve la forme hharchof, mais

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Tauteur dit: «Dans beaucoup de livres j'ai vu ce mot écrit avec le kh, comme je Tai donné ici ; toutefois la véritable orthographe est avec le h et avec la voyelle a dans la dernière syllabe.» Le kh est aussi chez Hœst, JVachrichten von Marokos, p. 308, chez Marcel, etc.

Alcaria, alqueria, a. port, alcheria (ferme, métairie), de Tarabe Xj^ftil (al-carya) qui a le même sens,

*En portugais alcaria est aussi le nom d'une plante qui croît dans les terrains sablonneux et dont les feuilles ressemblent à celles des vio- lettes (Moraes). C'est l'arabe Kj^i (al-carhja), «nomen plantae nascen- lis in arenis. »

Alcarrada p^. (boucle d'oreille) de J^ylîî {al-corl), «inauris,» ou bien d'un substantif al-carrâla, de la même racine.

"^ Un tel substantif n'existe pas, Alcarradas (car Moraes ne donne que le plur.) , arrecadas , et en esp. arracadas (cf. arraca), sont des altérations de J^î^^l (al-acrâl) , le plur. de al-corl ; alcorde, qui est formé du singulier, se trouve, selon Marina, dans l'ancienne traduction esp. de la Bible, Juges, VIII, vs. 26. Mais en portugais alcarradas signiûe en outre: les mouvements que fait le faucon pour découvrir la proie (Moraes). C'est, je pense, une corruption de l'arabe oL-Aa-y^J {ar^racadhât) , plur. de ar-racdha, «motus, impulsus,» car le verbe racadha signifie entre autres choses: motitavit alas in volalu avis.

Alcarraza (vaisseau de terre, cruche) de jî^-^il (al-corrâz) , «cantha- rus, hydria,» ou bien d'un substantif carrâsa (comparez albarrada) , dérivé du verbe ^jé (carrasa) , rafraîchir. Du moins Cobarruvias dit que c'est une cantarilla que sustenta fresca el agua que se echa en ella, et de même en provençal alcarazas se dit d'un «vase de terre très- poreux, destiné à faire rafraîchir l'eau» (Honnorat, Dictionnaire pro- vençal),

*La seconde dérivation me paraît inadmissible: d'abord, parce car- râsa n'existe pas, du moins à ma connaissance; ensuite, parce la racine carasa et les mots qui en dérivent n'expriment pas l'idée de fraîcheur, mais celle d'un grand froid qui gèle l'eau; et enfin, parce que carasa et ses dérivés sont des mots de l'ancienne langue, que le peuple ne comprenait pas et que les scoliastes étaient obligés d'expliquer (voyez p. e. Harîrî, p. 260 de la première édit. ; de Sacy, Chrcst. av., II,

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p. 388, n. GG ; Hamâsa , p. 564). L'autre dérivalion me paraît au con- traire la véritable. Ordinairement le mot y^t se prononçait al-carrân , comme Talteste Tibrîzî dans son Commentaire sur la Hamâsa, p. 17, dern. 1. p. 18, 1. 4, et comme de Sacy a fait imprimer dans son édition de Harîrî, p. 330, 1. 2, sans doule d'après de bons manuscrits. Il désignait une cruche à goulot étroit * et par conséquent fort propre à tenir Teau fraîche. D'après le Commentaire sur Harîrî (p« 330), il appartenait au dialecte irâcain, et selon toute probabilité les Arabes d'Espagne l'ont reçu des Irâcains conjointement avec l'objet qu'il dési- gnait, de même qu'ils recevaient d'eux les belles bouteilles (voyez plus loin l'article irake). Comparez Maccarî, II, 799, 1. 10, «des cru- ches de rirâc,» iû^?^^ vl^^^ sont nommées parmi les objets précieux qui se trouvaient dans l'Alhambra.

Alcabtaz (emboltorio de especias), de l'arabe ^jJihJil\ {aUcarlâs) qui signifie du papier commun pour envelopper (Marc.) , cornet , papier roulé en cornet (Boclb.) , alcartaz (Aie). Le mot arabe dérive à son tour du grec xô^^'^^i^'

* Le mot arabe cartâs signifie proprement, comme x^P'^'^i^y wwe feuille de papier y et en ce sens il s'est conservé dans le portugais, cartaz signifie: charte écrite sur grand papier, édit, diplôme, sauf-conduit, cl aussi affiche. Le sens qu'a l'espagnol alcartaz est aussi donné par Hélot (rorwe/); cf. Mille et une iiuits, I, 56, 1. 5 a f. éd. Macnaghten.

Alcatea pg. («manada, rebanho de gado. Tambem se diz alcatea de lobos,» Sousa). C'est l'arabe j.>l3iiJI (al-catV) qui signifie troupeau, [* Il faut lire; iU-i^âil (al-catVa) , qui a le même sens; voyez le Glossaire sur Edrîsi, p. 368].

* Alcate>es. Dans le Cancioncro de Baena on trouve (p. 549 et suiv.) un poème adressé par Ferran Sanches Calavera à Pero Lopes de Avala, dans lequel il expose ses doules sur le dogme de la prédestination. Il les compare constamment à une plaie qu'il a dans le cœur, et il désire que l'autre lui donne un onguent, un baume, pour la guérir. Dans

1) Biffei la ti^rnification figutuê chct FreyUç, qui a mal compris les paroles de Tibrîif, p. 18, I. 4. Dans sa traduction de la IlamAsa '\, 35, I. 7) il o évité cette erreur.

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sa réponse, Pero Lopes de Ayala s'attache à la même image, et il dit entre autres choses (p. 554):

E con este inguente (= ungûento) raucho valdria

El alcatenes de grant contriçion,

E de vota bidma (= bizma) de la conffesyon

Por mi consejo ally sse pornia. Dans le glossaire on a considéré cet alcatenes comme le plur. de alca- ien ce qui est tout-à-fait inadmissible, attendu que le verbe et l'article sont au singulier, «mucho valdria el alcatenes» , et on a fait venir cet alcaien de l'arabe ^à> (khalana), circoncire. Je ne com- prends pas comment la forme alcatenes pourrait venir de cette racine; mais en outre la signification ne convient nullement, car «la circonci- sion de grande contrition» est sans contredit un non-sens. A mon avis, le mot a été altéré par le copiste. Le sens exige un terme arabe qui signifie la même chose qu'onguent dans le vers précédent, et emplâtre dans le vers suivant. Or , Parabe a ^^jA (marham) dans l'acception à'emplâtre, et en Espagne ce mot se prononçait, avec le changement de m en 5, harham, car telle est la forme que donne Alcala sous dia- quilon medicina et sous enplasto para cerrar llaga, avec l'article aU harham, ou, comme on peut prononcer aussi, al-barheme^ al-hareme , car le h (s) est à peu près muet. C'est cet albareme que je crois devoir substituer à alcatenes. Dans les anciens man. , le 6 se change facilement en c el le r en ^, tandis que la terminaison eme a le même nombre de jambages que enes. Quand on lit de cette manière, le sens est parfaitement clair.

Alcatifa, alquelifa (tapis, couverture), de XâxLiftJt (al-cafîfa) qui se dit dans le même sens, comme l'a démontré M. Dozy, Dict. des noms des vêt., p. 252, n. 1.

*Alcatra pg. («l'extrémité de la partie charnue de l'épine dorsale d'un bœuf ou d'une vache; selon d'autres, ce mot indique les deux trumeaux de derrière et les reins,» Moraes). On voit que les Portu- gais ne connaissent plus le sens précis de ce mot. Le fait est que l'arabe «.bai! (al-catra) avait une signification beaucoup plus générale, puisqu'il signifiait morceau (de viande, de poisson, ou d'autre chose). Freylag ne le donne que dans le sens de goutte, et à en juger par le silence des dictionnaires de la langue moderne, il ne signifie plus

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aujoiirdliui morceau; mais en Espagne il s'employait dans celle accep- tion, car P. de Alcala le donne, avec le plur. ^LIxj {Idlâr), sous les mois: CQcho par pedaço, callo de herradura ()L<^^fjuo ^ »j^) > miembro a miemltro (a^Li ^h »j^*)» pedaço ^ pieça lo mesmo es que pedaço, puesta 0 pieça o pedaço , i-ueda como de pescado , tajada de algo , torrezno de focino (ji>L> ^^ H.ta3) , Iraço (lisez iroço) ; le diminulif cotaira se Irouve chez lui sous çatico de pan, Ibn-Djobair (p. 235, 1. 13) dit de même, en parlant de la poix, qu'après l'avoir exposée à l'action du feu, ot_LxJ> «JyiLifij, «on la coupe en morceaux » ^ Voyez aussi l'article suivant.

*Alcatrate pg. («part of the keel or boUom of a sliip,» Vieyra ; «pcça da borda do navio , ou lancba, que encaixa nos bracos, e fica por baixo da tabica, que cobre a borda,» Moraes). C'est, je crois, otyail!! (al'Cairât pour aUcatarât) , le plur. du mot dont il a été ques- tion dans l'article qui précède, l'on a vu qu'Ibn-Djobair emploie ce plur., litléralement les morceaux, les pièces.

Alcaucil, alcacil, alcarcil (carde bonne à manger), de al-cabctl, qu'on trouve chez P. de Alcala dans le même sens. N'ayant jamais rencontré ailleurs ce mot arabe, je ne suis pas à même d'en donner la tran- scription.

* Alcaudon (moquette, petit oiseau qui sert d'appeau pour allirer d'autres oiseaux dans les filels). L'Académie fait venir ce mot de cauda, parce que l'oiseau qu'il désigne a une très-grande queue. Si celle étymologie est la vérilable, les Arabes ont emprunté caudon aux Es- pagnols, el le leur ont rendu augmenté de leur article.

Alcavallas a. pg. Dans un passage d'une ancienne chronique, cité par S*. Rosa dans le supplément, il est question de barques chargées de «alcavallas, e de trigo, e de uvas , » et plus loin d'une «fusla na quai achârao muilas alcavallas, e figos, e amendoas. » S'. Rosa pense que c'est une espèce de fn'ii s<inM.»lil»' nnv < .ironlw^. L'élymologie de ce mot m*csl inconnue.

*Noraes, qui rite le second passage, prend le mol dont il s*agit dans

1/ SouM donne: JaiiJî , parle do rspinhoço da lét. Derivase do verbo Jiii , darno lado, ou no r»pinha^o.* Je rcpreUe de devoir dire que, dans totit rcla. il n'y a pas un mrif

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le sens de: argent provenant des alcabalas («dinheiro de Iributos»), ce qui ne me semble nullement convenir. Je pense avec S'*. Rosa que c'est

le nom d'un fruit, et je crois que c'est 8V,t^<iî (al-caiiivâra) , nom d'unité de al'cauwâr, que Bombay (p. 71) donne dans le sens de melon d'eau, pastèque.

Alcayata. Le Bxcc. marit. esp, (1851) dit (apud Jal, Glossaire nau- tique): «nombre que se da â un nudo muy usado a bordo. » Le Dict. de l'Acad. esp. donne à alcayata la signification de «crochet ayant une forme demi-circulaire, et fait pour soulever de terre les fardeaux et les suspendre en l'air.» Suivant M. Jal ce renseignement est inexact: le mot en question désigne «un nœud d'agui , un nœud fait avec un bout de cordage pour serrer fortement un corps, et qui est enlevé avec le corps qu'il presse au moyen d'un crochet.» Je crois que Tétymologie décide en faveur de cette assertion , car l'arabe «A-a-s (caid) ou o>La-s (qtiiyâd), d'où alcayata tire son